Les vieillards sont deux fois enfants
Publié le 08/01/2022
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«
Als wat8Es ol yÉpoVTES
Les vieillards sont deux fois enfants
L'attestation la plus célèbre de ce proverbe est un passage des Nuées
d' Aristophane (v.
1417), où le jeune Philippide assène cette dure vérité
à son père Strepsiade.
En réalité, l'image est reprise par de nombreux
auteurs dès
le cinquième siècle, cf.
Sophocle ( fr.
487 R.) ; les auteurs
comiques Cratinos (fr.
28 K.-A.) et Théopompe (fr.
70 K.-A.) ; le
sophiste Antiphon (87 B 66 D.-K.
: 'YT)POTpo(a yàp trpocrÉoLKf traL-
6oTpo(a,, > ).
On retrouve encore la même constatation aux siècles sui
vants : cf.
en particulier Platon
(Les Lois, 646a) ; Pseudo-Platon
(Axiochus, 367b); Clément d'Alexandrie (6, 2, 19, 5); Julien (Ep., 82)
et Lucien
(Saturnalia, 9); 6ls TTai6Es ol yÉpovTES est ensuite réperto
rié par les parémiographes (Diogen.
4,
18 ; Diogen.
Vindob.
2, 31 ;
Macar.
3, 31 ; Apost.
6, 27 ; Souda 6 1267).
Cette maxime continua à
jouir d'une fortune considérable, y compris dans le monde latin, où elle
fut parfois citée en grec -notamment dans le titre d'une des Satires
ménippées
de Varron (91 Bücheler) et dans le prologue du Protrepticus
ad nepotem d' Ausone et elle est reprise dans un autre fragment des
satires
de Varron (Baiae, 44 Bücheler, cf.
aussi L.
Alfonsi, > 24, 1972, 118 sq.).
Un fragment de Sénèque
( cf.
fr.
121 H., cf.
M.
Lausberg, Untersuchungen zu Senecas
Fragmenten,
Berlin, 1970, 188-193) est témoigné par Lactance
(Divinae lnstitutiones, 2, 4, 14: Non ...
bis pueri sumus ut vulgo dici
tur sed semper) qui dit que Sénèque parlait de vieillesse, mais ce pas
sage ne concerne plus les vieillards et s'applique
à tous ceux qui
adorent les simulacres des dieux façonnés par des artisans.
Les varia
tions sur ce thème sont elles aussi nombreuses : cf.
par exemple,
l'Aiunt solere eum [senem] rusum repuerascere, > de Plaute (Mercator, 296, cf.
aussi
Trinummus, 43 ; L.
Alfonsi, > 44, 3-4, 1970, 7-9, décèle une
allusion à cette sentence chez Cicéron,
Cato maior, 23, 83 et dans le De
oratore,
2, 6, 22); l'oxymore Vetu 'puer,>, toujours dans
le Mercator de Plaute (v.
976); le Senior bulla dignissime, >, de Juvénal (13, 33 où l'auteur fait allu
sion
à la bulle d'or portée par les enfants jusqu'à l'âge de dix-sept ans)
et enfin l'un des
Distiques de Caton (4, 18) qui affin11e: Cum sapias
animo, noli ridere senectam : / nam tquocumquet
..
îene, puerilis sensus
in illo est,>.
Le même
thème est également exploité dans
la tradition hébraïque : cf.
un pas- sage
du Talmud
(Bava Qamma, 92) selon lequel >.
Bis pueri senes est un des lemmes utilisés par Erasme dans ses
Adagia ( I, 5, 36), lemme également répertorié dans les Emb/emata
d'Alciat (Padoue, 1621, 497a) puis repris par Jacob Masen (Palaestra
Styli Romani, 3, 4) et plusieurs auteurs, dont Nicolas Copernic, dans les
derniers vers d'un poème (Septem Sidera regis regum incunabula et
pi,eritiam repraesentantia,
1,259) et Anne Bradstreet (Poems, 5, 8).
Ce
topos est encore bien présent dans nos cultures modernes sur le plan
proverbial (cf.
en français
Un vieillard est deux/ois enfant ou en italien
/ vecchi son due volte fanciulli, qui possèdent des équivalents dans
toutes les langues européennes, cf.
Arthaber 1398 ; Lacerda-Abreu
366 ; Mota 227 ; Schwamenthal-Straniero 5779) comme sur le plan lit
téraire : cf.
divers passages
de l 'œuvre de Shakespeare (Ham/et, 2, 2,
387-389 ; Le roi lear, l, 3, 19 ; Cymbelin, 5, 3, 57 : pour les liens
qu'ils entretiennent avec la tradition classique, cf.
R.
Cantarella,
>;
la Mystérieuse.flamme de la reine Loana (1, 7) où Umberto
Eco reprend le topos antique du Puer senex lorsqu'il évoque Pipino, le
livre pour enfants de Giulio Gianelli paru en 1911.
Enfin, notre topos
est parfois exploité de manière positive pour décrire des figures fémi
nines idéales ( cf.
R.
Curtius, la vieille femme et la jeune fille, in La lit
térature et le Moyen-Age latin,
Paris, 1956 [Berne, 1948], 181-186 ).
Pour une bibliographie plus détaillée sur cette question, cf.
L.
Alfonsi,
> 2 ( 1976) 331 sq..
»
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