«LES ESSAIS» DE MONTAIGNE, UN LIVRE POUR TOUS LES TEMPS
Publié le 21/12/2021
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«LES ESSAIS» DE MONTAIGNE, UN LIVRE POUR TOUS LES TEMPS
Emile Faguet estime que Les Essais sont à la fois « un livre pour les hommes du temps
de Montaigne» et «un livre pour tous les temps».
En vous aidant des pages des Essais
que vous connaissez, vous préciserez le sens de ces deux formules, et, compte tenu du
jugement que vous portez vous-même sur l' œuvre de Montaigne, vous direz celle qui
vous parait la plus pertinente.
DISSERTATION RÉDIGÉE
Montaigne est un homme du xvie siècle.
Comme Rabelais, c'est un humaniste.
Il est
considéré comme penseur plutôt que comme philosophe, en ce sens qu'il n'a pas établi
un système précis, mais que ses idées dérivent de plusieurs doctrines dans lesquelles il a
tiré ce qui lui paraissait être le meilleur.
Ce sont les périodes très diverses qu'il a
traversées qui l'influenceront et le feront réfléchir sur des problèmes, nés de ses propres
expériences.
Le titre de son œuvre lui-même en révèle la « substantifique moelle ».
«
Essais » ne veut dire autre chose que « Expériences » et leçons tirées de ces
expériences.
Ses expériences sont si variées que l'on touche tous les problèmes.
Et Emile Faguet
estime que Les Essais sont à la fois « un livre pour les hommes du temps de Montaigne »
et « un livre pour tous les temps »...
Les deux formules semblent en désaccord mais en
réalité il semble que l'une englobe l'autre.
Son œuvre est unique, un seul livre, et pleine de diversité.
Il est difficile de croire que
c'est le même Montaigne dans « l'art poétique » où se révèle un style vif, si scintillant et
si allègre, et où l'auteur rit du lecteur qui perd le fil de son idée que dans « Montaigne
s'apprivoise à la mort » où, après son grave accident, il analyse avec minutie tous ses
sentiments, et ce qu'il a ressenti dans cet état de torpeur et de demi-coma ; si « l'art
poétique » semble être un sujet anodin, celui de la mort est plus grave, et fait réfléchir
les hommes, qui, de quelque époque soient-ils, se sont inquiétés de leur destinée.
.Montaigne répond à ce problème par une solution dénuée de tout stoïcisme : la
meilleure façon de s'habituer à l'idée de la mort est d'y penser souvent.
D'ailleurs, lui, qui
a été pendant quelques jours si près de la mort, se rend compte que cet état est loin
d'être désagréable.
Combien est douce cette torpeur ! Mais voilà l'exemple d'un problème
qui répond aux deux idées d'E.
Faguet : un problème de tous les temps, mais
spécialement pour les « hommes du temps de Montaigne » qui vivaient une période
assez troublée : celle des guerres de religion.
Son portrait est la note pittoresque du
début des Essais : « C'est moi que je peins...
» il se présente comme un homme simple
avec qualités et défauts, « maladroit à la paume », « ayant des mains si grandes » qu'il
ne peut tailler une plume lui-même...
; ce début est séduisant, réconfortant, et chacun
se cherche des points communs avec lui.
Le problème de l'éducation est resté d'actualité,
mais le système trouvé par Montaigne ne peut être applicable qu'à un petit groupe
d'aristocrates : un maître et un élève comme l'avaient proposé, avant lui, Rabelais" dans
l'éducation de Gargantua, et après lui Rousseau dans l'Emile, ce qui prouve que des
hommes de « tous les temps » s'en sont préoccupés...
Ses idées religieuses et politiques,
influencées par son époque, sont établies sous le signe de la liberté et l'indépendance :
c'est une leçon à l'égard des courtisans, car lui a toujours su rester à l'écart, évitant ainsi
les conflits.
De là découlent ses idées de tolérance et il a applaudi à ce succès que
représente pour' lui l'Edit de Nantes.
Idées de tolérance, d'indépendance, de liberté, c'est
ce que les hommes ont toujours cherché à conserver, quel que soit leur temps, mais
peut-être spécialement au xvie siècle, à cause des troubles qui régnaient...
Chez
Montaigne, si les situations, les exemples diffèrent, le fond des idées reste très moderne.
Son texte sur l'amitié demeure néanmoins l'un des plus beaux exemples de l'accord et
l'harmonie entre deux âmes : une amitié avec Etienne de La Boétie, que Montaigne lui-
même n'explique pas...
« Parce que c'était lui, parce que c'était moi...
» Une amitié vraie
et enviable.
« Nature est un doux guide...
» résume un art de vivre facile et heureux : «
Quand je dors, je dors, quand je danse, je danse,..
» Y a-t-il quelque chose de plus net
et de plus vrai ?.
»
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