Léviathan de Julien GREEN (Résumé & Analyse)

« Le cadre de l'action de Léviathan (1929) est réduit à l'essentiel ; très peu de descriptions, nul pittoresque ; ilsemble que tout le raffinement de l'évocation soit concentré dans la psychologie des personnages.L'immense solitude de chaque protagoniste est angoissante : pas d'amitié, pas de sourire sincère, mais partoutsuspicion, dissimulation, exploitation.

La mort ou la folie sont l'unique rayon de soleil. Guéret, précepteur arrivé de Paris, voit son amour refusé par Angèle, la jeune blanchisseuse, qui pourtant se donneaux autres hommes. Un amour meurtrierPaul Guéret devient précepteur à Chanteilles, où il rencontre Angèle, dont la fraîche beauté le trouble et quiaccepte un rendez-vous.

Mais Guéret ne sait lui parler comme il faudrait, c'est-à-dire sans façon, habituée qu'est lajeune fille à accorder ses faveurs à qui les lui demande.

Aussi, surprise par la réserve de Guéret, elle décide de nepas lui céder.

Une deuxième rencontre conforte Angèle dans sa décision.

Or Guéret apprend qu'il est le seul hommeà être éconduit.

Cette injustice exaspère sa passion et il frappe Angèle atrocement, puis s'enfuit en tuant unpassant.

Guéret n'est pas dénoncé par sa victime, mais caché par son employeur, Mme Grosgeorge, riche etdésabusée, qui aime en lui l'écho de son propre désespoir.

Elle le dénonce finalement et tente de se suicider.

Angèlesombre dans la folie. Un drame authentiqueDans le bourg de Chanteilles, Guéret veut oublier les échecs successifs de sa faiblesse face à la vie.

Fortifié par sonamour pour Angèle, il fait de sa passion l'assurance qui lui manquait, le refuge de sa volonté et, par là, l'expressionultime de son humanité.

Ce qui, à ses yeux, fait de Guéret un homme, dépend donc de l'issue de son amour.

OrAngèle le repousse, lui ôtant le dernier espoir.

Agressée par lui, elle recouvre sa dignité de femme, puisque traitée —même avec une extrême sauvagerie — comme une personne véritable, et non plus comme un objet de plaisir.Julien Green nous peint avec une dure sobriété un drame d'une puissance extraordinaire, et qui cependant demeuretoujours vraisemblable.

Cela provient du caractère proprement humain de chaque geste.

En effet, malgré leurimmoralité — mensonge, prostitution, viol, meurtre —, les faits sont montrés sans complaisance et seulement entant qu'ils révèlent la détresse de l'âme.

Ainsi l'authenticité du désespoir qu'ils expriment les sauve de la bassesse.Ce roman est grand d'être vil et, s'il a pour titre le nom d'un monstre biblique (Livre de Job), c'est sans doute poursymboliser les forces obscures et païennes qui habitent l'homme.. »