Les discours actuels sur le malheur des jeunes face à « l'incertitude de l'avenir » irritent l'auteur de cette page ; elle réplique : « Ces platitudes, tant de fois entendues, entretiennent une mystification à la fois déloyale et funeste. » Vous direz ce que vous pensez de ce point de vue de France Quéré.
Publié le 29/06/2020
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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Les discours actuels sur le malheur des jeunes face à « l'incertitude de l'avenir » irritent l'auteur de cette page ; elle réplique : « Ces platitudes, tant de fois entendues, entretiennent une mystification à la fois déloyale et funeste. » Vous direz ce que vous pensez de ce point de vue de France Quéré.. Ce document contient 2223 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.
« 1 Les nouvelles générations auraient les épaules chargées d'un préjudice aussi affreux qu'inédit : l'incertitude de l'avenir. Ces platitudes, tant de fois entendues, entretiennent une mystification à la fois déloyale et funeste. À quoi sert-il de se lamenter sur 5 une sorte de fatalité que nos savants analystes s'appliquent à décrire comme imparable et dont ils n'essaient par conséquent jamais de nous délier ? Au contraire, ils semblent enliser à plaisir la jeunesse dans son malheur. La crainte de ne pas trouver d'emploi, disent-ils avec le plus grand sérieux, dissuade les jeunes 10 de s'appliquer à leurs études ; l'éventualité du divorce les empêche de se marier. Oui, sous ces banalités perce une équivoque complicité. En sciences humaines, les analyses ne sont jamais neutres ; elles prennent parti, quand elles ne prétendent que décrire. 15 En expliquant la paresse par le découragement, nos raisonneurs reproduisent et donc confortent le discours du paresseux, qui a existé de tout temps : on est paresseux par tempérament, et non pour avoir conclu à l'inutilité de l'effort. Mais la crise aujourd'hui fournit un prétexte honorable au fainéant qui s'abrite derrière sa 20 condition de victime. L'absurdité de l'argument saute aux yeux. Comme le chômage frappe surtout ceux qui sont dépourvus de qualification professionnelle, il devrait plutôt stimuler ceux qui le redoutent, et c'est probablement ce qu'il fait. Les observateurs seraient mieux avisés de donner des conseils d'énergie au lieu de 25 gémir vainement sur une fatalité dont ils affectent aussi scandaleusement le mariage. L'instabilité des unions, que l'on sache, dépend au premier chef de ceux qui les dénouent. C'est sottise de l'évoquer sur le mode de la passivité, comme si les couples n'étaient pas les mieux placés pour remédier à leurs 30 propres maux. De fait, beaucoup vivent dans l'illusion que leur vie amoureuse est subie, et non agie : on le leur dit, donc ils le disent. Les discours actuels, commandés par le postulat que plus c'est triste, plus c'est profond, commettent cependant deux erreurs, une sur la jeunesse, l'autre sur l'avenir. 35 Interrogeons les adolescents sur ce qu'ils pensent du futur Nous entendrons des réponses si variées qu'elles nous interdisent de conclure à un défaitisme général : certains sont désespérés, d'autres, plus nombreux, semble-t-il, témoignent d'une confiance ingénue, beaucoup sont indifférents, ou n'y songent pas. C'est 40 nous qui leur prêtons, avec cet effroi supposé, des réflexes de vieux, qui ne leur ressemblent guère. Croire en l'avenir, quand on a vingt ans, et croire en soi sont à peu près la même chose. L'existence les embrase ; qu'est-ce que douter auprès de cette énergie qui les déborde ? Ils ont la vitalité 45 de l'herbe qui se remet à pousser entre les gravats d'une ville écroulée. Qu'ils vivent avec intensité autorise-t-il à dire que le présent est leur refuge ? Pourquoi leur refuge ? Tant de forces en eux, tant de biens autour d'eux, comment la plupart ne donneraient-ils pas la priorité au temps de la possession sur le