Les États et la production de la connaissance
Publié le 09/04/2024
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Les États et la production de la connaissance
Depuis l'aube des civilisations, les États ont joué un rôle crucial dans la
production, la transmission et la régulation de la connaissance.
Leur influence
s'étend sur une gamme diversifiée de domaines, de l'éducation à la recherche
scientifique, en passant par la culture et l'innovation technologique.
Cette
relation entre les États et la production de la connaissance suscite un intérêt
croissant tant dans les cercles académiques que dans les sphères politiques.
Quels sont les enjeux fondamentaux de la relation complexe entre les Etats et
la production de la connaissance ? C’est en analysant les États favorisant les
conditions d'émergence de la connaissance, puis, comment la sécurité de la
connaissance devient un outil de puissance, et enfin, si les États peuvent
paradoxalement constituer un frein à la production de la connaissance que
nous tenterons de répondre à cette problématique.
Tout d’abord, les États favorisent les conditions d’émergence de la
connaissance.
En effet, Le financement des moyens d'élaboration de la
connaissance revêt une importance capitale dans le paysage de la production
intellectuelle et académique.
Traditionnellement, les États ont été les
principaux pourvoyeurs de fonds pour la recherche et l'éducation, investissant
dans les universités, les laboratoires de recherche et les centres d'études.
Historiquement, de nombreux pays ont privilégié un modèle dans lequel les
États étaient les principaux pourvoyeurs de fonds pour ces domaines.
Par
exemple, la France consacre environ 2,3% de son PIB à la recherche et au
développement, avec une grande partie de ce financement provenant du
gouvernement central, notamment à travers des organismes tels que le CNRS
(Centre national de la recherche scientifique) et l'enseignement supérieur
public.
Ces investissements sont souvent considérés comme des moteurs
essentiels de l'innovation et du progrès dans de nombreux domaines, allant
des sciences fondamentales aux sciences sociales en passant par les arts et les
lettres.
D’ailleurs, les États-Unis investissent massivement dans la recherche,
avec des fonds provenant à la fois des agences fédérales comme la National
Science Foundation et du soutien financier des universités publiques et
privées.Les budgets alloués par les États pour la recherche et l'éducation sont
souvent le reflet des priorités politiques et économiques du moment, et leur
répartition peut être l'objet de débats intenses entre différentes parties
prenantes, notamment les chercheurs, les institutions académiques, les
décideurs politiques et la société civile.
En parallèle, on observe également une
montée en puissance d'autres sources de financement, telles que les
partenariats public-privé, les fondations philanthropiques, les contrats de
recherche avec l'industrie et les initiatives de financement participatif.
Ces
nouvelles formes de financement peuvent offrir des opportunités
supplémentaires pour la recherche et l'innovation, mais elles soulèvent
également des questions sur l'indépendance et l'objectivité de la recherche,
ainsi que sur la concentration du pouvoir entre les mains de certains acteurs
privés.
Dans cet environnement complexe, la question du financement des
moyens d'élaboration de la connaissance est au cœur des débats sur la
gouvernance de la recherche et de l'éducation, et sa résolution efficace
nécessite une approche équilibrée et participative, prenant en compte les
intérêts et les perspectives de toutes les parties prenantes impliquées.
De plus, Les États jouent un rôle crucial dans la promotion de la
circulation de la connaissance à l'échelle nationale et internationale.
En effet,
ils mettent en place des politiques et des initiatives visant à encourager
l'échange d'idées, de savoirs et de technologies entre différents acteurs, tant
au sein de leur propre territoire qu'avec d'autres pays.
Il existe par exemple
des politiques de libre accès aux résultats de la recherche scientifique.
Des
pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et certains pays européens ont
adopté des politiques de libre accès, exigeant que les résultats de la recherche
financée par des fonds publics soient rendus accessibles au public sans
restriction.
Cela favorise la diffusion rapide des connaissances, permettant à un
plus grand nombre de personnes, y compris les chercheurs, les professionnels,
les décideurs politiques et le grand public, de bénéficier des avancées
scientifiques et technologiques.
De plus, les États encouragent souvent la
mobilité internationale des chercheurs et des étudiants à travers des
programmes de bourses d'études, des échanges universitaires et des
partenariats de recherche internationaux.
Par exemple, le programme
Erasmus+ de l'Union européenne offre des possibilités de mobilité aux
étudiants, aux enseignants et aux chercheurs, favorisant ainsi la collaboration
et l'échange de connaissances entre les universités européennes.
De plus, des
initiatives telles que le programme Fulbright des États-Unis facilitent les
échanges académiques et culturels entre les États-Unis et d'autres pays,
renforçant ainsi les liens internationaux dans le domaine de la recherche et de
l'enseignement supérieur.
