Les deux sources de la morale et de la religion de Bergson
Publié le 15/05/2020
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Situation dans l'œuvre de Bergson : Les deux sources de la morale et de la religion est le quatrième et dernier ouvrage considéré comme majeure, de 1932, notamment après l'ouvragede 1907 : L'évolution créatrice , œuvre majeure de Bergson.
Il y développera particulièrement les questions évoquées dans le précédent ouvrage notammenten esquissant la signification de « l'élan vital » et en lui donnant une envergurefondamentale.
Objet de l'ouvrage : Il s'agit dans cet ouvrage au-delà de la question de la morale et de lareligion qui est bien au cœur de l'ouvrage, évidemment, de comprendre et demettre à l'œuvre une distinction déjà vue chez Bergson, celle du « clos » et de« l'ouvert », du « statique » et du « dynamique ».
L'ouvrage s'articulenotamment autour de la société et du vital mettant en lumière l'élan vital àl'œuvre.
C'est donc par l'analyse de la sociale et de l'obligation comme devoirsocial que se développe la dichotomie entre la société du « clos » et celle de« l'ouvert ».
Ainsi l'ouvrage se comprend en quatre chapitres.
Le premier portesur la question de l'obligation et de l'obéissance notamment avec la métaphorebiologique.
C'est dès lors cela qui nous permettra de saisir le lien entre la société et la religion, c'est-à-dire la religion statique (second chapitre), tandis que la troisième chapitre développera lethème de la religion dynamique qui est l'apanage du saint et se saisit de l'élan créateur.
Le quatrième chapitre quantà lui cherchera à développer du point de vue plus pratique le rapport « clos » - « ouvert » du point de la société etla compréhension de leur lien et de leur interaction, ce qui sera l'occasion de développer le thème de la démocratieet de l'amour ainsi que la question de la guerre et l'institution ainsi que les moyens de la paix notamment.
Résumé 1er chapitre : « L'Obligation morale » La question principale et directrice de ce chapitre nous est indiquée par Bergson dès le début de l'ouvrageà savoir : « Pourquoi obéissons-nous ? » Si nous nous ne posons pas régulièrement la question c'est par habitude.L'obéissance est devenue une habitude.
Or dans une société que l'on peut comparer à un organisme, « dont lescellules, unies par d'invisibles liens » se subordonnent les uns aux autres suivant une certaine hiérarchie.
La sociétévise le plus grand bien de tous ce qui suppose l'existence d'une certaine discipline pouvant exiger le sacrifice d'unede ses parties.
Et « dans cet organisme, l'habitude joue le même rôle que la nécessité dans les œuvres de lanature ».
Il s'agit là d'une analogie.
Or la religion qu'on l'interprète d'une manière ou d'une autre, c'est-à-dire qu'elle soit d'essence sociale ouqu'elle le soit par accident, il n'en reste pas moins ceci : « elle a toujours joué un rôle social ».
La religion, dans sonfonctionnement, joue le rôle d'un liant entre « un commandement de la société et une loi de la nature, fonction déjàen partie assurée ou avancée par les habitudes.
En outre, l'obligation « lie d'abord chacun de nous à lui-même »même si nous nous la représentons comme un lien entre les hommes. « Ainsi la solidarité sociale n'existe que du moment où un moi social se surajoute en chacun de nous au moi individuel.
On peut donc considérer le verdict de laconscience comme celui que rendrait le moi social.
» Bergson peut donc ériger en maxime pratique que « l'obéissance au devoir est une résistance à soi-même.
» « Or de ce que c'est par des voies rationnelles qu'on revient à l'obligation, il ne suit pas que l'obligation aitété d'ordre rationnel ».
En effet, la philosophie a pu voir en elle un principe d'obligation dans la mesure où la raisonagissant comme régulatrice elle assurait une cohérence des règles ou des maximes obligatoires.
Cependant,l'essence de l'obligation n'est pas une exigence de la raison.
Pour rendre plus claire cette critique de l'impératifkantien Bergson nous propose de nous représenter « l'obligation comme pesant sur la volonté à la manière d'unehabitude, chaque obligation traînant derrière elle la masse accumulée des autres et utilisant ainsi, pour la pressionqu'elle exerce, le poids de l'ensemble : vous avez le tout de l'obligation pour une conscience morale simple,élémentaire.
C'est l'essentiel ; et c'est à quoi l'obligation pourrait à la rigueur se réduire, là même où elle atteint sacomplexité la plus haute.
On voit à quel moment et dans quel sens, fort peu kantien, l'obligation élémentaire prend laforme d'une « impératif catégorique ».
On serait embarrassée pour découvrir des exemples d'un tel impératif dans lavie courante.
La consigne militaire, qui est un ordre non motivé et sans réplique, dit bien « qu'il faut parce qu'ilfaut ».
» En ce sens, si nous voulons un impératif catégorique pur, nous pourrons le construire a posteriori.
Pouréclaircir ce point Bergson utilise l'exemple de la fourmi.
Le devoir, généralement d'essence sociale, ne correspondguère à une exigence de la raison.
Il faut en effet se représenter l'habitude comme pesant étroitement sur lavolonté.
Le devoir, dans ces conditions, s'accomplit presque toujours automatiquement.
Représentons-nous chaqueobligation traînant derrière elle la masse des autres.
Nous avons alors le tout du devoir pour une conscience moraleélémentaire.
Mais que s'éveille la réflexion suffisamment pour que l'obligation puisse se formuler, et nous aurons alors.
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