L'HABITUDE
Publié le 15/05/2020
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L'HABITUDE
Au sens étymologique, l'habitude (du latin «habitus», qui traduit le mot grec héxis) serait une «dispositionpermanente», une manière d'être stable.
Aristote déclare en ce sens que la «vertu» est une habitude, c'est-à-direune disposition durable : un seul acte juste ne constitue pas la vertu, pas plus, dit Aristote, qu'une seule hirondellene fait le printemps.
Mais l'habitude n'est pas seulement une disposition stable.
C'est une disposition acquise, une «seconde nature»,selon Aristote.
Ricœur définit très bien l'habitude : «une manière de sentir, de percevoir, d'agir, de penser acquise etrelativement stable ».
L'habitude s'oppose à l'instinct précisément en ce qu'elle est acquise.
Mais, une fois constituée, elle a tous lescaractères de l'instinct.
Ravaisson la décrivait comme «tendance à une fin, sans volonté et sans conscience ».
Elleest finalisée (les mouvements du patineur, de la dactylographe ne sont pas quelconques mais subordonnés à une finprécise).
Elle est involontaire.
L'acte habituel, une fois déclenché, se déroule tout seul « sans moi et parfois malgrémoi ».
Les actes qui constituent une habitude motrice s'enchaînent les uns aux autres à mon insu (le cycliste n'aplus conscience des innombrables mouvements du guidon qu'il exécute sans cesse pour rester en équilibre sur samachine).
W.
James disait que l'habitude était aveugle comme l'instinct : ayant à relacer mes souliers, je melaisserai aller, sottement, à remonter ma montre; ma conscience obnubilée a laissé un automatisme se substituer àun autre.
Comme l'instinct, l'habitude est spécialisée : on peut être un excellent patineur et ne pas savoir nager.Nous avons montré au chapitre précédent qu'il est arrivé de confondre instinct et habitude, de prendre pour uninstinct inné une disposition acquise : l'habitude est une seconde nature, mais Pascal se demandait avec raison si la«nature» n'était pas, bien souvent, une première « habitude ».
Puisque l'habitude est une disposition acquise, le grand problème qu'elle pose au psychologue est précisément celuide son acquisition.
Comment se forment les habitudes ? A vrai dire, la notion d'habitude recouvre un domaine trèsvaste.
Il y a des habitudes de l'intelligence et du cœur comme il y a des habitudes du corps.
Mes goûts, ma culturesont pour une part des habitudes.
L'habitude entre dans ma façon de percevoir et de juger.
«Mes idées, dit M.Ricœur, sont des habitudes de mon esprit.
» Mais afin d'étudier avec rigueur le problème de la formation deshabitudes, le problème de «l'apprentissage» (du «learning», comme disent les psychologues anglo-saxons), nousprendrons comme exemple les habitudes motrices qui se prêtent mieux à l'analyse expérimentale..
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