Les conséquences de l'insatisfaction au travail
Publié le 06/07/2020
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« I. Les besoins d'intérêt, de signification, de participation, d'achèvement que ne satisfont pas les tâches rationalisées de la vie de travail, dans les ateliers, les bureaux, les mines, les chantiers, les tensions latentes qu'elles entretiennent dans le psychisme de beaucoup d'individus, maintiennent leur pression hors du travail et influencent les activités, [...] durant les heures de « liberté », de plus en plus nombreuses, que laisse la réduction progressive de la journée ou de la semaine de travail. Non pas que les modalités de celui-ci expliquent, tant s'en faut, toutes les caractéristiques de loisirs dont les contenus et les formes s'avèrent si variés selon les régions, les traditions, les patterns 1 culturels et les niveaux socio-économiques. Ce serait ici, comme ce l'est toujours, une erreur que de privilégier un seul cc facteur » en prétendant y trouver la clé unique de phénomènes aussi divers et complexes. Néanmoins, les manifestations de loisirs actifs, la recherche d'activités structurées, responsables, achevées, présentent aujourd'hui une extension telle qu'on ne peut pas ne pas les relier à l'évolution contemporaine des « tâches gagne-pain » dans un immense secteur de la population active de nos sociétés industrielles. Nous avons, au reste, attiré l'attention dans d'autres études sur la multiplication, au cours des loisirs, du bricolage, du travail manuel sur << modèles réduits >> et de toute une gamme d'activités latérales, tantôt spontanément manifestées par les individus, tantôt encouragées, selon un esprit et des intentions très variés, par l'État ou de grands organismes privés, et cela dans des pays aussi divers que l'Angleterre, la France, les États-Unis, la Pologne, la Tchécoslovaquie, l'U.R.S.S. En ce qui concerne cette dernière, nos informations sur l'organisation et l'importance comparée des différentes activités parmi les ouvriers, durant leurs heures de loisirs, demeurent insuffisantes. Néanmoins, il semble bien que des phénomènes d' << activités latérales » s'y produisent dans des cadres économiques et culturels très différents des nôtres et avec une signification accrue grâce aux larges possibilités d'instruction technique et de promotion. II. Il faut noter, par ailleurs, que dans les sociétés compétitives, comme les États-Unis et d'autres nations de capitalisme évolué où le milieu technique est dense, où les consommateurs sont soumis à l'action omni-présente et dynamique de la publicité, l'éclatement des tâches n'incite pas toujours ceux qui lui sont soumis à rechercher dans leurs loisirs des activités plus complètes et à compenser ainsi leur frustration. Il tend parfois, au contraire, à désorganiser leur vie hors du travail, à stimuler des tendances agressives par lesquelles la personnalité cherche à s'affirmer de manière brutale à travers l'usage d'excitants de toutes sortes, les jeux de hasard et paris, l'alcool, des habitudes ou des poussées de consommation ostentatoire [...], des divertissements brutaux comme les « stock-cars » et des spectacles de masse prétendus « sportifs » ou « artistiques », boxe, catch, courses de bolides, films de terreur et de crime. C'est ainsi, en particulier, que certains observateurs américains, plus ou moins teintés de psychanalyse, interprètent les comportements aberrante, au cours de leurs week-ends, de manoeuvres spécialisés enserrés dans le système des rationalisations autoritaires, travaillant durant la semaine à des tâches éclatées et contraignantes, comme sur les chaînes des grandes usines d'automobiles de Detroit. D'autres insistent sur la tendance croissante à l'évasion hors du travail. Celle-ci serait même d'après Daniel Bell, un des plus pénétrants parmi les analystes de la société industrielle aux États-Unis, caractéristique de l'ouvrier américain d'aujourd'hui. « L'ouvrier, écrit-il, à ce propos, devient ennuyé, distrait, sujet aux accidents ou bien il s'écarte de la réalité, enfoncé ...»
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Les
conséquences de l'insatisfaction au travail
I.
Les besoins d'intérêt, de signification, de participation, d'achèvement que
ne satisfont pas les tâches rationalisées de la vie de travail, dans les ateliers,
les bureaux, les mines, les chantiers, les tensions latentes qu'elles entre
tiennent dans le psychisme de beaucoup d'individus, maintiennent leur
pression hors du travail et influencent les activités, [ ...
] durant les heures de
cc liberté », de plus en plus nombreuses, que laisse la réduction progressive
de la journée ou de la semaine de travail.
Non pas que les modalités de
celui-ci expliquent, tant s'en faut, toutes les caractéristiques de loisirs
dont les contenus et les formes s'avèrent si variés selon les régions, les
traditions, les patterns 1
culturels et les niveaux socio-économiques.
Ce serait
ici, comme ce l'est toujours, une erreur que de privilégier un seul cc facteur »
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