Les Fables de La Fontaine ont-elles pour finalité d'instruire?
Publié le 06/01/2022
Extrait du document
«
Né à Château-Thierry en Champagne en 1621, Jean de La Fontaine s’installe à Paris
en 1658, et fait partie des écrivains qui entourent le ministre Fouquet au château de Vaux-Le-
Vicomte.
Après la disgrâce de Fouquet, La Fontaine fréquente les salons parisiens et obtient la
protection de diverses personnes, notamment Mme de la Sablière.
Poète officiel de la cour il a
environ quarante ans lorsque, après avoir publié une partie de ses Contes il se met à l’écriture
des douze livres des Fables.
Plus de 200 fables sont publiées en trois recueils.
Le premier
livre est rédigé pour l’éducation du Dauphin, fils du roi de France et paraît en 1668 (livres 1 à
6) .
Des animaux dotés de la parole sont mis en scène pour apporter un précepte.
Le deuxième
recueil paraît en 1678 (livres 7 et 8).
Enfin un troisième recueil est publié en 1679 (livres 9,
10 et 11).
Dans ces deux derniers recueils bien que les animaux soient encore présents l es
personnages humains et les figures mythologiques sont davantage présents.
La Fontaine
insiste sur la fonction éducative de son travail : « je me sers d'animaux pour instruire les
hommes ».
La finalité du récit dans les Fables est-elle donc l’instruction ? Certes pour La
Fontaine il ne s’agit pas de conter pour conter.
Le récit dans les Fables comporte un
enseignement, il a donc une visée pédagogique.
Cependant l’instruction n’est pas le seul but
du récit puisque, conformément à l’esprit classique, le récit doit plaire.
Aussi, le récit ne
relève pas seulement de l’instruction mais de la réflexion.
En effet, La Fontaine s’interroge et
interroge le lecteur sur une variété de sujets et apporte un regard critique sur la société.
Les fables de La Fontaine sont des apologues.
Elles appartiennent au récit dans lequel
une morale est illustrée, d’où leur finalité instructive.
Les différents récits des Fables
conduisent à différents enseignements.
Le terme « apologue » est issu du grec « apologos » qui signifie récit détaillé.
Il s’agit
d’un récit bref en prose ou en vers, dont on tire une instruction morale.
Les Fables de La
Fontaine répondent parfaitement à cette définition de l’apologue que La Fontaine souligne
dans sa préface : « Nous voyons que la Vérité a parlé aux hommes par paraboles ; et la
parabole est-elle autre chose que l’apologue, c’est-à-dire un exemple fabuleux, et qui
s’insinue avec d’autant plus de facilité et d’effet qu’il est plus commun et plus familier ? [...]
L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme.
Le corps est la fable ; l’âme, la moralité.
».
Il s’agit donc d’un récit concis ayant recours à
l’imagination (la fable) pour donner une instruction (la moralité).
En d’autres termes le récit
est le moyen de l’apologue pour donner un enseignement moral.
Il convient donc ici de
préciser les termes de « morale » et de « moralité ».
La morale est un concept qui situe
l’action humaine dans son rapport au juste ou à l’injuste.
La moralité est l’enseignement
moral que l’on tire de la fable mais elle est aussi dans son sens vieilli la sentence,
l’énonciation du précepte moral.
La moralité est située à la fin, au début ou au cœur de
l’apologue.
Sa place stratégique révèle l’importance qu’elle occupe dans le texte.
La moralité
peut alors être explicite, lorsqu’elle est directement formulée ou implicite lorsqu’elle n’est pas
dite mais suggérée par le récit.
La plupart des fables de La Fontaine contiennent une moralité
explicite.
Mais quels sont donc ces enseignements moraux évoqués ou insufflés par le récit ?
La Fontaine traite de sujets variés et les moralités dans ses récits sont diverses.
Pour
n’en citer que quelques-unes résumées succinctement : le bonheur est plus important que
l’argent, l’amitié est nécessaire, l’esprit est préférable à l’apparence, la raison vaut mieux que
l’imagination, la simplicité doit être prônée, la vanité est un terrible défaut, la prudence évite
les dangers, la ruse est salvatrice… La fable enseigne donc des comportements, des réflexes à
avoir, et délivre une leçon de sagesse.
Pour illustrer notre propos prenons quelques exemples.
Dans la fable 10 du Livre 14 « Le Loup et le chien maigre » le loup se laisse convaincre par le.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Dans son traité d'éducation, Émile, publié en 1762, Rousseau déclare à propos de l'utilisation, fréquente à l'époque, des Fables pour l'éducation morale des jeunes enfants : Composons M. de La Fontaine. Je promets quant à moi de vous lire, de vous aimer, de m'instruire dans vos fables, mais pour mon élève, permettez que je ne lui en laisse pas étudier une seule. Dans quelle mesure votre lecture personnelle du 2e recueil des Fables vous permet-elle de comprendre et de partager les rét
- La Fontaine introduit le livre I des Fables en s'adressant à monseigneur le Dauphin en ces termes : « Je ne doute point monseigneur, que vous ne regardiez favorablement des inventions si utiles et tout ensemble si agréables ». Comment l'apologue parvient-il à plaire et instruire en même temps ?
- La Fontaine écrit, au sujet de la fable : « En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire. » Montrez, en prenant des exemples dans quelques-unes des fables que vous connaissez, comment il atteint ce double but.
- La Fontaine introduit le livre I des Fables en s'adressant à monseigneur le Dauphin en ces termes : « je ne doute point monseigneur, que vous ne regardiez favorablement des inventions si utiles et tout ensemble si agréables ». À partir de vos lectures personnelles vous discuterez de l'articulation de ces deux aspects, plaire et instruire dans les genres de l'essai, du dialogue et de l'apologue ?
- Qui ne prend plaisir à la lecture des Fables de La Fontaine ?