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L'Etat et La liberté

Publié le 09/10/2022

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« A première vue, l’Etat est l’autorité souveraine s’exerçant sur un peuple et un territoire déterminés.

En tant que tel, il se distingue des autorités partielles et non souveraines, qui n’officient que dans des sphères délimitées de la vie humaine. La compréhension de l’Etat suppose l’éclaircissement de la notion de politique. De manière générale, celle-ci désigne le commandement de la communauté, qui est lié à l’existence d’organes de pouvoir habilités à émettre des ordres et sanctionner la désobéissance, et qui repose, comme l’a reconnu Max Weber, sur le monopole de la violence légitime. La politique implique alors certaines activités : protection des individus, préservation de l’intégrité de la communauté, position des règles du vivre-ensemble, jugement des crimes et délits, et prise de décisions relatives aux affaires collectives. La politique se distingue du politique.

Celui-ci consiste dans la mise en question des institutions, et la recherche des normes universelles et rationnelles de la vie communautaire (autonomie collective, par laquelle la communauté au complet se donne à elle-même les règles du vivre-ensemble/ autonomie individuelle, condition de l’autonomie collective/ un espace politique pluraliste).Le politique est cette recherche du bien commun qui engage la délibération et l’action autonomes d’une communauté pluraliste de citoyens.* Or, si l’Etat possède bien les attributs du pouvoir politique, il n’est guère évident qu’il actualise vraiment le politique.

En effet, il assume le monopole de la violence légitime, ainsi que les fonctions sécuritaire, législative, exécutive et judiciaire.

Mais il ne respecte pas toujours la liberté du peuple et des individus, et agit parfois contre l’intérêt général.

S’il s’écarte ainsi de sa vocation essentielle, quelle est sa nature propre ? L’Etat, appareil d’administration de la société Il ne faut pas confondre Etat et pouvoir politique.

Historiquement, le commandement de la communauté revêt de multiples formes (tribu, chefferie…) qui ne sont pas assimilables à l’Etat.

Celui-ci n’existe à proprement parler que là ou ce commandement est assuré par un appareil bureaucratique, fonctionnant de manière hiérarchique, et reposant sur l’opposition entre gouvernants et gouvernés.

L'État est donc un phénomène dont les origines remontent à l’Antiquité, mais ses traits caractéristiques - technicité, impersonnalité, omnipotence et continuité - se cristallisent à l’époque moderne.

Le terme n’apparaît d’ailleurs qu’à la fin du XVème siècle, et l’un de ses premiers utilisateurs, Machiavel, s’en sert pour tracer l’esquisse d’une autorité stable, forte et permanente. La structure de l’Etat s’est, à partir du XVème siècle, progressivement installée telle que nous la connaissons aujourd’hui encore.

Elle fait de l'Etat un ensemble d’institutions et d’administrations possédant sur la société et sur ses membres un pouvoir souverain supposé lui permettre de remplir un certain nombre de fonctions indispensables au bon fonctionnement de la société. En effet, le mot vient du substantif latin status, du verbe stare qui signifie littéralement “se tenir debout, être installé, tenir ferme”.

Status désigne en latin ce qui est mis en place par une décision, ce qui est “institué”, et par extension le statut ou le rang social, juridique ou moral.

Ce n’est qu’à partir du XVè siècle que, pour désigner l’institution politique, se diffuse en français le mot “Etat” dans un sens politique.

Il est d’usage d’écrire toujours ce mot avec un majuscule.

En général, on assigne pour tâche à l’Etat de régir de façon souveraine un ensemble d’hommes constituant une nation et d’arbitrer les conflits en maintenant l’équilibre entre les forces en présence au sein d’une société.

La fonction de l’Etat serait d’instituer la société, de l’aider à tenir debout. L’Etat est donc l'appareil d'administration de la société.

Il fonctionne comme une bureaucratie, qui échappe, par son projet, sa compétence et sa puissance, au contrôle de la population.

Comme tel, il opère la destruction du politique (la délibération et l’action autonome en vue du bien commun), et consacre une conception étroite du pouvoir, dont le noyau est l’idéologie utilitariste. Jusqu'où l'Etat doit-il se développer et s’étendre, pour remplir ses fonctions à l’égard de la société sans nuire à la liberté individuelle ? Trop faible, l’Etat ne pourrait s’acquitter de ses missions. Trop fort, il ne pourrait laisser aux individus et à la société assez de marge de manœuvre pour préserver leur autonomie et leurs libertés. Etat et Liberté Fichte, Fondement du droit naturel, paragraphe 8, considère que la notion même de l’Etat s’ensuit d’une analyse suffisamment rigoureuse des conditions d’une coexistence pacifique des libertés humaines.

Rechercher une coexistence des libertés, c’est tenter de construire une situation où chaque être, se concevant luimême comme un être libre prendrait pour principe de limiter sa propre liberté par la considération de celle de tous les autres. Comment, pour assurer la coexistence des libertés, garantir que la transgression des droits constitutifs de l’homme comme un être libre soit exclue ? Comment faire en sorte que la possibilité physique qui nous est donnée de transgresser le droit devienne en fait une impossibilité juridique sans pour autant être entièrement abolie comme une possibilité ? (Si tel était le cas, ce serait une loi mécanique semblable aux lois de la nature, non une loi de liberté). La réalisation de libre coexistence entre des personnes n’est susceptible d'être atteinte que si chacun, en choisissant de se soumettre librement à la loi qui limite sa liberté par la considération de celle des autres, peut.... »

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