Les cadeauxIl faut croire que les enfants ont été particulièrement sages cette année car jamaisauparavant ils n'avaient reçu autant de splendides cadeaux.
Publié le 23/05/2020
Extrait du document
«
Les cadeaux
Il faut croire que les enfants ont été particulièrement sages cette année car jamais
auparavant ils n'avaient reçu autant de splendides cadeaux.
Marie découvrit les plus belles
poupées et toutes sortes de petits ustensiles flambant neufs.
Le plus beau était une robe
de soie, ornée de rubans de couleur, qui avait été accrochée à l'arbre de manière qu'on
puisse l'admirer sous toutes les coutures.
Et Marie ne s'en priva pas, s'exclamant à tout
instant:
-Oh, quelle belle robe ! Qu'elle est jolie !
Pendant ce temps-là, Fritz avait déjà fait trois ou quatre fois le tour de la table sur
son nouveau cheval, qu'il avait trouvé attaché par la bride Puis il passa en revue ses
hussards, montés sur des chevaux si blancs qu'ils semblaient, eux aussi, être en argent.
Sachant que leur parrain Drosselmeier allait à son tour leur faire découvrir ses
cadeaux, ils se précipitèrent vers la table dressée contre le mur.
On retira le paravent qui
la cachait et, devinez ce que les enfants découvrirent ? Sur une pelouse verte, parsemée
de fleurs, s'élevait un magnifique château aux innombrables fenêtres illuminées et aux
tours dorées.
Des carillons se mirent en marche aussitôt, portes et fenêtres s'ouvrirent et
de minuscules, mais ravissants personnages, des dames en robes à traîne et des messieurs
aux chapeaux à plumes apparurent, déambulant dans les salles.
Dans la pièce centrale les
chandeliers d'argent portaient tant de bougies qu'on les aurait dits en feu, et des enfants
vêtus de petites redingotes et de pourpoints dansaient au rythme du carillon.
À l'une des
fenêtres, un homme en manteau vert émeraude apparaissait régulièrement, agitait la main
avant de disparaître, et le parrain Drosselmeier en personne, à peine plus grand que le
pouce de papa, sortait de temps en temps sur le perron du château, puis rentra.
Les bras croisés au bord de la table, Fritz examina longuement le merveilleux château ainsi
que les différents personnages qui dansaient et s’y promenaient, puis s'écria :
« Parrain Drosselmeier, laisse-moi entrer dans ton château.
-C'est impossible, répondit le juge.
»
Et il disait vrai car c'était une absurdité de la part de Fritz que de vouloir entrer
dans un château qui, en comptant ses tours dorées, était plus petit que lui.
Cela, Fritz
voulut bien en convenir, mais quelques instants plus tard, comme les dames et les
messieurs continuaient à aller et venir, les enfants à danser, le monsieur au manteau
vert émeraude à apparaître à la même fenêtre, et le parrain Drosselmeier à sortir sur
le perron, Fritz s'exclama avec impatience:
« Parrain Drosselmeier, la prochaine fois, je t'en prie, sors donc par l'autre porte !
- C'est impossible, mon petit Fritz, répondit le juge.
- Alors, répliqua Fritz, dis aux personnages de changer leur promenade !
- Non, non et non ! Tout cela est impossible ! dit le juge d'un air fâché.
Le mécanisme
est ainsi fait et l'on n'y peut rien changer.
-C'est vrai ?...
demanda Fritz d'une voix traînante.
On n'y peut rien changer ? Eh bien,
dans ce cas, parrain Drosselmeier, si dans ton château tout ton cher petit monde ne
peut faire qu'une seule chose jusqu'à la fin des temps, c'est qu'ils ne valent pas grand-
chose, et ils ne m'intéressent pas spécialement.
Donne-moi mes hussards! Ils obéissent
à mon commandement, eux, et ils ne sont pas enfermés dans une maison ! ».
»
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