« Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches... Leur principale qualité est, non pas d'évoquer, mais d'inspirer. On rêve sur un poème comme on rêve sur un être. » Voilà comment ELUARD conçoit la lecture d'un poème. En classe, par contre, on vous entraîne à analyser le poème afin de le mieux comprendre.Essayez d'apprécier ces deux attitudes de lecteur en illustrant votre propos d'exemples précis, et dites si, à votre avis, elles sont conciliables ou non.
Publié le 15/05/2020
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« Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches...
Leur principale qualité est, non pas d'évoquer, mais d'inspirer.
On rêve sur un poème comme onrêve sur un être.
» Voilà comment ELUARD conçoit la lecture d'un poème.
En classe, par contre, on vous entraîne à analyser le poème afin de le mieuxcomprendre.Essayez d'apprécier ces deux attitudes de lecteur en illustrant votre propos d'exemples précis, et dites si, à votre avis, elles sont conciliables ou non.
Introduction.
• Poésie : premier moyen d'expression utilisant le langage et ceci dans toutes les civilisations et cultures.• Elle envahit, transcende, suggère, enchante...• Donc elle inspire, fait rêver...• Serait-ce alors un crime de lèse-poésie que ces analyses et commentaires élaborés obligatoirement en classe ?
I.
« On rêve sur un poème ».
• Vers purs, lumineux, évocateurs...
Mais sens précis ?• C'est leur mystère même qui envoûte...• Pas rationnel.• Rêve et art.
Rêves plutôt.• Monde surréel.
« Le rêve est une autre vie.
» G.
de Nerval.• Tout se confond en correspondance d'époques, de vies, de réminiscences.• Poésie est allusive.• Qu'est-ce qui est réalité, chimère ? passé, présent ?...• Poésie : signe, symbole, pénétration vers Connaissance.• Véritables formules magiques.• Les mots eux-mêmes ont une âme, sont à eux seuls images ou tableaux :• Les mots sont les passants mystérieux de l'âme.
» V.
Hugo.• On est saisi par l'harmonie, le songe...
non seulement qu'exhale le mot, mais son contexte.• — Cadences et rythmes ;— Musicalité ;— Couleurs, nuances, formes, images, tableaux ;
— Sonorités, harmonies imitatives, assonances ;— Ou seulement des alliances aussi simples que mystérieuses ;— Un autre monde — ou le quotidien —, une évocation — ou une peinture —, non pas dits, mais entrevus, ou suggérés ; — ...
tout concourt à envelopper âme,esprit, sensibilité du lecteur qui s'enchante « Je ne sais pourquoi » de la « chanson grise »...• Évidemment, toute poésie ne pousse pas à rêver.
Mais ces autres types de poèmes répondent-ils alors vraiment à leur mission poétique,-ne sont-ils passeulement vers et mètres alignés ?• Rêver avec un poème, c'est par exemple sentir le vent iodé piquer les narines, faire plisser les paupières, en lisant : Baudelaire: L'homme et la mer ;ou Mallarmé : Brise marine ; c'est entendre le rythme des tam-tams et vivre les mystérieuses nuits africaines avec B.
Senghor : Chants d'Ombre.• Plaisir immédiat ; sensations et sentiments spontanés.
II.
Poésie et Connaissance.
• Mais ne faut-il pas se méfier de cet élan esthétique très subjectif ?• Goût n'est pas démarche réelle de l'esprit.• Il en est de poésie comme de tout art ; il ne suffit pas de dire « J'aime » ou « Je n'aime pas » et de trouver poésie bonne parce qu'elle incite à rêver.• Même mot grec désignait à la fois art et métier (donc > artiste et artisan), c'était mur' (tekné) d'où vient technique.• Il entre une part certaine de métier, de technique, dans création.
Don existe mais n'est pas suffisant.• Bien des poètes même sont de véritables ascètes de leur art, s'y adonnent intensément et, entre autres, à la recherche du langage, des méthodes, de l'art(formel) qui leur permettra de traduire ce qu'ils ressentent.
• Ainsi création est aussi élaboration, recherches techniques.
