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Les Romains ne sont pas fous: L'auteur déclare que, par les voyages et la rencontre d'autrui, les hommes « risquent de se découvrir eux-mêmes en découvrant d'autres hommes. » Partagez-vous cette opinion ?

Publié le 29/06/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Les Romains ne sont pas fous: L'auteur déclare que, par les voyages et la rencontre d'autrui, les hommes « risquent de se découvrir eux-mêmes en découvrant d'autres hommes. » Partagez-vous cette opinion ?. Ce document contient 2223 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Les charters déverseront bientôt par milliers des touristes aux quatre coins du monde. Que vont tirer, d'un tel brassage, ces consommateurs de la vaste auberge espagnole 1 qu'est devenu notre petit globe ? 5 Plusieurs s'en vont parce qu'ils ont de l'argent à dépenser, des diapositives à tirer, des compagnons à éblouir. Ils rapporteront de leur déplacement organisé des souvenirs de poulet au curry, de danses yorubas 2 et de visites guidées plus ou moins frelatées. Aux pauvres des autres continents, ils 10 auront laissé l'image d'un Occident de mauvais goût, déguisé, encombré de caméras, hanté d'exigences culinaires et nocturnes, ridicule dans ses vestiges de puissance. De quoi rire en pensant à demain. Ne parlons pas des sectaires, rares au demeurant, qui vont 15 très loin confirmer des préjugés que pour rien au monde ils ne remettraient en cause. Avant de visiter l'URSS, ils savaient, soit que c'est le paradis, soit qu'on y découvre la police à tout coin de rue. Allant en Afrique, ils savent que les Noirs sont superstitieux. Leurs observations et leurs ren-20 contres vont simplement grossir, sans le modifier, un système de compréhension dont ils tirent leur sentiment de sécurité. Ils ne voyagent que pour consolider les abstractions qui leur tiennent lieu de vision du monde. D'autres, plus jeunes, imaginent que l'Inde ou le Maroc 25 détiennent une vérité échappée d'Europe. Comme Teilhard de Chardin à l'issue d'une randonnée en Asie, ils apprendront « combien, de soi, le déplacement dans l'espace n'ajoute rien à l'homme. Revenu à son point de départ, à moins qu'il n'ait augmenté sa vie intérieure, chose qui n'apparaît pas du 30 dehors, il est comme tout le monde » (Lettres de voyage, Grasset 1956, p. 51). Aucun grand secret n'éclate à Bénarès, ni à Katmandou. Ceux qui s'y sont rendus pleins d'espoirs n'y gagnent qu'une désillusion. Les voici contraints de poser la question essentielle là où elle se pose : ici et maintenant, 35 au cœur de leur liberté.Mais ceux qui déjà se posaient la question chez eux profiteront de leur rencontre d'autrui, à condition de s'y ouvrir, de l'accueillir et de ne pas prétendre d'avance tout en connaître. Ils risquent alors de se découvrir davantage eux-mêmes 40 en découvrant d'autres hommes qui, au cœur de conditions très différentes, se posent, sous d'autres formes, les questions analogues, sur la vie et sur la mort, sur l'amour et sur la solitude, sur le malheur et sur le bonheur. À travers les ambiguïtés et l'obscurité d'autrui, ils prendront conscience des 45 leurs. Elles surgiront de conversations individuelles. Mais elles s'étalent aussi dans les systèmes économico-politiques et jusque dans le plan des villes et le béton des immeubles. Tokyo, Rome ou Alger ne crient pas le même message. Ceux qui savent déchiffrer ce qu'ils voient, dans un premier 50 temps, s'étonnent : « Ils sont fous ces Romains », proclamait un Gaulois célèbre. Bientôt la nuance s'impose : s'ils ne sont pas fous, c'est nous qui le sommes. Puis, on découvre que la folie est peut-être ailleurs et que ce que nous tenions pour son expression demeure tout relatif. Mais alors, où se 55 trouvent la raison, la vérité, la liberté ? Salutaires questions qu'il est plus nécessaire de poser en permanence que d'imaginer trop vite éclairées. Ce sont les meilleurs fruits d'un voyage. Pour les cueillir, il faut se méfier au départ de toutes ses connaissances et de tous ses préjugés moins un : la 60 persuasion qu'on ne connaît rien de rien et que nul n'aura jamais fini d'accueillir en soi-même l'admirable et douloureuse altérité des générations, des classes et groupes sociaux, des nations et des cultures. Ce sont les traces du tout Autre. Jean Moussé, 1980 (1) auberge espagnole : lieu où l'on ne trouve que ce qu'on apporte. (2) danses yorubas : danses d'un peuple d'Afrique occidentale. Questions . 1. Résumé (f; points) Vous ferez de ce texte un résumé en 160 mots. (Une marge de 10% en plus ou en moins est admise.) Vous indiquerez à la fin de la copie le nombre exact de mots utilisés. 2, Vocabulaire (2 points) Vous expliquerez dans le texte le sens de : —- « les ambiguïté et l'obscurité d'autrui» (lignes 43, 44), — « l'admirable et douloureuse altérité» (lignes 61, 62). ...»

« ÉPREUVE 5 Toutes académies Septembre 1989 TEXTE Les Romains ne sont pas fous Les charters déverseront bientôt par milliers des touristes aux quatre coins du monde.

Que vont tirer, d'un tel brassage, ces consommateurs de la vaste auberge espagnole 1 qu'est devenu notre petit globe ? s Plusieurs s'en vont parce qu'ils ont de l'argent à dépenser, des diapositives à tirer, des compagnons à éblouir.

Ils rap­ porteront de leur déplacement organisé des souvenirs de pou­ let au curry, de danses yorubas 2 et de visites guidées plus ou moins frelatées.

Aux pauvres des autres continents, ils 10 auront laissé l'image d'un Occident de mauvais goût, déguisé, encombré de caméras, hanté d'exigences culinaires et noc­ turnes, ridicule dans ses vestiges de puissance.

De quoi rire en pensant à demain.

Ne parlons pas des sectaires, rares au demeurant, qui vont 1s très loin confirmer des préjugés que pour rien au monde ils ne remettraient en cause.

Avant de visiter l'URSS, ils savaient, soit que c'est le paradis, soit qu'on y découvre la police à tout coin de rue.

Allant en Afrique, ils savent que les Noirs sont superstitieux.

Leurs observations et leurs ren- 20 contres vont simplement grossir, sans le modifier, un système de compréhension dont ils tirent leur sentiment de sécurité.

Ils ne voyagent que pour consolider les abstractions qui leur tiennent lieu de vision du monde.

D'autres, plus jeunes, imaginent que l'Inde ou le Maroc 25 détiennent une vérité échappée d'Europe.

Comme Teilhard de Chardin à l'issue d'une randonnée en Asie, ils apprendront « combien, de soi, le déplacement dans l'espace n'ajoute rien à l'homme.

Revenu à son point de départ, à moins qu'il n'ait augmenté sa vie intérieure, chose qui n'apparaît pas du 30 dehors, il est comme tout le monde » (Lettres de voyage, Grasset 1956, p.

51).

Aucun grand secret n'éclate à Bénarès, ni à Katmandou.

Ceux qui s'y sont rendus pleins d'espoirs n'y gagnent qu'une désillusion.

Les voici contraints de poser la question essentielle là où elle se pose : ici et maintenant, 35 au cœur de leur liberté.. »

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