L'Homme Révolté de CAMUS (Résumé & Analyse)
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
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En écrivant cet essai, Camus a voulu « dire la vérité sans cesser d'être généreux ».
Sa vérité et sa générosité nefurent cependant pas du goût de tout le monde, puisqu'à cause de la teneur de ce livre, il se brouilla avec un bonnombre de ses relations de Saint-Germain-des-Prés, notamment avec Sartre, et rompit avec les existentialistes.On rattache souvent Camus au mouvement existentialiste, simplement parce qu'ils étaient contemporains.
Mais sonœuvre, L'Homme révolté en particulier, révèle de profondes différences.
Dans L'Homme révolté, alchimie subtile de philosophie et d'histoire, Camus, après avoir constaté l'absurdité du destinde l'homme, donne pour solution à ce problème la révolte, qui prouve notre existence même.
Chasse aux bêtises et aux contradictionsLa nécessité de se révolter est pour Camus « la première évidence ».
Elle est « un lieu commun, qui fonde sur tousles hommes la première valeur ».
Et il conclut l'introduction de son essai par « Je me révolte, donc nous sommes »Mais contre quoi se révolter ? Contre le malheur, contre l'espérance qui fuit, contre le mal vivre, contre le bonheurqui se fait chimère.
Liberté, mort, suicide, folie — qu'est-ce que la folie ? —, solitude, que l'on cherche, que l'onévite, que l'on punit, qui culpabilisent ou rendent puissant d'une manière ou d'une autre : tout — ou presque — cequi fait l'homme, tout ce qui peut le faire à l'avenir est passé en revue.
Les fils de Caïn, les anciens Grecs, lemarquis de Sade, leurs démarches face à la vie et à ses impératifs ou à ses caprices, sont, si l'on peut dire,psychanalysés.
Les problèmes religieux sont, bien sûr, abordés (mais Camus se refuse à entrer dans aucune sorte deguerre de religion).
Nietzche et le nihilisme leur sont opposés.
Et puis l'on passe de la révolte à la révolution.
Aprèsavoir mis en évidence bien des absurdités, Camus observe que la révolution, recherche collective de la liberté et del'égalité, déclenche la Terreur.
Quelle contradiction ! Une après tant d'autres...
Les titres des chapitres suivantsdonnent à eux seuls une idée de la suite : « L'abandon de la vertu », « Les meurtriers délicats », « Le royaume desfins ».
L'ouvrage se termine sur un constat modérément optimiste, qui peut se résumer par cette phrase : « Il y adonc, pour l'homme, une action possible au niveau moyen qui est le sien.
»
L'envie de bien vivreCamus disait que le seul rôle véritable de l'homme, né dans un monde absurde, était de vivre, d'avoir conscience desa vie, de sa révolte, de sa liberté » : c'est ainsi que Faulkner a jugé l'auteur de L'Homme révolté.
Et cet essai estrévélateur de la formidable envie de l'écrivain de vivre en accord avec lui-même et avec les autres.
Une envie quenous avons tous à un degré ou à un autre.
Autour de L'Homme révolté : la vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent.
( in L'Homme révolté)
Après s'être intéressé à l'absurde dans L'Etranger , Le Malentendu et Le Mythe de Sisyph e, Camus se tourne vers la révolte, amenée par l'absurde.Quatre années après La Peste , le philosophe écrit donc L'Homme révolté en 1951 ; cet ouvrage est dédié à Jean Grenier, son professeur de philosophie et ami.
Cet essai, dont la pensée est illustrée également dans Caligula , Les Justes et L'Etat de siège , s'attaque à l'aveuglement certain de l'idéologie révolutionnaire et du totalitarisme. A sa sortie, L'Homme révolté est accueilli dans une atmosphère bien loin de l'indifférence : un scandale pour certains, digne de louanges pour d'autres, il est en tout cas boudé par Sartre et les existentialistes, qui y ont vu« une mise à la retraite de Sisyphe ».
L'homme qui dit NON : la passion la plus forte du XXème siècle : la servitude.
(in Carnets )
Dans cette essai, Camus commence par inventorier les différents « révoltés » : « Qu'est-ce qu'un homme révolté ? C'est un homme qui dit non.
» Mais l'homme, s'il dit non, revendique alors un changement social.
Il ne ditpas simplement non pour lui, qui souffre de sa condition, mais aussi au non de tous ceux qui souffrent.
Camus établitune différence entre la révolte historique et la révolte métaphysique.
Il évoque le retour régulier de cette dernièredepuis le XVIIIème siècle.
Les différents révoltés : la révolte est une ascèse, quoique aveugle.
Si le révolté blasphème alors, c'est dans l'espoir d'un nouveau Dieu.
( in L'Homme révolté)
Par des exemples, l'auteur met en place une sorte de généalogie du nihilisme, de Sade aux dandys romantiques, de Dostoïevski à Max Stirner, de Nietzsche à Lautréamont, en passant par Hegel et les penseursrusses.
C'est cette révolte, installée dans la révolution, que Camus condamne ; elle serait passée d'un refus de cequi existait à des idéologies presque totalitaires faites de violences et de répressions.
Dieu est mort, seule l'histoirede l'humanité n'a d'importance.
L'homme et son orgueil : Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur.
( in La Peste)
Pour Camus, il s'agit de ne pas dissocier révolte métaphysique et révolte historique : « je me révolte, donc nous sommes.
» écrit-il dans son essai.
Mais quel orgueil que celui de l'homme que d'avoir banni et tué Dieu pour leremplacer par des idoles sanguinaires et des idéologies impitoyables ! Trois hommes sont dans le « collimateur » deCamus : Franco, Hitler et Staline.
Leur démonstration d'un pouvoir illimité et destructeur est bien la preuve que cetype de révolte ne fonctionne pas.
Camus s'interroge sur comment un mouvement de libération en arrive à semétamorphoser en un terrorisme planifié ? On désirait la liberté et c'est la terreur qui en ressort….
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