Les Bonnes de Jean GENET (Résumé & Analyse)

« Sa jeunesse ténébreuse.

Genêt la raconte dans son autobiographie, le Journal du voleur.

Grinçante, violente,volontiers sordide, elle est néanmoins animée d'une secrète joie qui la rapproche plutôt des poèmes d'amour que deshistoires criminelles.Parti d'un sordide fait divers de l'époque (deux bonnes qui auraient assassiné leur maîtresse dans l'espoir d'hériter),Genêt crée une grande œuvre théâtrale par une petite « astuce » qu'il exploite à la perfection : l'effacement detout mobile du crime ! Deux servantes en mal de grandeur complotent le meurtre de leur maîtresse, dans le dessein fantasmatiqued'atteindre à la pureté. Le truand homme de lettresParce que Jean Genêt fut voleur, homosexuel et vagabond, avant de devenir écrivain, les truands mis en scène dansses livres sont à coup sûr plus « vrais » que ceux d'autres auteurs : avant de naître à la littérature, ils ont d'abordété vécus de l'intérieur.

Pourtant, la force littéraire de ce Villon moderne réside moins dans son « réalisme » quedans la miraculeuse transformation du sordide en sublime qui traverse, comme un trait de lumière, les passages lesplus obscurs de son œuvre littéraire.

Les Bonnes, pièce écrite en 1947, en est un exemple. Un hymne au meurtre purificateuraction se déroule dans l'appartement d'une dame de la bonne bourgeoisie.

Tandis que Madame s'est absentée, lesdeux servantes de la maison, Claire et Solange, se livrent en secret à une ténébreuse cérémonie qui met en scènela « mort » de leur maîtresse.

Suivant un rituel établi (le même chaque soir), Claire incarne le rôle de Madame,Solange celui de la servante Claire.

Au cours d'un jeu verbal d'une extrême violence, le spectateur assiste fasciné àla soumission de la maîtresse à la servante, qui s'achève dans un corps-à-corps ambigu, à mi-chemin du meurtre etde l'étreinte amoureuse.

La cérémonie, cependant, est chaque fois interrompue par la crainte du retour de Madame.Mais, ce soir-là, Claire et Solange ont décidé d'en finir.

Elles projettent l'assassinat de Madame.

Ce crime fracassantet sans objet leur fera tenir - une seule fois, mais quelle fois ! - les premiers rôles aux assises et dans les journaux àsensation.

Dans la fébrilité, elles préparent pour Madame un tilleul empoisonné.Madame est-elle donc le Diable ? A son retour, avec une désarmante naïveté, elle déjoue mystérieusement tous lespièges tendus par ses servantes et leur échappe comme par miracle.

Restées seules, celles-ci n'ont plus qu'unrecours pour réaliser leur rêve de grandeur : Claire boit le tilleul destiné à Madame.

Solange reste à la vie, avec pourmission de revendiquer le meurtre de Claire.

Puis elle « portera Claire en elle » aux assises et jusqu'au bagne, paradisde lumière et de salut pour ces êtres de reflets et de ténèbres.. »