LESAGE: Gil Blas de Santillane (Fiche de lecture)
Publié le 15/05/2020
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LESAGE: Gil Blas de Santillane (Fiche de lecture)
1668-1747
Alain-René Lesage est né à Sarzeau dans le Morbihan en 1668.
Fils de notaire, il perd son père à l'âge de quatorzeans.
Il commence ses études chez les jésuites, qui lui donnent le goût du théâtre, puis s'installe à Paris pourpoursuivre ses études de droit et devenir avocat.
Il se marie en 1692 et a quatre enfants, une fille et trois garçons(deux d'entre eux deviendront comédiens malgré les réticences de leur père).
Lesage abandonne vite le barreau pour se consacrer à sa vocation première, les lettres.
Sans fortune personnelle, ildoit, pour faire vivre sa famille, écrire beaucoup et sans relâche.
L'abbé de Lyonne, qui devient son protecteur et luiassure une rente, lui fait découvrir la littérature espagnole.
Après la traduction d'un ouvrage grec, les Lettresgalantes d'Aristénète, qui ne rencontre aucun succès, Lesage se lance avec plus de bonheur dans la traduction et l'adaptation de romans et de pièces espagnols.
1707 marque l'année de ses premiers succès avec, au théâtre,Crispin rival de son maître, une comédie inspirée d'une pièce espagnole de Hurtado de Mendoza, et un roman, Le Diable boiteux, lui aussi inspiré très librement d'un autre auteur espagnol, Guevara, et qui fut l'un des cinq ou six succès de librairie du siècle.
L'argument de ce roman (un diable, libéré de sa boîte par un jeune étudiant, promèneson libérateur au-dessus des maisons de Madrid dont il a ôté les toits, faisant ainsi découvrir l'intimité de leurshabitants) permet à Lesage de brosser de multiples portraits de la société de la Régence.
Sa construction, quirepose sur la multiplication des anecdotes, dans la tradition du roman picaresque, annonce son chef-d'oeuvre Gil 13Ias de Santillane.
Après la représentation en 1709 de Turcaret, sa meilleure pièce, il s'attaque à la rédaction de ce grand roman, publié en trois fois (1715-1724-1735).
Pour gagner sa vie Lesage a également écrit de très nombreuses pièces (une centaine) pour le Théâtre populaire dela Foire qui, en marge de théâtres officiels comme la Comédie-Française, offre au grand public des pièces comiques.
Fatigué, atteint par une surdité précoce, il se retire en 1743 avec sa femme chez son second fils, chanoine àBoulogne-sur-mer.
Il meurt là-bas en 1747.
1 .
UN ROMAN PICARESQUE
Dans cette veine du réalisme satirique, Lesage a donné également un long roman, Gil Blas de Santillane.
Avec la même lucidité que dans Turcaret, ou que dans Le Diable boiteux, il dépeint la société de son temps.
Gil Blas pourtant est espagnol et ses aventures se déroulent de l'autre côté des Pyrénées.
Mais comme Montesquieu dansles Lettres persanes, Lesage use de l'exotisme comme d'un masque pour décrire un monde et une époque qui sont ceux de la Régence.
L'inspiration espagnole est avant tout celle du roman picaresque né en Espagne au XVIe siècle et dont l'archétypedemeure le Don Quichotte de Cervantes (paru en 1604 et 1614).
Le roman picaresque met en scène, dans un monde où domine le pittoresque, un «picaro», personnage de basse extraction, qui connaît un parcours riche en péripéties— bonnes fortunes et mésaventures — grâce auxquelles il s'élèvera dans l'échelle sociale.
Fidèle à la structure épisodique du roman picaresque, Gil Blas est composé de douze livres qui accumulent les épisodes divers et constituent au bout du compte un «roman à tiroirs» dans lequel viennent se greffer sur l'intrigueprincipale — la destinée du héros — une multitude de courtes histoires secondaires.
Celles-ci sont toujoursintroduites dans le récit principal à la faveur d'une rencontre que fait Gil Blas.
Lesage use alors d'un procédé narratifqui consiste à faire raconter par l'un des personnages un épisode antérieur de son existence :
«— Eh ! par quelle aventure ? dit le marquis.
Contez-nous cela, je vous prie.
— Très volontiers, répondit donPompeyo ; et c'est en même temps mon histoire dont je vais vous faire le récit.»
(Livre III, fin du ch.
7)
«Aussitôt don Raphaël commença dans ces termes l'histoire de sa vie.»
(Livre IV, fin du ch.
9)
«Quand j'eus satisfait sa curiosité, elle contenta la mienne, en me faisant le récit de son histoire dans ces termes.»
(Livre VII, fin du ch.
6)
Comme le veut la tradition du roman picaresque, Gil Blas traverse l'espace (il sillonne l'Espagne au gré de sesaventures) et le temps (au terme de ses aventures, il a près de quatre-vingts ans).
Fils d'un écuyer et d'une femme de chambre, Gil Blas se met en route au début du roman vers Salamanque afin depoursuivre des études à l'Université.
Sur la route, il est enlevé par des brigands qui l'engagent dans leur troupe.Cette première mésaventure permet à Lesage d'introduire dans son roman les thèmes traditionnels du genre :l'errance, la rencontre fortuite, le burlesque de personnages marginaux.
Échappé des griffes des brigands, Gil Blas nepoursuivra son chemin que pour affronter d'autres péripéties.
Au fil des chapitres on le retrouve successivement àValladolid où il exerce la médecine puis à Madrid où il fréquente les milieux du théâtre, à Tolède, Valence, etc.
Au fil.
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