Voiries multiples « arts poétiques ».
Ex.
Pléiade, Malherbe, Hugo et Romantiques...
;Correspondances, Élévation ou Bénédiction de Baudelaire ;Une saison en Enfer d'A.
Rimbaud ; ou la théorie de l'hermétisme (Mallarmé), celle de la suppression de la ponctuation et les Calligrammes (Apollinaire), lesManifestes surréalistes...• Or ce ne sont pas les déclarations fracassantes s'opposant à ce qui précède.• C'est le résultat de recherches patientes, parfois même angoissantes, d'un verbe poétique qui leur permette de joindre l'A bsolu, la Connaissance...
et de latransmettre aux profanes.• Poètes se font tous une très haute idée de leur mission.• Ils peuvent même en être victime, comme G.
de Nerval qui se perd à « la lisière des saintes demeures » (folie), ou A.
Rimbaud et ses efforts admirables deVoyance.• Et quand ils n'y parviennent pas, quelle douleur !• A-t-on le droit dans ces conditions d'ignorer un tel travail, une telle intensité de recherches, un tel don de soi à la Poésie, et de se contenter de goûter untexte ?• Sous l'écorce de la beauté des sensations, et à condition de les lire et relire, de les analyser même, les textes dévoilent des vérités encore plus pures quele charme lui-même.• Le lecteur découvre à tout moment d'autres lumières.
Il ne se disperse pas, il se précise.• Que ne laissons-nous passer, si nous nous contentons de rêver sur leurs « grandes marges blanches » ?• Ne faut-il pas, aussi, après s'être laissé emporter sur les ailes poétiques, se rendre compte de ce que recouvre d'invisible, d'impalpable, ce qui semble sipalpable, si simplement audible ?
Conclusion
• Donc l'explication donne à la pensée une double discipline:l'approfondissement (documentation et réflexion),— la méthode (plan et analyse)auxquels s'ajoute la nécessité si profitable de les traduire clairement dans un langage approprié, et qui ne se borne plus à des termes enthousiastes,obligatoirement relâchés, provisoires, comme le sentiment et la pensée restaient lâches tant qu'une démarche authentiquement littéraire n'avait pas étéaccomplie sur -le texte poétique.• « Rêver sur un poème » et l'analyser sont bien deux attitudes de lecteur mais nullement inconciliables.• Le poème « inspire » cette part créative qui est en chacun de nous, comme chez l'enfant de Prévert qui joue avec l'oiseau-lyre (Page d'Écriture).• Mais il « évoque » aussi, transmet, « rayonne », « jette sa flamme »..., car le poète est lui-même « rêveur sacré » (V.
Hugo, Fonction du poète).• Suivons P.
Valéry qui réclame la plus grande exigence et du poète et du lecteur..
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- « Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches... Leur principale qualité est, non pas d'évoquer, mais d'inspirer. On rêve sur un poème comme on rêve sur un être. » Voilà comment ELUARD conçoit la lecture d'un poème. En classe, par contre, on vous entraîne. à analyser le poème afin de le mieux comprendre. Essayez d'apprécier ces deux attitudes de lecteur en illustrant , votre propos d'exemples précis, et dites si, à votre avis, elles sont conciliables ou non.
- On peut lire ou parcourir, parce qu'on en a envie, un recueil de poésies, étudier un poète en classe, lire des yeux un poème, le dire à haute voix; on peut l'analyser pour en faire une explication ; on peut aussi entendre chanter de la poésie mise en musique, en écouter au cours d'un récital ou d'un spectacle poétique, ou encore en écrire soi-même. Voilà, en effet, parmi d'autres, plusieurs manières d'avoir accès à la poésie, et sans doute avez-vous eu l'expérience de l'une ou l'autre
- « Depuis toujours, l'affaire du théâtre est de divertir les gens. Cette affaire lui confère toujours sa dignité. Il n'a besoin d'aucune autre justification que l'amusement mais de celle-ci absolument ». Réagissez au propos de Brecht en illustrant vos arguments sur des exemples précis.
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