Libye (1990-1991)
Publié le 18/09/2020
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Libye (1990-1991)
La grande sagesse du chef de l'État, Mouammar Kadhafi, pendant toute la durée de
la crise du Golfe - ouverte le 2 août 1990 par l'invasion du Koweït par l'Irak
-, a incontestablement surpris plus d'un observateur.
Les motifs de cette
étrange attitude, qui valut à M.
Kadhafi bien des critiques de la part de ceux
qui dans le monde arabe ont soutenu l'Irak, furent multiples.
Il y eut, tout
d'abord, les avertissements américains, très nets dit-on, relayés auprès de la
Libye par l'Égypte et l'Union soviétique: que M.
Kadhafi ne se mêle surtout pas
de cela.
Il y eut, ensuite, la méfiance et la rivalité qui ont toujours existé
entre le colonel libyen et le président irakien, Saddam Hussein.
Le premier
avait reproché au second de ne pas l'avoir soutenu lors du raid de bombardement
américain sur Tripoli et Benghazi en avril 1986 et d'avoir fourni des armes à
son ennemi tchadien d'alors, Hissène Habré.
Le raïs de Bagdad, lui, a accusé M.
Kadhafi d'avoir livré des missiles SCUD à Téhéran lors de sa guerre avec l'Iran.
A cela s'ajoutait, enfin, l'usure d'un homme et de son pouvoir.
Survenue en décembre 1990, en pleine crise du Golfe, la chute de Hissène Habré a
été vécue à Tripoli comme une divine surprise.
Si l'on exclut ceux que la CIA
avait retournés pour en faire des contras à l'africaine (ils étaient, à la
mi-1991, réfugiés au Kénya), les prisonniers libyens des grandes défaites de
1987-1988 ont en effet été libérés par le nouveau maître de N'Djaména, Idriss
Deby.
Le président tchadien s'est d'ailleurs rendu en visite officielle à
Tripoli et les relations entre les deux pays se sont nettement améliorées.
Tout
comme elles sont demeurées correctes avec l'Égypte, la Tunisie, l'Algérie, le
Niger et excellentes avec le Soudan.
Bref, pour la première fois depuis son
arrivée au pouvoir en 1969, Mouammar Kadhafi était, à la mi-1991, en paix avec
tous ses voisins.
Avec les États-Unis, qui ont pour la sixième année consécutive renouvelé
l'inscription de la Libye au tableau des pays "soutenant le terrorisme
international" - et donc reconduit leur embargo - la bonne volonté de M.
Kadhafi
n'est pas apparue particulièrement payante.
Ces six ans de sanctions ont
d'ailleurs sinistré l'économie d'un pays très dépendant de la technologie
importée.
Ainsi, faute de pièces détachées et donc de capacité de production,
les Libyens n'ont pas été en mesure de profiter de l'augmentation des prix du
pétrole consécutifs à la crise du Golfe.
Cette situation n'a pas été sans effets sur la persistance du "malaise
intérieur".
Certes, la fin des aventures militaires, le retour des prisonniers,
la réapparition (timide) d'un secteur commercial privé et la mise au pas des
comités révolutionnaires ont été accueillis avec soulagement.
D'autre part, les
opposants les plus virulents - les islamistes - ont souffert de la perte de
crédit populaire de l'Arabie saoudite à laquelle ils sont liés.
En ces temps où la revendication démocratique s'est exprimée dans de nombreux
pays africains, les structures de pouvoir de la Jamahiriya, en apparence
diluées, sont restées concentrées entre les mains d'un seul homme, figées et
somme toute archaïques..
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