Lettre 81, Les Liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos, 1782
Publié le 25/06/2021
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Lettre 81, Les Liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos, 1782.
(de « Mais moi, qu’ai-je en commun » (…) à « (…) la science que je voulais acquérir »)
Roman épistolaire comptant 175 lettres, Les Liaisons dangereuses est l’œuvre principale de
l’officier d’artillerie Choderlos de Lalos.
Ces lettres narrent les manigances de deux libertins :
la marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont.
Le roman a la particularité de posséder,
juste avant la correspondance des personnages, deux textes totalement contradictoires : une
préface de l’auteur qui affirme que les lettres sont réelles, qu’il s’est contenté de les trier et
de n’en conserver que les essentielles ainsi que l’avertissement de l’éditeur qui atteste que
ces missives ne sont qu’invention.
Or, la préface et l’avertissement sont tous deux de Laclos
lui-même.
Il s’agit d’une œuvre qui, même si elle s’inspire des mœurs libertines d’une
aristocratie en déclin, est une pure fiction.
Dans cet extrait, la marquise de Merteuil adresse
au Vicomte de Valmont, son ex-amant et complice la célèbre lettre 81.
Elle y fait son auto
portrait expliquant son évolution et son apprentissage du machiavélisme.
En quoi Madame de Merteuil fait-elle son autoportrait de libertine moderne ? Comment
présente-t-elle son art de la manipulation ?
Mouvement du texte : L’extrait est composé de 7 paragraphes : le premier répond à la lettre
précédente sur un ton vexé d’avoir été assimilée aux autres femmes, faibles, puisque
Valmont lui demande de se méfier de son engouement pour Prévent, un nouvel amant, qui
pourrait l’aveugler et lui faire perdre de vue leurs objectifs de vengeance et de séduction.
Les
paragraphes suivants sont une analepse (récit rétrospectif) sur son apprentissage en
autodidacte de l’art de la dissimulation.
Les deux derniers font l’éloge de son propre art de la
manipulation.
Mme de Merteuil expose dès le début de sa lettre sa supériorité par rapport aux autres
femmes grâce à deux questions rhétoriques : « Mais moi qu’ai-je de commun » Son
individualité : « moi » s’oppose au groupe : « ces femmes inconsidérées » qu’elle désigne de
manière dépréciative comme l’indique le déterminant démonstratif : « ces » et
l’adjectif « inconsidérées » Elle marque immédiatement sa particularité en construisant son
portrait en opposition aux autres.
Ces autres femmes, elle les méprise comme le montre
le GN « les autres femmes » et déplore leur passivité au travers de 3 participes passés (l 2) :
« donnés au hasard, reçus sans examen et suivis par habitude ».
Il leur manque l’esprit
critique, l’examen méthodique, le rejet des traditions prônées par l’esprit des Lumières.
Elle
affirme dans la seconde question rhétorique sa constance dans un credo qu’elle s’est donnée
à elle-même sur un mode offensé « Quand m’avez-vous-vous… » en réitérant à quatre
reprises les pronoms et déterminants possessifs, pour montrer le caractère individuel de sa
démarche.
Elle fait l’exégèse de sa terminologie en insistant sur son caractère exceptionnel.
Elle dénigre le mode de raisonnement habituel féminin en reprenant l’expression « autres
femmes ».
L’accumulation ternaire de trois participes passés pour qualifier leurs principes
« donnés au hasard, reçus sans examen et suivis par habitudes », montre la faiblesse de
l’éducation des filles mais aussi le manque d’esprit critique développé chez elles.
La fin de
cette première démonstration se conclut sur l’affirmation de soi à nouveau un rythme
ternaire scandant trois propositions juxtaposées.
Deux images s’imposent « le fruit de mes.
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