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LES SOPHISTES

Publié le 15/05/2020

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« LES SOPHISTES Après le naturalisme de la période des grandes cosmogonies et des systèmes, une sorte d'humanisme prend formedans la philosophie.

Ce retour à l'homme est dû à l'essor de l'individu et de l'individualisme par la démocratisation del'État athénien après le règne de Périclès et la guerre du Péloponnèse.

Il est dû également aux progrès de latechnique et de la division du travail, entraînant la réflexion critique sur les méthodes de travail, et, de là, sur laméthode des méthodes, vers une technique des techniques, qui sera précisément la Logique. Caractère général de la sophistique : c'est une réaction contre les grands systèmes.

Toute recherche de loigénérale est stérile aux yeux des sophistes. Poussant plus loin, ils déclarent impossible toute science de la nature, comme savoir véritable.

Que reste-t-il donc ?Les « sciences humaines », dont les sophistes sont les fondateurs, et aussi une certaine habileté pratique, desrecettes utiles pour réussir dans la vie de la cité, un art de persuader les hommes pour les mener où l'on veut.

Ilfaut, selon eux, que la philosophie abandonne la prétention de vouloir retracer la genèse de l'univers. La sagesse, comme n'importe quelle autre discipline, est une question de savoir-faire, c'est-à-dire de méthode.

Lessophistes sont des professeurs de sagesse, enseignant à soutenir avec la même aisance n'importe quelle opinionutile à la réussite (d'où le sens défavorable du mot dans notre usage courant actuel).

Cette « sagesse », appeléeaussi « vertu », est l'aptitude à se gouverner et à gouverner les autres.

Les sophistes vont de ville en villeenseigner « la vertu », et, au grand scandale des philosophes postérieurs, ils mesurent l'étendue de leur influencespirituelle à l'importance de leurs bénéfices. Malgré tous leurs défauts, les sophistes, par leurs joutes oratoires et leur esprit critique, ont servi audéveloppement de la logique. Deux noms à retenir : Protagoras d'Abdère (480-408) et Gorgias d'Élis, son contemporain. PROTAGORAS La doctrine de Protagoras est une sorte de relativisme ou de subjectivisme.

De toutes ses œuvres est demeuréeune seule phrase : « L'homme est la mesure de toutes choses, de l'être de ce qui est, du non-être de ce qui n'estpas », c'est-à-dire que toute connaissance dépend de l'individu qui connaît.

Le vent n'est froid que pour moi et aumoment où j'ai froid ; le monde est qualités, et ces qualités varient avec les individus ; elles varient même chez lemême individu.

L'aspect du monde n'est donc jamais le même.

Cela étant, comment savoir ce que sont les chosesen elles-mêmes ? Il n'y a ni vérité, ni donc erreur.

Cependant certaines représentations valent mieux que d'autres : celles qui sontprofitables et salutaires.

Nous avons là l'ébauche du pragmatisme humaniste. GORGIAS Il représente nettement le renoncement à toute science réelle.

Il est impossible de savoir ce qui existe vraiment etce qui n'existe pas.

Sa doctrine est faite de trois négations : — Rien n'existe car ni le Non-Être (par définition), ni l'Être (la substance cachée sous les apparences n'est qu'unmot vide) ne sont des données de l'expérience.

Une relation de l'être et du non-être n'existe pas non plus, car lejugement deviendrait impossible si l'être participait au non-être et inversement. — S'il existait quelque chose, on ne pourrait le connaître.

Car la réalité sensible n'est pas intelligible, et d'autre partce qui serait intelligible n'est pas donné, donc est inexistant. — Si nous pouvions connaître quelque chose, d'ailleurs, nous ne pourrions rien en dire.

Car le langage estparfaitement arbitraire ; car les mots, qui ont plusieurs sens, trahissent toute pensée, unique par nature.

Donc toutautre jugement que « l'être est » (jugement stérile par son immobilité) est absurde, car il confond sujet et attributs.. »

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