Les liaisons dangereuses, CHODERLOS DE LACLOS Lettre LXXXI (81)
Publié le 02/12/2021
Extrait du document
Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Les liaisons dangereuses, CHODERLOS DE LACLOS Lettre LXXXI (81). Ce document contient 1 mots soit pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en: Echange.
Plan :
I/ Un discours argumenté sous forme épistolaire
A- L’emploi des pronoms personnels
B- Les articulations logique
II/ Les relations homme/femme
A- Le vocabulaire de la guerre et de la réalité
B- Relations dominants/dominés
III/ Madame de Merteuil
A- L’observatrice des comportements de son siècle
B- Une combattante
C- Une rhétoricienne
Commentaire :
Introduction : Dans le lettre LXXXI (81), écrite par la marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont celle-ci se pose en rivale de son correspondant en matière de libertinage, ce qui est au centre des débats est en effet la séduction, les stratégies développées par les libertins et les systèmes de défense mis en jeu dans la partie adverse. Le choix d’un vocabulaire guerrier est d’ailleurs significatif du plan sur lequel se situe les opérations : il s’agit de combat, de domination, de victoire ou de défaite. A travers le libertinage, c’est donc la question des rapports entre les sexes qui est posée, l’exposée de la Marquise a pour objet d’expliquer pourquoi et comment elle a dû se forger ses propres armes dans un contexte où la domination masculine n’est jamais remise en question. La lettre commencée par l’affirmation de la supériorité manifeste de la marquise se poursuit par une véritable démonstration qui expose les raisons qu’un femme peut avoir de se venger des hommes. Cette lecture s’attachera donc à la structure argumentative de l’extrait, à l’exposé des relations homme/femme et à l’image que la marquise donne d’elle-même.
I/ A – L’emploi des pronoms personnels
La lecture de l’extrait fait apparaître plusieurs éléments :
- les indices d’un discours à la première personne, adressé à un « vous « ambigu, des articulations logiques soulignant la progression d’un exposé qui développe et illustre la thèse initiale, l’intention de convaincre est évidente.
- 1ère pers. sing. Complément ou sujet désigne épistolaire qui intervient dans son propre nom. Elle est directement concernée, à la fois comme auteur du discours et comme éléments du discours : « je «, « parle de moi « ce qui montre le rapport lettre/autobiographie. Ici, il s’agit d’une confession sur le plan romanesque car le narrateur et le personnage se confondent, l’auteur est constitué par une autre instance.
- 1ère pers. plur., « nous « employé souvent et peu se révéler ambigu : s’agit-il d’un pluriel englobant les deux interlocuteurs (vous et moi en temps que Roué) ou les femmes (moi et elle du même sexe) les deux cas co-existent et montrent bien les différents mondes dans lesquels évoluent la marquise. Ainsi, « supposons « désigne les deux interlocuteurs, en revanche les autres occurrences désignent les femmes dont l’épistolière se sent en partie solidaire dans une relation néanmoins complexe.
La deuxième personne du pluriel, vrai pluriel ou forme de politesse, le « vous « désigne soit Valmont, soit les hommes en général, l’expression « croyez-moi « désigne le correspondant cité juste après par on titre « Vicomte «. Parmi les autres apparition de « vous « certaine renvoie donc à cet interlocuteur unique souvent parce qu’il est mis en cause en temps qu’homme entretenant une relation privilégiée avec l’épistolière d’autre aux hommes en général. Ainsi, la vision du monde de la Marquise se divise en trois mondes, les hommes, les femmes qui se livrent un combat sans merci pour les armes de la séduction et de la résistance, et « nous « naît pour vaincre cette bataille. Pourtant, la première personne du singulier est bien plus forte que ce « vous « par lequel elle désigne Valmont. Finalement ce « nous « ne réunit pas deux personnes égales, la partie étant plus dure pour une femme et la marquise faisant au moins aussi bien que le Vicomte sur le plan du libertinage, elle se déclare donc largement meilleure que son complice.
B – Les articulations logiques
La première phrase du texte énonce une sorte de vérité générale exprimant la nécessité d’acquérir des qualités indispensable. Le reste du texte est construit en plusieurs paragraphes interrompu par deux citations. On peut remarquer que quatre de ses paragraphes commencent par un mot faisant référence à un raisonnement, « supposons « est une invitation à poser une hypothèse, « en effet « suggère une explication, « mais « annonce une opposition, « sans doute « ouvre sur l’idée d’une concession. Ces différents mots de liaisons établissent les étapes d’un raisonnement et souligne le caractère argumentatif du passage. Les interpellations, les mises en cause, le rappel des souvenirs, les citations même sont autant d’éléments qui laissent penser que l’épistolière cherche à convaincre son interlocuteur. Quand au lecteur du livre il apprend ainsi comment la marquise explique en matière de libertinage.
