L'histoire de la noisette dureLa maman de Pirlipat était la femme d'un roi, ce qui en fit une reine.
Publié le 23/05/2020
Extrait du document
«
L'histoire de la noisette dure
La maman de Pirlipat était la femme d'un roi, ce qui en fit une reine.
Et quand
Pirlipat naquit, elle devint princesse.
Le roi ne se sentait plus de joie à la vue de la jolie
petite fille qui reposait dans son berceau.
Il exultait, dansait et sautait d'un pied sur
l'autre en criant inlassablement.
Seule la reine avait l'air inquiet, et personne ne savait
pourquoi.
Tout d'abord, elle demanda à six autres nurses de passer la nuit dans la chambre.
Mais ce qui sembla le plus insensé et absolument incompréhensible, c'est qu'il fut demandé
aux nurses de tenir un matou sur leurs genoux et de le caresser toute la nuit pour qu'il ne
cessât de ronronner.
Un jour, un certain nombre de grands rois et de charmants princes s'étaient
rassemblés à la cour du papa de Pirlipat.
On y donna de somptueuses fêtes, parmi lesquelles
des tournois, des comédies et des bals.
Le roi décida d'organiser un fantastique festin de
saucisses.
La reine mit son tablier, et bientôt un délicieux fumet de court-bouillon de
saucisses s'éleva de la marmite et se répandit jusqu'à la salle du conseil.
Le moment délicat
arriva quand il fallut découper le lard en petits cubes et le faire dorer sur des grils
d'argent.
Les suivantes se retirèrent, car la reine, en signe d'amour et de respect pour son
royal époux, désirait être seule pour accomplir cette tâche.
Mais quand le lard se mit à
grésiller, une petite voix chuchota:
«Petite soeur, donne-m'en un peu.
Je suis reine, moi aussi, et j'aime manger de bonnes
choses.
»
La reine savait qui c'était : c'était Dame Ratirink qui vivait au palais depuis fort
longtemps.
Elle prétendait appartenir à la famille royale, se disait reine de Ratolie et tenait
sous le fourneau une cour nombreuse.
La reine était bonne et charitable : si elle ne tenait
pas à reconnaître Dame Ratirink pour sa s œ ur , elle était toute prête à lui accorder une
part du festin.
« Venez donc, Dame Ratirink, dit-elle.
Je vais vous donner un peu de lard croustillant.
»
Dame Ratirink apparut d'un bond, toute guillerette, sauta sur le fourneau et grappilla de
ses petites pattes les cubes de lard les uns après les autres, à mesure que la reine les lui
présentait.
Mais c'est alors que surgirent brusquement tous les oncles et tantes de Dame
Ratirink, sans parler de ses sept fils qui étaient de redoutables petits chenapans.
Ils se
jetèrent sur le lard, et la reine, effrayée, ne put les en empêcher.
Par bonheur, la première
dame d'honneur survint et chassa les intrus avant qu'ils aient dévoré tout le lard.
Coiffé de sa couronne et le sceptre à la main, le roi accueillit les invités et prit place
au haut bout de la table.
Dès le plat de saucisses de foie, le monarque pâlit visiblement et
leva les yeux au ciel.
De gros soupirs s'échappèrent de sa poitrine ; une douleur
inexprimable semblait lui ronger le c œ ur .
Mais quand ce fut le tour du boudin, il éclata en
sanglots, gémit et s'effondra dans son fauteuil en se cachant le visage dans les mains.
Tout le monde se leva aussitôt de table.
Le médecin de la cour essaya en vain de
prendre le pouls du malheureux roi.
Il semblait anéanti par une souffrance aussi profonde
que mystérieuse.
La reine le supplia de lui dire ce qui n'allait pas, jusqu'au moment où il
parut retrouver ses esprits et murmura d'une voix à peine audible:
« Pas assez de lard...
»
La reine désespérée se jeta en larmes à ses pieds..
»
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