Libéria (2002-2003): Les équations de l'après-Taylor
Publié le 18/09/2020
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Libéria (2002-2003)
Les équations de l'après-Taylor
Fin juillet 2003, alors que Monrovia était en proie à d'âpres et meurtriers
combats opposant les milices gouvernementales de Charles Taylor aux rebelles du
mouvement des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD), la
communauté internationale semblait impuissante à éviter une catastrophe
humanitaire.
Hésitant à envoyer des troupes pour s'interposer entre les
belligérants, les États-Unis et la Communauté économique des États de l'Afrique
de l'Ouest (CEDEAO) tentaient de trouver les formules de l'après-Charles Taylor,
dont le départ était la condition sine qua non posée par Washington.
Le chef de
l'État libérien s'est trouvé, en effet, exposé à l'«effet boomerang» de ses
nombreuses tentatives de déstabilisation des pays de la sous-région.
Après avoir
subi, depuis le début de 2001, les offensives du LURD, à partir des frontières
guinéenne et sierra-léonaise, il a fait face, à partir du début 2003, aux
offensives du Mouvement pour la démocratie au Libéria (Model), né à la frontière
ivoirienne.
En effet, l'implication du président libérien aux côtés du Mouvement
populaire ivoirien du Grand-Ouest (MPIGO) et du Mouvement pour la justice et la
paix (MJP), qui occupaient depuis l'été 2002 le nord et l'ouest de la
Côte-d'Ivoire, a été démontrée par l'ONG britannique Global Witness et par les
chercheurs de l'International Crisis Group, qui ont par ailleurs indiqué qu'en
réaction les autorités politiques et militaires ivoiriennes avaient suscité le
Model.
Constitué en majorité de combattants kranh – l'ethnie de l'ancien
président Samuel K.
Doe –, le Model avait, à la mi-2003, fait main basse sur les
deux grands ports du Sud libérien – Greenville et Harper –, à partir desquels
s'opère, entre autres, l'exportation des bois précieux, abondamment exploités
par des firmes forestières proches du maître de Monrovia.
Sur un plan international plus large, l'isolement du chef de l'État libérien
s'est poursuivi.
Début mai, le Conseil de sécurité de l'ONU a étendu ses
sanctions contre le régime : à l'embargo sur l'exportation des «diamants de la
guerre» et à l'interdiction de voyager pour le cercle présidentiel s'est ajouté
un embargo sur l'exportation de bois.
Le président du Tribunal spécial de l'ONU
pour la Sierra Léone, David Crane, n'avait de cesse d'accuser C.
Taylor de
protéger des criminels de guerre, et de dénoncer le «numéro un» libérien – qui
aurait participé à des opérations de blanchiment d'argent pour la pieuvre
terroriste Al-Qaeda, par l'intermédiaire du trafic de diamants – comme un
«acteur du monde de la terreur» et une menace directe pour les États-Unis et
l'Europe.
Le 4 juin 2003, alors que s'ouvraient à Accra (Ghana) un cycle de
négociations de paix entre C.
Taylor et son opposition, civile comme armée, le
Tribunal spécial pour la Sierra Léone l'inculpait pour «crimes de guerre, crimes
contre l'humanité, graves violations du droit humanitaire international commis
sur le territoire de la Sierra Léone depuis le 30 novembre 1996», et demandait
au gouvernement ghanéen de l'arrêter, ce que ce dernier refusait de faire..
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