L'hindouisme

« L'hindouisme L'eau, survivance certaine d'une crainte magique des hommes, joue un rôle considérable dans de nombreuses religions ; mais si cet élément, jadis incontrôlable, fut la cause première de multiples catastrophes, il se chargea aussi d'une puissance purificatrice.

L'hindouisme n'échappe pas à cette intuition fondamentale des grandes religions : la vie du fidèle est essentiellement ponctuée d'ablu­ tions rituelles, notamment dans les eaux du Gange, fleuve sacré entre tous ceux de l'Inde, « notre mère Ganga».

C'est avec lui que s'écoule toute la vie humaine.

En effet, le fleuve porte en lui-même l'ul­ time signification : « le temps n'existe pas •· Par­ tout, il est « le fleuve • simultanément, à sa source, dans son cours et jusqu'à son embouchure.

Pour lui, seul le présent compte ; en lui, point de passé ni d'avenir.

Toute la souffrance humaine réside dans la condition temporelle de l'homme.

Si celui-ci est capable de se libérer du temps, qui pèse sur lui comme un fardeau, il peut atteindre le plein épa­ nouissement de sa nature.

S'affranchir du temps, c'est entrer en commu­ nication avec le divin, avec le sacré, c'est entrer en communion avec lui pour toute l'éternité.

Il existe deux modes d'approche pour étudier l'hindouisme.

Ou bien, on l'étudie comme une jux­ taposition plus ou moins organisée des nombreuses sectes qui se sont répétées les unes les autres, au cours des siècles depuis les origines védiques ; ou bien, on l'étudie comme une religion unifiée dans ses croyances essentielles malgré des variances accidentelles, dues à l'apparition progressive des sectes qui ont tenté, chacune pour sa part, de péné­ trer plus avant dans le mystère du divin.

Il va sans dire que cette seconde méthode est plus rapide, même si elle n'épuise pas toutes les richesses reli­ gieuses apportées progressivement par les diffé­ rents événements historiques.

L'intérêt le plus évi­ dent est de décrire l'hindouisme comme un bloc unique, inséparable d'une spéculation philoso­ phique mais aussi, et peut-être même surtout, de la vie sociale de tout un peuple.

Le rôle des castes Il n'est pas possible d'isoler l'hindouisme d'une réalité sociale profondément ancrée dans l'histoire de l'ensemble du peuple.

Ce phénomène est celui des différentès castes, bien qu'il déborde du cadre spécifiquement religieux, pour constituer une hié­ rarchie sociale dont l'unique raison d'être ·est la reproduction de la société dans son ordre établi.

Seule, la caste des brahmanes est véritablement religieuse : les brahmanes détiennent le pouvoir sacré, faisant office de prêtres à l'occasion des sacrifices, tout en étant les maîtres ·dans l'enseigne­ ment du Veda, grâce à leur pratique d~ la médita­ tion et de la contemplation.

Une deuxième caste est celle des « militaires », de ceux qui font métier des armes : les Kshatriya.

Leur prototype était le roi, véritable émanation de la divinité.

Leur rôle religieux est de faire offrir des sacrifices, d'étudier le Veda, sans oublier les dons qu'ils doivent attribuer aux brahmanes.

Ces devoirs sont les mêmes pour ceux qui appartiennent à la troisième caste, celle des Vaiçya, c'est-à-dire ceux qui ont pour fonction le commerce, l'agriculture et l'élevage.. »