Les protocoles de RomeLe prélude à la guerre d'Ethiopie.

« 1 / 2 Les protocoles de Rome Le prélude à la guerre d'Ethiopie 7 janvier 1935 Louis Barthou n'a pas eu le temps de consolider les alliances de son pays.

Il est assassiné à Marseille, le 9 octobre 1934, alors qu'il accueille le roi Alexan­ dre de Yougoslavie.

Son successeur aux Affaires étrangères, Pierre Laval, bien­ tôt président du Conseil, déclare pour­ suivre la même politique.

En fait, il l'édulcore et tend progressivement à mé­ nager l'Allemagne d'Hitler et l'Italie de Mussolini.

Laval se montre très conciliant avec l'Italie.

Mussolini craint une nouvelle menace allemande contre l'Autriche, d'autant plus qu'il a décidé de conquérir l'Ethiopie.

Avant d'envoyer une bonne partie des troupes italiennes en Afrique, le duce va s'efforcer d'obtenir l'appui français.

Dans un discours prononcé à Milan le 6 octobre 1934, Mussolini fait savoir qu'il espère une entente avec la France.

Les négociations bipartites sont bien avan­ cées quand Pierre Laval se rend à Rome au début de janvier 1935.

Le 7 de ce mois sont paraphés les accords de Rome qui instaurent une collaboration nouvelle entre Paris et Rome, fondée sur le soutien à l'Autriche et sur des com­ pensations coloniales.

La France cède à l'Italie 114000 km 2 de désert aux con­ fins de la Tunisie, 800 km 2 aux confins de l'Erythrée, et l'îlot stratégique de Doumeviah dans le détroit de Bab el­ Mandeb.

L'Italie reçoit une part des actions de la Société du chemin de fer Djibouti-Addis-Abeba.

En échange, l'Italie accepte que le statut privilégié des Italiens en Tunisie soit progressive­ ment aboli entre 1945 et 1965.

En outre, la France et l'Italie conviennent de se concerter «en cas de menace pour l'indépendance et l'intégrité de l'Autri­ che».

A-t-il été question de l'Ethiopie au cours des conversations privées du palais Far­ nèse? Laval a-t-il donné son accord à Mussolini pour l'annexion de ce pays? Laval a déclaré en 1935, devant le Con­ seil de la Défense nationale, et en 1940, devant le Sénat, en comité secret, avoir laissé carte blanche au duce, pourvu qu'on évite la guerre.

Le duce interpréta ses paroles de façon très large.

En tout cas, Mussolini est persuadé qu'il peut entreprendre la conquête du royaume du négus.

L'affaire d'Ethiopie aura des conséquences importantes: l'œuvre de Barthou sera ruinée, la SDN sera dis­ créditée et un nouvel équilibre naîtra en Europe avec la création de l'axe Rome­ Berlin.

Incontestablement, la politique de rapprochement avec les deux dictatu­ res a contribué à cette évolution qui conduira à la Seconde Guerre mondiale. 2 / 2. »