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Les Justes d'Albert CAMUS (Résumé & Analyse)

Publié le 15/05/2020

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« « Plus jamais nous ne serons des enfants, Boria.

Au premier meurtre, l'enfance s'enfuit.

Je lance la bombe et, en une seconde, vois-tu,toute une vie s'écoule.

Oui, nous pouvons mourir désormais.

Nous avons fait le tour de l'homme.

» Ces mots de Dora, l'une desterroristes, donnent le ton de ce drame dans lequels'opposent deux conceptions du terrorisme, la première qui s'inspire d'un esprit de vengeance, la seconde qui est pure volonté dejustice et de vie, avec le regret d'être acculé à apporter la mort. Une poignée de terroristes russes prépare un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge.

Une première tentative échoue, carl'exécutant, Kaliayev, a voulu épargner des enfants.

Son compagnon Stepan lui reproche ce geste d'humanité.

Kaliayev finit par tuer legrand-duc.

Il est pris et pendu. Tuer par amour ou par haine de l'hommeLa pièce s'inspire d'un fait historique survenu en 1905.

Un groupuscule terroriste russe composé d'une femme, Dora, et de troishommes qui appartiennent au Parti socialiste révolutionnaire est décidé à « exercer la terreur jusqu'à ce que la terre soit rendue aupeuple ».

Il organise un attentat contre le grand-duc Serge.

C'est Yanek Kaliayev, un jeune révolutionnaire que l'on appelle aussi « lePoète » qui est chargé de l'exécution.

Kaliayev est entré dans la révolution parce qu'il « aime la vie », comme il l'explique dans lepremier acte à son compagnon Stepan, dont il subit l'hostilité.

Stepan a, en effet, d'autres motifs pour se lancer dans le terrorisme : ilest passé par le bagne et en est sorti animé d'une farouche volonté de vengeance.

Il méprise, et envie à la fois, la fantaisie, la vitalitéet l'exaltation de Kaliayev dont Dora est amoureuse.

L'attentat est précédé d'une première tentative qui échoue.

Kaliayev a en effetrenoncé à lancer la bombe parce que le grand-duc était accompagné de deux de ses tout jeunes neveux.

Stepan l'accuse alors delâcheté.

Finalement Kaliayev tue le grand-duc, est emprisonné, mais refuse de demander sa grâce, malgré l'insistance de la grande-duchesse qui est venue le trouver en prison.

Il est exécuté au grand désespoir de Dora. Les contradictions du terrorismeCamus s'emploie dans cette pièce à analyser les différentes justifications du meurtre politique.

Il fait la part belle à Kaliayev qui inspired'emblée la sympathie par son humanité plus encore que par son courage.

Pour cela, il confronte son héros non seulement àl'intransigeant Stepan, mais à la femme qu'il aime, Dora, et à la grande-duchesse, l'émouvante femme de sa victime.

Derrièrel'hommage rendu à Kaliayev, on trouve l'hostilité de Çamus à une certaine forme de fanatisme politique représenté ici par Stepan(rappelons qu'à l'occasion de la guerre d'Algérie, l'écrivain a pu affirmer qu'« entre la justice et sa mère », il choisissait sa mère). 1 • LE CONTEXTE Passionné par les problèmes politiques, moraux et philosophiques que posent les révolutions, Camus a composé Les Justes en 1949, àpartir d'un fait historique réel.

L'agitation des années d'après-guerre, riches en procès politiques et en condamnations à mort, asensibilisé l'auteur de L'Homme révolté aux cas de conscience que rencontre tout révolutionnaire face à une « noble cause » qui n'apas de prix.

La pièce met en scène les thèses humanistes de l'auteur sur l'éternel débat, actualisé par les circonstances, de la fin et desmoyens. 2 • LE TEXTE En 1905, à Moscou, un petit groupe de socialistes révolutionnaires forme le projet d'assassiner le grand-duc.

jugeant le crime à la fois« inexcusable et nécessaire », ils sont prêts, à l'instar de Ste-pan, à sacrifier leur vie pour leur cause.

Mais le jour de l'attentat,Kaliayev, poète épris de Dora, aperçoit des enfants dans la calèche de sa future victime et renonce à lancer sa bombe.

C'est àl'occasion d'une seconde tentative que le poète parvient à tuer le grand-duc.

Emprisonné, puis exhorté à dénoncer ses camarades, ilrefuse de céder au chantage.

Ébranlé par la détresse de la veuve de sa victime, Kaliayev meurt en héros après avoir rejeté la « grâce» proposée par cette dernière.

Dora décide alors de prendre la relève de son ami, pour le rejoindre dans la justice et dans la mort. 3 • LES THÈMES MAJEURS La passion de la justiceLa justice fait office de foi ; elle anime l'homme révolté soucieux de substituer à l'injustice qui l'environne le « sens de la justice » quiest en lui.

Camus montre en quoi cette passion exclusive mène aux excès de la terreur : pour le terrorisme révolutionnaire, incarnépar Stepan, la vie d'un enfant innocent ne compte pas.

Mais cette passion peut aussi avoir l'amour pour moteur, à travers le sens dudévouement. Le cas de conscienceKaliayev et Dora illustrent le cas du conflit intérieur ou du dilemme.

À cause de leur amour exclusif pour le juste, ils sont tiraillés entreune exigence révolutionnaire qui commande de tuer et le respect pour la vie.

Écartelés entre le sens de la patrie et le bonheurpersonnel, les deux amants sont en perpétuelle situation de sacrifice. • Le bonheur terrestrePour les révolutionnaires des Justes, le bonheur n'a de sens qu'ici et maintenant.

C'est pourquoi Kaliayev refuse d'entendre la « bonneparole » de la grande-duchesse en prison.

Jamais acquis, toujours à réaliser, le bonheur sur terre est la raison d'être de la justice. 4 • L'ÉCRITURE • Une tension dramatiqueElle naît d'affrontements constants : le doctrinaire efficace et le moraliste, le juste et le machiavélique, l'intellectuel terroriste et lebourreau inculte, le meurtrier et la veuve...

En contrepoint, les dialogues entre Dora et Kaliayev forment un duo anxieux.

Le besoininquiet de Dora de s'assurer que l'amour tient une place aussi importante que la justice est accentué par les silences de son amant. • Un théâtre de situationsCette pièce, riche en contradictions, en conflits et en types de caractère, exprime le goût prononcé de l'auteur pour un théâtre d'idées,qui met en jeu le destin humain dans ce qu'il a de simple et de grand à la fois.

Jamais au repos, les personnages sont sans cessepoussés à effectuer des choix et à agir.. »

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