« L'histoire est du roman qui a été. Le roman est de l'histoire qui aurait pu être. » EDMOND DE GONCOURT.
Publié le 19/12/2021
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«
« L'histoire est du roman qui a été.
Le roman est de l'histoire qui aurait pu être.
» EDMOND DE GONCOURT.
On sait l'influence du romantisme sur la renaissance de l'histoire au XIXe siècle {Les
Martyrs, Waller Scott).
Thierry voulut rivaliser avec le roman et la poésie, de vie, de
couleur, de pittoresque.
Michelet de même.
Nous ne nous étonnerons donc pas
d'entendre Edmond de Goncourt confondre presque les genres....
Il y a dans ces paroles
toute une conception de l'histoire, du roman aussi, d'ailleurs, qu'il s'agit de dégager et de
critiquer.
I.
Qu'est-ce que l'histoire, surtout l'histoire romantique ?
Non seulement la connaissance et l'explication, mais la résurrection du passé.
Il ne s'agit
pas d'inventer : on raconte « ce qui a été.
» Donc recherches et méthode, documentation
et critique : l'histoire est une science.
Mais elle est un art aussi : elle fait revivre les
hommes et les événements (civilisation, milieu, décor, etc.).
L'historien doit être à la fois
peintre et poète.
(Exemples.)
II.
Qu'est-ce que le roman ?
C'est un récit imaginaire qui doit donner l'impression de la vérité, du vécu, comme on dit
maintenant.
C'est évidemment, avant tout, une oeuvre d'art qui vit de fiction.
Elle peut
être aussi une oeuvre de science.
Non seulement le romancier doit bien connaître le
coeur humain, mais s'il veut faire un roman historique, c'est-à-dire emprunter à l'histoire
le décor ou quelques personnages, on ne lui demandera plus seulement d'être
vraisemblable, mais aussi d'être vrai, pour tout ce qui touche à l'histoire.
Un roman peut
ainsi être une savante reconstitution archéologique (Salammbô).
Même dans un roman
réaliste, peinture de la société contemporaine, on peut, au lieu de laisser libre carrière à
son imagination, s'entourer d'une documentation exacte et minutieuse.
C'est ce que
faisaient Zola et les Goncourt.
Et ils insistaient sur le côté « expérimental » de leurs
oeuvres.
III.
On voit maintenant les rapports entre les deux genres et le sens du mot de
Goncourt.
L'historien, comme le romancier, doit être un artiste; il ne lui suffit pas d'être intelligent,
il a besoin d'imagination et de sensibilité.
Et le roman, au moins tel que l'entend
Goncourt, n'est pas une oeuvre de pure fantaisie, il a quelque chose de l'austérité et de
la vérité de l'histoire.
Un roman bien fait est un document ou une collection de
documents humains.
Cette double conception est défendable.
Cependant elle n'est pas
sans danger.
1.
A souligner ainsi les ressemblances entre le roman et l'histoire on risque de les
confondre.
« Dans les histoires du genre de celles-ci, dit Renan, dans la préface de la «
Vie de Jésus, » le grand signe qu'on tient le vrai est d'avoir réussi à combiner les textes
d'une façon qui constitue un récit logique, vraisemblable, où rien ne détonne.
»
2.
De même un roman n'aura jamais la valeur d'une expérience scientifique.
Quels que
soient ses documents et ses
fiches, le romancier les combine toujours à son gré, sans autre règle que sa fantaisie.
Chaque genre a ses lois propres.
Il est à souhaiter que l'histoire soit toujours aussi
intéressante que le roman, le roman aussi instructif que l'histoire.
Mais il ne faut pas que
l'historien trahisse la vérité, sous prétexte d'être vivant, pittoresque ou émouvant, ni que
le roman ennuie ou rebute, sous prétexte de faire vrai..
»
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