Les types de comiques
Publié le 22/11/2021
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Les types de comique
Au XVIIe siècle, Molière faisait rire Louis XIV et toute sa cour en dressant le portrait du Bourgeois
Gentilhomme.
Au début du XXe siècle, à l’ère du cinéma muet, Charlie Chaplin faisait se tordre les
foules en incarnant le personnage de Charlot.
Et aujourd’hui, Gui’Home nous détend, Laura Laune
nous surprend, les Tuches continuent à exciter nos zygomatiques… Mais qu’est-ce qui se passe
exactement dans nos esprits pour qu’à un moment donné nous soyons pris d’un rire plus ou moins
tonitruant (si nous sommes dans une salle de spectacle) ou au moins un sourire (si nous sommes
seuls devant notre écran) ?
Sans faire d’analyse neuropsychologique du rire, on peut observer que tout l’art de faire rire repose
sur différentes ficelles, plus ou moins grosses, plus ou moins discrètes, plus ou moins originales.
On
peut classer ces ficelles, ces « trucs », en quelques catégories qu’on appelle les types de comiques.
Le comique le plus ancien et le plus universel est sans doute le comique de gestes.
La démarche de
Charlot, les lazzis de la Commedia dell’arte, les grimaces de Louis de Funès sont autant d’attitudes
qui nous font rire par leur exagération, leur inattendu, leur caractère grotesque.
Ce ressort comique
est très populaire car il est visuel et ne dépend donc ni de la compréhension de la langue, ni de la
compréhension du récit.
Il est directement accessible par tous.
Un deuxième comique très populaire est le comique de mots.
Il comprend tout ce qui a trait au
langage et à la déformation de celui-ci.
L’accent forcé de Gui’Home, les jeux de mots de Raymond
Devos, les défauts de prononciation (zozotement, bégaiement, etc.) : à nouveau, c’est l’exagération
et l’effet de surprise qui font rire.
Ensuite vient le comique de caractère.
C’est le ressort comique de la plupart des blagues sur les
blondes, les profs, les Français – mais aussi de pièces entières comme L’Avare ou Le Dîner de Cons .
Le
principe est d’exagérer les traits de caractère de certains groupes de personnes pour les tourner en
ridicule.
L’imbécile sera exagérément imbécile ( Le Dîner de Cons ), l’avare sera exagérément radin
( L’Avare ), l es Anglais seront exagérément flegmatiques ( Astérix au service de Sa Majesté ).
Ce type de
comique ne s’apprécie cependant que lorsqu’on partage le point de vue de celui qui se moque.
Un
Belge en général n’apprécie pas beaucoup qu’un Français lui raconte une « blague belge » – et
réciproquement.
Enfin, le type de comique le plus subtil et le plus riche est sans doute le comique de situation.
En
général, il ne provoque pas de grands rires, mais une tension qui donne corps à la pièce et qui fait
sourire intérieurement, tout en captant l’attention.
Il s’agit de toutes les formes de comique induites
par la situation dans laquelle se trouvent les personnages – et le plus souvent lorsque certains
personnages (ou le spectateur) en savent plus que d’autres.
L’exemple le plus flagrant de cela est
sans doute le quiproquo .
Ce terme désigne une situation dans laquelle deux personnages croient
parler de la même chose alors qu’ils parlent de choses différentes ( qui pro quo vient du latin « l’un
pour l’autre »).
Le spectateur, qui est au courant de la confusion, trouve évidemment la situation très
drôle.
C’est le cas dans Bossemans et Coppenolle , où un personnage qui a perdu son chat se
décompose en entendant le cuisinier décrire comme il l’a découpé et mis à cuire – alors que le
cuisinier parlait du lapin qu’il venait de préparer.
Un autre situation comique classique est la
situation où un personnage est caché et entend ce que les autres personnages pensent de lui car ils
le croient absent.
C’est ainsi qu’Orgon découvre la duperie de Tartuffe, en étant caché sous la table
tandis que Tartuffe essaie de séduire sa femme.
O n pourrait ajouter d’autres types de comiques, comme le comique de répétition, par exemple, mais
ce qui est certain, c’est que le comique repose très souvent sur l’exagération et sur l’effet de
surprise.
Tous les types de comique jouent plus ou moins sur ces deux ressorts, car ce qui est banal
et déjà connu n’est pas drôle.
Tout ce qui sort de l’ordinaire, s’il est bien traité, pourra au contraire
faire rire..
»
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