Les Deux Sources de la morale et de la religionHenri BergsonChapitre II (extrait)L'homme est le seul animal dont l'action soit mal assurée, qui hésite et tâtonne, quiforme des projets avec l'espoir de réussir et la crainte d'échouer.
Publié le 22/05/2020
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Les Deux Sources de la morale et de la religion
Henri Bergson
Chapitre II (extrait)
L'homme est le seul animal dont l'action soit mal assurée, qui hésite et tâtonne, qui
forme des projets avec l'espoir de réussir et la crainte d'échouer.
C'est le seul qui se
sente sujet à la maladie, et le seul aussi qui sache qu'il doit mourir.
Le reste de la
nature s'épanouit dans une tranquillité parfaite.
Plantes et animaux ont beau être
livrés à tous les hasards ; ils ne s'en reposent pas moins sur l'instant qui passe
comme ils le feraient sur l'éternité.
De cette inaltérable confiance nous aspirons à
nous quelque chose dans une promenade à la campagne, d'où nous revenons
apaisés.
Mais ce n'est pas assez dire.
De tous les êtres vivant en société, l'homme est
le seul qui puisse dévier de la ligne sociale, en cédant à des préoccupations égoïstes
quand le bien commun est en cause ; partout ailleurs, l'intérêt individuel est
inévitablement coordonné ou subordonné à l'intérêt général.
Cette double
imperfection est la rançon de l'intelligence.
L'homme ne peut pas exercer sa faculté
de penser sans se représenter un avenir incertain, qui éveille sa crainte et son
espérance.
Il ne peut pas réfléchir à ce que la nature lui demande, en tant qu'elle a
fait de lui un être sociable, sans se dire qu'il trouverait souvent son avantage à
négliger les autres, à ne se soucier que de lui-même.
Dans les deux cas il y aurait
rupture de l'ordre normal, naturel.
Et pourtant c'est la nature qui a voulu
l'intelligence, qui l'a mise au bout de l'une des deux grandes lignes de l'évolution
animale pour faire pendant à l'instinct le plus parfait, point terminus de l'autre.
Il est
impossible qu'elle n'ait pas pris ses précautions pour que l'ordre, à peine dérangé
par l'intelligence, tende à se rétablir automatiquement.
Par le fait, la fonction
fabulatrice, qui appartient à l'intelligence et qui n'est pourtant pas intelligence pure,
a précisément cet objet.
Son rôle est d'élaborer la religion dont nous avons traité
jusqu'à présent, celle que nous appelons statique et dont nous dirions que c'est la
religion naturelle, si l'expression n'avait pas un autre sens.
Nous n'avons donc qu'à
nous résumer pour définir cette religion en termes précis.
C'est une réaction
défensive de la nature contre ce qu'il pourrait y avoir de déprimant pour l'individu,
et de dissolvant pour la société, dans l'exercice de l'intelligence..
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