Les pauvres gens (extrait)Traduction de Sylvie LuneauFiodor DostoïevskiNon loin de moi, près d'un autre étalage de livres, j'aperçus le vieux Pokrovski.
Publié le 22/05/2020
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Les pauvres gens (extrait)
Fiodor Dostoïevski
Traduction de Sylvie Luneau
Non loin de moi, près d'un autre étalage de livres, j'aperçus le vieux Pokrovski.
Quatre
ou cinq bouquinistes l'entouraient ; à force de le harceler, ils lui avaient fait
complètement perdre la tête.
Chacun lui proposait sa marchandise, on lui offrait de
tout, et il voulait de tout ! Le pauvre vieux restait planté au milieu d'eux comme hébété,
sans savoir que choisir parmi ce qu'on lui présentait.
Je m'approchai et lui demandai ce qu'il faisait là.
Le vieil homme fut ravi de me voir ; il
m'aimait à la folie, peut-être autant que Petinka.
“ J'achète des livres, Varvara Alexéïevna, me répondit-il, c'est pour Pétinka.
Cela va être
bientôt son anniversaire et il aime les livres, alors j'en cherche pour lui...
”
Le vieillard s'expliquait toujours de façon cocasse ; par surcroît il était pour l'instant
dans le plus terrible désarroi.
Chaque fois qu'il s'informait d'un prix, celui ci montait à
un, deux, ou trois roubles argent ; aussi ne s'enquérait-il même plus de la valeur des
grands livres : il se contentait de les regarder avec envie, les feuilletait, les tournait dans
ses mains puis les remettait à leur place.
“ Non, non, c'est trop cher, disait-il à mi-voix, peut-être ici y aura-t-il quelque chose ”, et
il commençait à passer en revue les minces plaquettes, recueils de chansons,
almanachs ; tout cela était très bon marché.
“ Pourquoi achetez-vous tout cela, lui demandai-je, il n'y a là que des sornettes.
- Oh non, me répondit-il, non, voyez donc quels beaux livres il y a ici : de très beaux
livres ! ”
Il traîna les derniers mots d'un ton si plaintif que je crus qu'il allait pleurer de déception
parce que les beaux livres étaient trop chers et qu'une larme allait d'un instant à l'autre
couler de ses joues blêmes sur son nez rouge.
Je lui demandai s'il avait beaucoup
d'argent.
“ Voilà (le malheureux sortit tout son argent enveloppé dans un papier de journal gras)
voilà...
un demi rouble, une pièce de vingt kopecks en bronze.
”
- Je l'entraînai aussitôt vers mon bouquiniste.
“ Voici onze volumes qui ne coûtent que
trente-deux roubles et demi ; j'en ai trente ; ajoutez en deux et demi, nous achèterons le
tout et ferons notre cadeau ensemble.
”.
»
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