L’expression “Chine Afrique”
Publié le 22/02/2024
Extrait du document
«
L’expression “Chine Afrique” est une manière de désigner l’importance du développement
phénoménal de la présence chinoise en Afrique depuis 20 ans.
Cette expression est
calquée sur le modèle de “FrançAfrique” qui est une manière de désigner l’influence de la
France dans ce continent où elle avait des colonies même après la décolonisation.
Cela
manifeste comment la Chine redessine les cartes géopolitiques à l’échelle mondiale et
affirme ainsi son statut de grande puissance et on pourrait ainsi se demander comment
l’évolution de la présence éco et diplo de la Chine en Afrique au cours de ces dernières
années manifeste elle la puissance de la république populaire ?
I-
La puissance commerciale, économique et financière de la Chine à l’œuvre en
Afrique
L’émergence progressive d’un partenariat entre la Chine et l’Afrique
Des prémices au développement rapide des relations sino-africaines
Les premières relations entre la Chine et les pays africains débutent en 1955 à
Bandung, lors de la Conférence pour l’unification du tiers-monde.
Ces relations
sont avant tout diplomatiques, puisque les différents participants ont pour but de
créer un troisième bloc non aligné.
La Chine bénéficie alors de sa position de
moteur de cette conférence pour commencer à étendre son influence en Afrique.
La preuve en est : en 1971, une large majorité d’États africains votent pour
l’entrée de la RPC au Conseil de sécurité de l’ONU.
L’enjeu majeur pour la Chine
est alors la non-reconnaissance de Taïwan par l’ensemble des États.
Cela va
rapidement devenir un critère de choix de partenariat pour l’Empire du Milieu.
En effet, les relations entre la Chine et l’Afrique s’accélèrent surtout avec le
développement économique chinois.
Les réformes de Deng Xiaoping ouvrent la
Chine sur le monde.
Peu à peu, à l’intérêt diplomatique se rajoute une
composante économique.
En 2000, la Chine organise son premier FOCAC : Forum
sur la coopération sino-africaine.
Ces sommets ont pour but de renforcer les
relations entre les deux zones géographiques.
En 20 ans, la Chine devient un
partenaire économique primordial pour de nombreux États africains.
L’Afrique vivier de ressources pour la Chine
La question des ressources
Les ressources sont un grand point de coopération entre la Chine et l’Afrique.
En fait, la Chine
profite des nombreuses économies de rente qui demeurent sur le continent.
En plus de ses
gigantesques approvisionnements, le pays cherche de plus en plus à participer à
l’exploitation des différentes ressources.
La construction de nouvelles infrastructures, comme
des routes ou des ports, va dans le sens de cette stratégie.
Cela permet d’acheminer les
matières premières jusqu’au littoral, pour ensuite les acheminer partout dans le monde.
La Chine s’intéresse notamment à l’uranium au Nigéria pour continuer de développer son
programme nucléaire.
Plus récemment, la Chine cherche à s’approvisionner en métaux rares
et en produits permettant de développer son industrie.
Dans le cadre de son industrie de
production de téléphones haute technologie, le gouvernement investit massivement en
République démocratique du Congo.
C’est l’une des premières réserves de cobalt dans le
monde, ce qui en fait un enjeu stratégique.
II-
Qui bouleverse et redessine les cartes géopolitiques : la Chine à travers
l’influence qu’elle exerce sur l’Afrique s’affirme comme une puissance mondiale.
1- Effacement des puissances européennes : Une alternative aux puissances
anciennement colonisatrices
Alors que les anciennes puissances anciennement bien ancrées sur le
continent africain voient leur présence de plus en plus contestée, l’influence
de la Chine ne cesse de s’y développer depuis la fin du XXᵉ siècle.
Une des
principales manifestations est l’évolution du terme « Françafrique » vers
celui de « Chinafrique ».
Elle offre aujourd’hui une réelle alternative aux aides des puissances européennes et
américaines.
Des aides qui ne sont pas conditionnées par des efforts démocratiques ni par la
mise en place de politiques économiques drastiques et très rigoureuses, contrairement aux
aides du FMI ou de la Banque mondiale.
La Chine propose aussi des prêts sur le long terme à
de nombreux États, comme au Kenya.
Cet argent sert au développement local et à la
construction d’infrastructures.
Ainsi, entre 2000 et 2020, la Chine a prêté plus de 150
milliards de dollars à l’Afrique pour financer de nouvelles infrastructures.
Surtout, la Chine profite souvent de la mauvaise image qu’ont les populations locales des
pays occidentaux.
Les héritages de la colonisation sont parfois encore très présents.
L’Empire
du Milieu se place alors comme une puissance à l’écoute de ses partenaires et souhaite
rompre l’image d’une Afrique asservie.
Lors de l’inauguration d’une nouvelle ligne
ferroviaire, le président kenyan Uhuru Kenyatta déclare ainsi : « Alors que l’ancien chemin de
fer a été construit par la force et la violence, le nouveau chemin de fer a été construit dans le
consentement et le partenariat, par le Kenya et la Chine.
»
2- L’enjeu de la sécurité
La sécurité est un autre pendant très important du concept de Chinafrique.
La Chine
influence d’abord la sécurité locale via des coopérations bilatérales et des ventes d’armes.
En
2020, la Chine est le deuxième fournisseur d’armes à l’Afrique subsaharienne, après la Russie.
Plusieurs pays ont noué des partenariats privilégiés avec la Chine, comme la Namibie, le
Nigéria ou la Tanzanie.
Au Nigéria, la Chine soutient l’armée dans sa lutte contre Boko Haram.
Cela passe par l’envoi de drones de combat et de partage de photos satellites.
Cette question sécuritaire signe une inflexion majeure dans la politique africaine de la Chine.
En effet, le gouvernement a toujours insisté sur le principe de non-ingérence.
Toutefois,
aujourd’hui, la Chine assume son rôle de gendarme du continent.
En 2011, le Premier
ministre chinois, Hu Jintao, annonce un « partenariat pour la paix et la sécurité ».
Cette
inflexion est encore plus marquée sous Xi Jinping.
Ce dernier cherche à sécuriser ses intérêts
économiques dans une région souvent très instable.
Cela se concrétise en 2016 par l’ouverture d’une base militaire chinoise à Djibouti.
Cette
localisation n’a rien d' hasard.
C’est l’une des zones les plus stratégiques du monde : à
l’intersection entre la mer Rouge et le golfe d’Aden, et surtout au niveau du détroit de
Bab-el-Mandeb.
C’est par là que transitent près de 10 % du commerce mondial et 30 % des
échanges d’hydrocarbures.
Cette base fait ainsi office de point de déploiement des Casques
bleus chinois ainsi que de point de transit pour les évacuations des ressortissants.
Elle
permet aussi à l’Armée populaire de libération (APL) d’effectuer des patrouilles pour lutter
contre la piraterie locale.
3- Un enjeu stratégique
En parallèle, l’Afrique est récemment devenue un enjeu....
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