temps de la 50 préparation ? Le futur est incertain, voilé, abstrait ; le présent, comme l'arbre du jardin, est séduisant à voir et bon à manger. Temps entre tous royal, puisque chargé de fruits : beaucoup préfèrent ce faste à l'austérité que requiert tout avenir. Il faudrait enfin modérer nos cantilènes (1 ' sur l'incertitude de 55 l 'avenir comme si c'était une disgrâce réservée à cette génération. Dès l'origine, le tragique blesse l'existence. Sous les jeunes cieux, Caïn a tôt levé son bras sur son frère. Quelle vie ne s'expose au virus, au croc des prédateurs, à la haine, à la mort, quelle histoire ne se déroule dans le risque ? (...) La différence entre nos ainés et 60 nous, c'est qu'il ne leur serait pas venu l'idée de réclamer des garanties à l'avenir. Quelle disposition, quelle charte, quelle signature au bas de quel papier feront tourner le futur à notre gré ? Il y a bien de la confusion dans les têtes. Nous voudrions que l'avenir obéisse à la règle du passé, qu'il soit tout fait avant que 65 d'être, et que le temps ne soit qu'une mécanique qui nous renvoie sous forme de réalités ce que nous avons déposé sous forme de désirs. Nous demandons appui au futur, qui, par définition, n'existe pas . ; et sur nous-mêmes, en qui palpitent sang et forces, nous ne comptons pas ? Étrange fuite. France Quéré, La Famille, 1990. ( 1) cantilène : chant monotone, mélancolique. Questions 1. Résumé (8 points) Vous résumerez ce texte en 190 mots ; une marge de 10 % en plus ou en moins est admise. Vous indiquerez, à la fin du résumé, le nombre de mots utilisés. ...»
«
ÉPREUVE
2
Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand,
Limoges, Nantes, Orléans-Tours,
Poitiers, Rennes Juin
1991
TEXTE Les nouvelles générations auraient les épaules chargées d'un
préjudice aussi affreux qu 'inédit : l'incertitude de l'avenir.
Ces platitudes, tant de fois entendues, entretiennent une mystifi
cation à la fois déloyale et funeste.
À quoi sert-il de se lamenter sur
5 une
sorte de fatalité que nos savants analystes s'appliquent à
décrire comme imparable et dont ils n'essaient par conséquent
jamais de nous délier ? Au contraire, ils semblent enliser à plaisir
la jeunesse dans son malheur.
La crainte de ne pas trouver
d'emploi, disent-ils avec le plus grand sérieux, dissuade les jeunes
JO de
s'appliquer à leurs études ; l'éventualité du divorce les empê
che de se marier.
Oui, sous ces banalités perce une équivoque
complicité.
En sciences humaines, les analyses ne sont jamais
neutres ; elles prennent parti, quand elles ne prétendent que
décrire.
15 En
expliquant la paresse par le découragement, nos raisonneurs
reproduisent et donc confortent le discours du paresseux, qui a
existé de tout temps : on est paresseux par tempérament, et non
pour avoir conclu à l'inutilité del' effort.
Mais la crise aujourd'hui
fournit un prétexte honorable au fainéant qui s'abrite derrière sa
20 condition
de victime.
L'absurdité de l'argument saute aux yeux.
Comme le ch�;"1) frappe surtout ceux qui sont dépourvus de
qualification professionnelle, il devrait plut�P stimuler ceux qui le
redoutent, et c'est probablement ce qu'il fait.
Les observateurs
seraient mieux avisés de donner des conseils d'énergie au lieu de
25 gémir
vainement sur une fatalité dont ils affectent aussi
scandaleusement le mariage.
L'instabilité des unions, que l'on
sache, dépend au premier chef de ceux qui les dénouent.
C'est
sottise de l'évoquer sur le mode de la passivité, comme si les
couples n'étaient pas les mieux placés pour remédier à leurs
30 propres
maux.
De fait, beaucoup vivent dans l'illusion que leur vie
amoureuse est subie, et non agie : on le leur dit, donc ils le disent.
Les discours actuels, commandés par le postulat que plus c'est
triste, plus c'est profond, commettent cependant deux erreurs, une
sur la jeunesse, l'autre sur l'avenir..
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