II/ A – Le vocabulaire de la guerre et de la réalité
Le texte repose sur le déploiement d’un champ lexical du « combat «. tous les mots de ce réseau souligne un rapport de force entre les hommes dominateurs et les femmes dominées. Cette relation essentielle est soulignée tout au long du texte.
Ainsi, l’expression « partie si inégale « précise la nature des relations hommes/femmes : c’est une sorte de jeux social qui peut s’apparenter à une compétition. De nombreuses autres formulations précise cette rivalité. On observe d’abord une reprise d’expression soit parallèle, soit antithétique mettant toujours en évidence deux groupes opposés « notre fortune «, « votre malheur «, « dénoué «, « rompre «, « sans ressource «, « sans générosité «.
B – Relations dominants/dominés
Ainsi la supériorité masculine dans la conquête, l’impossibilité pour les femmes d’avoir un quelconque pouvoir de décision, leur condition de victime potentielle sont présentées comme des vérités. C’set pourquoi elles doivent développer d’avantages de qualité. Cette analyse d’une situation sociale et affective incontestable à l’époque, explique les positions prises par la marquise et sa volonté de retourner la situation.
La marquise se révèle ici comme une observatrice, une combattante et une redoutable rhétoricienne.
III/ A – L’observatrice des comportements de son siècle
Tout au long de sa lettre elle parle des hommes et des femmes en générale. Les formulations généralisantes, l’utilisation du « nous « pour désigner les femmes montrent une bonne connaissance de la situation. L’utilisation du présent va dans le même sens et celle des citations laisse penser qu’elle connaît la littérature et qu’elle a réfléchit sur l’amour. Ses connaissances viennent donc de trois sources : l’observation du monde, les expériences personnelles, les lectures. On peut néanmoins remarquer que si Mme de Merteuil parle souvent au nom de toute les femmes, elle établit une distance entre elle et les autres. La marquise agit, les autres femmes subissent et elle a développé tout ce savoir que pour préserver ses libertés.
B – Une combattante
Cette lettre est l’exposé d’une stratégie de conquête. Celle-ci est analysée dans les dernières lignes de l’extrait et donne de la marquise une image conquérante et vengeresse. Le vocabulaire utilisé est en effet celui de la domination : « disposant «, « jouer «, « caprices «, « maîtriser « insistent sur la détermination de réduire l’autre à l’état d’objet. C’est à dire d’imposer aux hommes ce qu’ils imposent habituellement aux femmes.
C – Une rhétoricienne
L’extrait donné ici développe l’idée contenue dans la première phrase, le constat se trouve justifié et repris sous une autre forme en fin de démonstration. La thèse selon laquelle une femme doit se forger des armes pour lutter contre les hommes parce qu’elle ne les a pas initialement se trouve confirmer par l’allusion au moyen que la marquise a inventé. La démonstration utilise de nombreuses figures qui rendent le discours persuasif, rythme poétique « ce qu’elle accordait à l’amour il faut le livrer à la crainte « sont deux octosyllabes basés sur un parallélisme rendu plus présent par un même rythme 5+3. On trouve des jeux fréquents ou l’anaphore de « si «. La marquise montre une habilité oratoire qui renforce l’habilité du discours.
Conclusion : Cet extrait montre une femme consciente de son state et de ses pouvoirs désireuse d’échapper au sort que la société lui réserve et met tout ses efforts au service d’une vengeance qui passe par le libertinage. Mme de Merteuil dévoile donc les subterfuges auquel elle doit faire appel pour vaincre mais cette lettre est aussi le signal d’un orgueil qui la pousse a la faute. Voulant montrer qu’elle est beaucoup plus forte que Valmont elle oublie sa prudence habituelle et laisse dans les mains du Vicomte les preuves d’une immoralité qu’il fallait savoir cacher jusqu’au bout.
Liens utiles
- CHODERLOS DE LACLOS – LES LIAISONS DANGEREUSES – 1782 - LETTRE 81
- Choderlos de LACLOS Les Liaisons dangereuses Lecture analytique : Lettre 125 De « la voilà donc vaincue » à « exclusivement à tout autre »
- Lettre 81, Les Liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos, 1782
- : Les Liaisons dangereuses (1782), Choderlos de Laclos: Comment cette lettre sur le mode de la confidence dénonce-telle la société du XVIIIème siècle ? Comment dresse-t-elle le portrait d'une femme libre en opposition avec les contraintes de l'époque ?
- Laclos, Les Liaisons dangereuses, lettre CLXXV.