Lettre à Schuller (extrait)Baruch de SpinozaDéfinition du conatusJ'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sanature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'unecertaine façon déterminée.
Publié le 22/05/2020
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Lettre à Schuller (extrait)
Baruch de Spinoza
Définition du conatus
J'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa
nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une
certaine façon déterminée.
Dieu, par exemple, existe librement bien que
nécessairement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature.
De même aussi
Dieu se connaît lui-même librement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa
nature.
De même aussi Dieu se connaît lui-même et connaît toutes choses librement,
parce qu'il suit de la seule nécessité de sa nature que Dieu connaisse toutes choses.
Vous le voyez bien, je ne fais pas consister la liberté dans un libre décret mais dans
une libre nécessité.
Mais descendons aux choses créées qui sont toutes déterminées par des causes
extérieures à exister et à agir d'une certaine façon déterminée.
Pour rendre cela clair
et intelligible, concevons une chose très simple ; une pierre par exemple reçoit d'une
cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l'impulsion
de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement.
Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce
qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une cause
extérieure.
Et ce qui est vrai de la pierre il faut l'entendre de toute chose singulière,
quelle que soit la complexité qu'il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que
puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulière est nécessairement
déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d'une certaine manière
déterminée.
Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle continue de
se mouvoir, pense et sache qu'elle fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoir.
Cette pierre assurément, puisqu'elle a conscience de son effort seulement et qu'elle
n'est en aucune façon indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère
dans son mouvement que parce qu'elle le veut.
Telle est cette liberté humaine que
tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont
conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent.
Un enfant
croit librement appéter le lait, un jeune garçon irrité vouloir se venger et, s'il est
poltron, vouloir fuir.
Un ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce
qu'ensuite, revenu à la sobriété, il aurait voulu taire.
De même un délirant, un
bavard, et bien d'autres de même farine, croient agir par un libre décret de l'âme et
non se laisser contraindre.
Ce préjugé étant naturel, congénital parmi tous les
hommes, ils ne s'en libèrent pas aisément.
Bien qu'en effet l'expérience enseigne plus
que suffisamment que, s'il est une chose dont les hommes soient peu capables, c'est
de régler leurs appétits et, bien qu'ils constatent que partagés entre deux affections
contraires, souvent ils voient le meilleur et font le pire, ils croient cependant qu'ils
sont libres, et cela parce qu'il y a certaines choses n'excitant en eux qu'un appétit
léger, aisément maîtrisé par le souvenir fréquemment rappelé de quelque autre
chose..
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