Les États peuvent également jouer un rôle actif dans
la promotion de la circulation de la connaissance à travers des partenariats et
des accords internationaux.
Par exemple, l'Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la science et la culture (UNESCO) œuvre à la promotion de la
coopération internationale dans les domaines de l'éducation, de la science et
de la culture, en encourageant le partage des connaissances et des bonnes
pratiques entre les pays membres.
De même, des accords bilatéraux et
multilatéraux entre les États favorisent la collaboration scientifique et
technologique, permettant la mise en commun des ressources et des
expertises pour relever des défis communs, tels que le changement climatique,
la santé mondiale et le développement durable.
Ensuite, la sécurité de la connaissance est devenue un véritable outil de
puissance.
En effet, cest un aspect essentiel de la politique des États, visant à
protéger leurs intérêts nationaux, à renforcer leur souveraineté et à maintenir
leur compétitivité sur la scène mondiale.
Cela doit garantir leur leadership dans
des domaines clés.
Certains États ont instauré des politiques de sécurité
nationale dans le domaine de la technologie de l'information et de la
communication (TIC).
Des pays comme la Chine, les États-Unis et la Russie ont
adopté des mesures visant à renforcer la sécurité de leurs infrastructures
informatiques et à protéger leurs données contre les cybermenaces.
Par
exemple, la Chine a mis en place une série de lois et de réglementations
strictes sur la cybersécurité, exigeant que les entreprises opérant sur son
territoire stockent les données des utilisateurs chinois sur des serveurs situés
en Chine, afin de renforcer son contrôle sur les informations sensibles.
De
même, les États-Unis ont adopté des politiques de renforcement de la sécurité
informatique, notamment à travers des initiatives telles que le National
Institute of Standards and Technology (NIST) Cybersecurity Framework, visant
à protéger les infrastructures critiques et à promouvoir la collaboration entre le
secteur public et privé dans la lutte contre les cybermenaces.
Dans le domaine
de la recherche scientifique et technologique, les États cherchent également à
sécuriser leur avantage concurrentiel en protégeant leurs découvertes et leurs
innovations.
D’ailleurs, les gouvernements investissent dans la recherche et le
développement de technologies de pointe, telles que l'intelligence artificielle, la
biotechnologie et les technologies de l'espace, tout en mettant en place des
mécanismes de protection de la propriété intellectuelle pour préserver les
droits de leurs chercheurs et de leurs entreprises.
Des pays comme les ÉtatsUnis et la Chine mènent une course à l'innovation dans des domaines
stratégiques, en investissant massivement dans la recherche fondamentale et
appliquée, et en mettant en place des politiques de soutien à l'entrepreneuriat
et à l'innovation pour stimuler le développement de nouvelles technologies.
Enfin, les États utilisent également la sécurité de la connaissance comme un
outil de soft power, en promouvant leur expertise et leur leadership dans des
domaines spécifiques.
Par exemple, des pays comme la France et l'Allemagne
ont mis en place des politiques de diplomatie scientifique et technologique,
visant à renforcer leurs relations internationales à travers la coopération
scientifique et l'échange de connaissances.
Des initiatives telles que le
programme Horizon Europe de l'Union européenne ou le programme de
bourses Fulbright des États-Unis facilitent la mobilité internationale des
chercheurs et des étudiants, renforçant ainsi les liens entre les différentes
communautés scientifiques et contribuant à la projection de l'influence des
États sur la scène mondiale.
Puis, Le rôle des régulateurs étatiques dans la production de la
connaissance est crucial pour assurer un environnement propice à l'innovation,
à la créativité et à la qualité des savoirs produits.
Les États interviennent à
travers leurs organes de régulation pour influencer la manière dont la
connaissance est produite, diffusée et utilisée, en mettant en évidence des
exemples concrets.
Dans le domaine de la recherche scientifique et
académique, les États jouent un rôle majeur dans l'établissement de normes et
de standards de qualité.
Par exemple, des agences gouvernementales telles
que le National Institutes of Health (NIH) aux États-Unis et le Conseil européen
de la recherche (ERC) au sein de l'Union européenne définissent des critères
d'éligibilité et d'évaluation pour le financement de la recherche, favorisant ainsi
l'excellence scientifique et la compétitivité internationale des chercheurs et des
institutions de recherche.
De même, des organismes de régulation tels que
l'Agence nationale de la recherche (ANR) en France et le Consejo Nacional de
Ciencia y Tecnología (CONACYT) au Mexique supervisent et évaluent la qualité
des projets de recherche financés par l'État, en veillant à ce qu'ils répondent
aux critères de pertinence, de rigueur....
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