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les bases de la philosophie de Nietzsche

Publié le 24/01/2022

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Cette dichotomie qui oppose diamétralement deux types de civilisation s’intègre pleinement dans l’unité de l’œuvre nietzschéenne qui ne peut être appréhendée que dans sa globalité en raison des difficultés d’interprétations liées aux retouches et aux contradictions qui en ressortent. Celles-ci s’inscrivent d’ailleurs dans une conception philosophique nouvelle inaugurée par Nietzsche et récusant toute recherche d’absolu au profit d’une démystification des valeurs qui ouvre la voie au relativisme, i. e. l’incertain, le probable, l’indéterminé. Dès lors, le nouveau philosophe ne doit plus fonder sa pensée dans la recherche de certitude mais dans l’absence de fondement2 . Corrélativement, le philosophe de l’incertain doit avoir le courage de briser ses vieilles croyances même les plus chères et réfuter toute forme d’engagement. Comme le relève avec sagacité Roberto Calasso dans sa préface à Ecce Homo : « En fait, le sens de la contradiction, chez Nietzsche, est entièrement nouveau, il parle désormais d’un autre lieu, peut-être son discours est-il incongru, mais il n’est plus réfutable parce qu’il est incongru : ici, il ne s’agit plus d’incorporer la contradiction dans un système formel déguisé et non rigoureux […] ; ici, la contradiction est affirmée comme puissance autonome, hors de toute relation, elle n’attend pas de justification, elle est le jeu même de la pensée qui la veut et la réaffirme continuellement. Nietzsche est l’avènement d’une pensée qui ne veut pas s’épuiser dans la construction de systèmes formels, conscients ou inconscients, qui ne sait ni ne veut donner de preuves, qui se présente comme un pur impératif, comme une succession de formes, fondamentalement ignorante, à chaque pas, de ce qui la précède et la suit. »3 Par là, Nietzsche se situe dans le sillage d’une mutation de la pensée consacrée par Marx et dont Freud poursuivra l’ouvrage. Ainsi, doit-on d’abord au second la destruction des fétichismes, puis au premier la remise en cause des valeurs établies, enfin au dernier, la démystification des tabous et la découverte de l’homme « décentré » au profit d’un monde qui lui échappe totalement : l’inconscient.4  

« 3 INTRODUCTION « En cet endroit, songeant à la jeunesse, je m’écrie : Terre ! Terre ! C’en est assez et plus qu’assez des recherches passionnées, des voyages à l’aventure, sur les mers sombres et étrangères ! Enfin la côte apparaît.

Quelque soit cette côte, c’est la qu’il faut atterrir, et le plus mauvais port de fortune vaut mieux que le retour dans l’infini sceptique et sans espoir.

» Friedrich Nietzsche, Seconde considération intempestive.

De l’utilité et de l’inconvénient des études historiques pour la vie , Paris, Flammarion, 1998, p.

167.

Vouloir attribuer à Nietzsche une théorie générale de l’Etat relèverait d’une gageure insoutenable.

Pourtant, l’ensemble de son œ uvre est irrigué par le concept d’Etat auquel il confère selon sa définition et son conten u un sens critique ou laudatif.

D’un côté, se voulant lui-même « médecin de la civilisation », il dissèque « avec un scalpel impitoyable » 1 les ferments et l’origine du monstre étatique afin de mieux dénoncer son caractère mensonger et son usurpation de l’esprit individuel au profit des plus faibles.

De l’autre, il retrouve dans la pensée intuitive de l’art tragique et présocratique un Etat hiérarchique et dionysien permettant l’épanouissement de l’art et l’avènement du Surhomm e, esprit libre.

1 Simone Goyard-Fabre, Philosophie politique, Paris, P.U.F., coll.

« Droit Fondamental », 1985, p.

449.. »

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