Les fragmentations en Inde
Publié le 10/03/2025
Extrait du document
«
DS Géographie
Dans la bande dessinée Souffler sur le feu, Joe Sacco enquête dans la
région de l’Uttar Pradesh sur les violences entre groupes religieux indiens et
leurs difficultés à pratiquer une urbanité dans des quartier ou penshayat
commun.
Cette caractéristique est l’un des aspect de la fragmentation urbaine
en Inde et en Asie du Sud-est.
Pourtant, ce n’est pas l’unique processus.
En
effet, la fragmentation urbaine est le processus de séparation et de morcellement
du tissu urbain et de la gouvernance urbaine.
Elle est du à de nombreux facteurs
sociétaux, donc le terme fragmentation doit toujours être rattaché à une
caractéristique.
L’urbanité est l’ensemble des pratiques de faire société dans la
ville qui peut être désigné par « town » en Inde à la différence du village qui est
le penshayat.
La ville en Inde et en Asie du Sud-est est donc attaché à de
nombreuses contraintes du aux pluralités des sociétés dans ses régions qui
engendrent des fragmentations urbaines.
Ces fragmentations sont engendrées
par différents acteurs, tant légitimes qu’illégitimes mais aussi publiques ou
privés.
Pourtant, peut-il y avoir qu’un seul type de fragmentation urbaine, ou
bien n’existe-t-il pas aussi de fragmentation culturelle, politique ou encore
économique qui différencient ces processus ? En quoi la pluralité des sociétés
en Asie du Sud-est et en Inde montre-t-elle une multiplicité de fragmentation
urbaine et donc la disparition d’un seul modèle de ville dans cette région ? Tout
d’abord, l’idée de faire ville en Inde est une problématique historique et
culturelle, puisqu’elle est influencé par une structuration religieuse et
linguistique qui ne porte pas à une unicité dans la figure de la ville .
Puis, la
fragmentation urbaine s’inscrit dans un passé colonial, avec un urbanisme de
ségrégation et sociale au sein de la ville, soutenu par une politique nationaliste
hindou.
Enfin, même au seins de castes formés et de groupes culturelles se
forment des fragmentation de niveau économique au sein de l’urbanisation.
Les premières traces d’urbanité en Inde datent d’il y a -2000 -1500 av JC, dans la vallée gangétique au nord de l’Inde.
Ces villes vont croître en même
temps que la diffusion religieuse en Inde, le bouddhisme, et notamment des
textes brahmaniques plaçant une structure idéale pour les centres urbains, que la
géographe O.Varrel décrypte dans un article, posant ainsi les castes que l’on
nomme « varna », divisée en quatre, et à l’intérieur de ces castes se situent les
« jatis » d’autres structures d’une organisation sociale complexe.
La structure
de la ville se fonde sur cette organisation, avec au centre de la ville, les
brahmanes, puis plus la population vit en périphérie, plus sa caste est basse,
pour arriver aux limites de cette urbanisation, avec les hors-castes ou les
« intouchables ».
L’urbanisation est l’expansion de la ville sur une surface,
suivit d’une augmentation de la démographie pour toujours avoir une densité
identique.
Hors, cette définition d’urbanisation convient peu pour l’Inde,
puisque même la dénomination de ville est contestée.
En effet, le village en
Inde est le penshayat et est la structure idéale pour l’organisation selon les
castes, au contraire de la ville qui est le milieu de la destructuration.
Il y a donc
une véritable fragmentation culturelle au sein de la ville, organisé presque
comme une planification urbaine.
Pour remédier à ce problème, la définition de
la ville à évoluer en 2011, pour mieux encadrer cette notion d’urbanité, et fait
référence au pourcentage des travailleurs agricoles en ville, à la densité et
surtout à l’effacement de la structure culturelle dans les ville.
Pourtant, le statut
de ville reste péjoratif, puisque l’Inde reste l’un des pays les plus rural au
monde avec seulement 30 % de la population qui est considérée comme
urbaine.
Ce refus de faire ville est aussi du à des questions économiques, puisque la ville
a bien plus de réglementation et de taxes contre les entreprises et industries, et il
y a donc une forte pression de la part des industrielles indiens à rester dans des
centres urbains au statut de penshayat.
Cette structure fait entrer dans une
politique urbaine un acteur privé, pour mener à bien leurs processus, et propose
une nouvelle définition de la ville, le desakotas.
Cette tendance est combattu
par des acteurs démocratiques tels que Nehru en 1947, suite à l’indépendance
de l’Inde, en cherchant à urbaniser les populations indiennes pour une
destructuration des castes et un encadrement plus démocratique pour la
nouvelle nation qui est en construction.
Ce plan de Nehru passe par plusieurs
structures, le rôle d’une identité linguistique, donc la diffusion de l’hindi
comme langue nationale, mais aussi la valorisation et la légitimité de langue
régionale qui vont servir à définir les frontières des régions.
Nehru met en place
aussi de nouveaux centres politiques, qui passent par la construction de
nouvelle ville ex-nihilo, comme l’exemple de Chandigarh dans la région du
Penjab, qui est bâtie en 1951 par l’architecte Lecorbusier.
Cette volonté de
construction de nouvelle ville vise à effacer les fragmentations urbaines
présentent dans les penshayats, mais par la mise en place d’une ville suivant un
urbanisme, des fragmentations se mettent en place par notamment la
reconfiguration et le placement des populations selon leurs ethnicités ou
religions, formant ainsi de petits centres urbains reliés les uns les autres par un
urbanisme imposé.
Pourtant, l’urbanisme en Inde n’est pas chose nouvelle, puisque dès la
colonisation, les villes ont connus une planification urbaine pour plusieurs
raisons, d’une part la recherche d’une ville salubre avec la création d’égout, de
canalisation mais surtout à placer une fragmentation sociale importante et
physique, matérialiser par une frontière.
Cette tendance mène à la création de
deux pôles urbains distincts, comme à New Delhi, qui est la ville coloniale,
avec une planification urbaine suivant le modèle victorien, et le Old Delhi, au
nord, qui est le centre urbain historique.
Ce processus se retrouve dans à peu
près toute les grandes villes d’Inde et d’Asie du Sud-est avec l’exemple de
Dacca ou le centre historique se situe près du fleuve tandis que la ville colonial
se situe plus au nord, à l’intérieur des terres.
Ce processus par un acteur public
et légitime vise à séparer les colons des populations locales, mais aussi à
distinguer au sein de la société indienne, en continuant la fragmentation des
castes au sein des populations vivant dans la nouvelle ville.
Il y a donc création
de séparation physique où l’exemple de Bangalore est le plus marquant, avec
une frontière végétale entre quartier colonial, et quartier indien.
La question
raciale est l’un des....
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