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LIBÉRALISME

Publié le 02/12/2021

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De la doctrine libérale, on retient habituellement une expression : « Laisser faire » et on pense à un pays de référence : les États-Unis. Le mot « libéralisme » et la chose qu'il recouvre ne coïncident pas d'emblée. Forgé sur le latin liber (libre), libéralisme est utilisé depuis le xixe siècle seulement, tandis que la doctrine qu'on lui associe se construit dès le xviie siècle. À cela s'ajoute que la « doctrine libérale » peut être entendue en deux sens. Un sens politique : elle réunit d'abord sous sa bannière les hommes qui ont lutté contre l'absolutisme monarchique, révoqué pour cause d'« arbitraire » au moment où l'on pouvait envisager de valoriser un État de droit (John Locke, 1632-1704) ; puis ceux qui ont cherché à imposer des limites constitutionnelles à l'extension d'un État moderne leur paraissant « dirigiste » au nom de la nécessité de laisser l'individu explorer lui-même les bornes de son action (Benjamin Constant, 1767-1830). Cet héritage débouche sur le primat accordé de nos jours par les libéraux contemporains au thème de la liberté (de pensée, d'association, de croyance, de propriété, de choix de l'emploi…) sur celui de l'égalité des citoyens. Un sens économique : cette doctrine défend le primat des intérêts individuels, en postulant le principe d'une harmonie spontanée et stable instaurée par le marché au coeur de l'ordre social (Adam Smith, 1723-1790), fût-ce au prix de déséquilibres sociaux dont les plus importants pourraient être compensés par des actions philanthropiques. En ce sens, les deux formes du libéralisme se conjoignent souvent. Elles trouvent leur association la plus efficace dans la politique menée par les États-Unis tout au long du xxe siècle. Mais elles font néanmoins droit à différentes formules libérales. Celle qui prône l'adoption de contraintes collectives dans les limites de l'acceptable fut défendue par le Français Raymond Aron (1905-1983). Celle dont les effets sociaux ont été les plus critiqués fut inspirée par la pensée de Friedrich von Hayek (1899-1992). Elle consiste à affirmer que l'individu-entrepreneur est la seule mesure de toutes choses. Au cours des années 1980-1990, elle a servi de fil conducteur à de nombreuses politiques « ultralibérales », marquées au sceau d'un monétarisme délibéré (Ronald Reagan aux États-Unis), visant à remettre en cause les éléments constitutifs de l'État-providence (Margaret Thatcher au Royaume-Uni), et déployées durant la fin du xxe siècle dans de nombreux pays en développement (PED) sous l'impulsion notamment du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de plans d'ajustement structurel. Christian RUBY

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