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L'Homme a t'il domestiqué le cheval ou le cheval a t'il domestiqué l'Homme ?

Publié le 27/06/2022

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« Les ongulés, familièrement appelés chevaux dans le langage courant, ont présenté des formes diverses au cours des millénaires.

De nombreuses espèces, aujourd'hui disparues telles que celles des genres Miohippus, Hipparion et Megahippus, ont foulé la Terre avant qu'une unique espèce, celle des chevaux domestiques, Equus caballus, ne soit sélectionnée par l'Homme et ne devienne la plus abondante parmi les chevaux actuels.

Des restes de chevaux domestiques en Asie centrale datant d'il y a 5.500 ans avaient prouvé la domestication ancienne de ces animaux.

Cependant, des analyses ADN avaient montré que ces individus n'appartenaient pas à la même lignée qu'E. caballus.

Afin de déterminer l'origine des chevaux domestiques actuels, des chercheurs ont effectué des analyses ADN sur des fossiles de 273 chevaux provenant de plusieurs sites d'Eurasie, dont les datations s'échelonnent entre il y a 200 et 50.000 ans. I- II- En effet, une équipe de recherche internationale, à laquelle s'est associé entre autres le laboratoire d'archéozoologie du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, a découvert des traces inédites de domestication dans une région du nord du Kazakhstan.

Parmi celles-ci figurent des mâchoires d’un cheval portant les stigmates d'un mors, preuve formelle d'un harnachement.

Mais s'il est ainsi démontré que ces chevaux étaient montés, étaient-ils pour autant domestiqués et provenaient-ils d'un élevage ? Alan Outram, de l'université d'Exeter, explique que les ossements des chevaux de la culture Botai sont très différents de ceux des chevaux sauvages retrouvés dans la même région.

En revanche, ils sont parfaitement similaires aux chevaux domestiques de l'âge du bronze, venus de 1.500 à 2.000 ans plus tard.

Cela lève ainsi un doute sur leur origine et leur nature, et indique que les hommes de la culture Botai opéraient déjà une sélection parmi ces animaux en privilégiant certains traits caractéristiques qui présentaient des avantages à leurs yeux.

Cette civilisation, ainsi que les suivantes d'ailleurs, ne se contentaient pas d'utiliser les chevaux comme montures, mais en consommaient aussi le lait.

Effectivement , les résidus de graisse relevés sur certaines poteries Botai présentent, à l'analyse chimique et isotopique, certaines caractéristiques du lait de jument.

Celui-ci est toujours utilisé aujourd'hui dans la même région, et sert de base à la fabrication du koumiss, une boisson alcoolisée à base de lait de jument fermenté. De plus, mais ce sont les progrès en paléogénétique qui ont permis de mettre un terme à ce débat, très animé chez les spécialistes.

L'étude s'appuie sur le séquençage des génomes de 273 chevaux ayant vécu entre 50.000 et 200 ans avant notre ère, il s'agit de la plus grosse étude de ce type en dehors des humains. Morceaux de dents ou d'os, fossiles tout juste découverts ou sortis de terre lors d'anciennes fouilles… Les chercheurs ont fait feu de tout bois.

« C'est très important, car de l'ADN vieux, il n'y en a pas parfois pas assez dans les fossiles », regrette l'archéologue moléculaire, Ludovic Orlando.

Pour parvenir à ces 273 génomes de chevaux collectés, pas moins de 2.000 analyses auront été nécessaires.

La méthode a consisté à récupérer une petite partie de ces fossiles et à les réduire en poudre, « de quoi donner quelques grains de sel ».

Des molécules ADN ont ensuite été extraites de cette « poudre », grâce à des techniques de biologie moléculaire en laboratoire.

« Ensuite, on les a transformées afin de pouvoir les séquencer sur des séquenceurs à très haut débit ».

Ces machines dernier cri sont capables de produire « des milliards de séquences en quelques jours ». Ainsi, à partir de quelques « grains » de chevaux ayant vécu il y a plusieurs milliers d'années, les scientifiques sont parvenus à obtenir leur génome complet.

« On obtient un texte de 2 milliards et demi de lettres .

Chez l'homme, ça serait à peu près 3 milliards de lettres Ces génomes ont ensuite été comparés entre eux et avec celui des chevaux domestiques moderne.

On obtient deux gènes très particuliers, GSDMC et ZFPM1, ils sont très différenciés chez cette espèce.

Le premier est associé, chez les humains, avec des risques de maladie de dos.

Le second, « bien connu grâce à des expériences sur les souris », leur fait changer de comportement : elles deviennent plus ou moins agressives.

L'étude stipule que le premier gène dote le cheval moderne d'une colonne vertébrale plus solide et le second d'un comportement plus docile.. »

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