« Les aveugles » (Baudelaire, Les Fleurs du mal , « Tableaux parisiens », XCII
Publié le 14/05/2021
                            
                        
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                                                                    147 dans l’édition
de référence)
https://www.cnrtl.fr/definition/
(Je  n’ai  fait  pour  vous  qu’une  seule  recherche,  je  vous  laisse  chercher  à  l’aide  de  cet  outil  ou  d’un
dictionnaire de langue en format papier la définition des autres mots qui vous sont inconnus.)
Notes pour l’explication linéaire 
Éléments pour l’introduction
- Charles Baudelaire,  Les Fleurs du mal , 1857 puis 1861
- Dans la deuxième section du recueil intitulée «   Tableaux parisiens   », le poète peint les déshérités et
les exclus de la grande ville.
                                                            
                                                                                
                                                                    
- Juste avant ce poème («   Les aveugles   », XCII, ajouté dans l’édition de 1861), évocation dans deux
longues pièces poétiques de figures hideuses comme «   Les sept vieillards   » et «   Les petites vieilles   »
- Ce sonnet traite des aveugles qui errent dans la ville.
- mouvements   :
deux quatrains   : la laideur des aveugles
deux tercets   : la mise en relation entre ces aveugles et les autres hommes
- enjeu   : comment à travers le regard qu’il porte sur les aveugles le poète exprime-t-il son rapport au
monde   ? 
Développement   :
Premier mouvement       : la laideur des aveugles (deux quatrains)    
Caractère choquant, voire provocateur de la description des aveugles   : «   ils sont vraiment affreux   !   »
(adjectif attribut du sujet dépréciatif)
v.
                                                            
                                                                                
                                                                     1   :  contraste  entre  l’incitation,  adressée  par  le  poète  à  son  âme  (destinataire),  à  «  contempl[er]  »
les aveugles et leur laideur repoussante.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Effet  de  surprise  :  pourquoi  inciter  à  contempler  la  laideur  ?  Le  terme  «  contempler  »,  qui  connote
une jouissance esthétique ou religieuse, laisse plutôt attendre un objet positif, admirable.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Mais le verbe est justifié : il s’agit en fait de méditer sur la scène vue.
                                                            
                                                                                
                                                                    
L a  l a i d e u r  d e s  a v e u g l e s  p r o v i e n t  d e  l e u r  a s p e c t  d é g i n g a n d é
( https://www.cnrtl.fr/definition/dégingandé )  ,  disloqué  dans  la  démarche  (d’où  la  comparaison  avec
les  «  mannequins  »  des  ateliers  d’artiste)  et  à  l’étrangeté  de  leur  attitude  qui  les  assimile  à  des  «
somnambules ».
                                                            
                                                                        
                                                                    
Les « globes ténébreux » de leurs yeux   : dimension plus inquiétante, macabre.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Le  rythme  de  la  phrase  qui  court  du  vers  2  au  vers  4  souligne  la  dislocation  du  corps  et  de  la
démarche : la césure du vers 2 est fortement appuyée par la pause du point-virgule, le vers 3 est un
peu  déséquilibré  par  la  pause  de  la  virgule  qui  scinde  le  premier  hémistiche  en  deux  membres  de
trois  syllabes  et  le  vers  4  se  développe  au  contraire  librement  autour  d’une  césure  peu  marquée.
L’effet d’irrégularité rythmique est manifeste.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Second quatrain   : insistance sur la posture des aveugles, qui ont le regard tendu vers le ciel : « Leurs
yeux [...] / [...] restent levés / Au ciel ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Cela s’oppose à une autre attitude, visiblement plus courante
parmi  les  hommes,  qui  est  de  «  pencher  rêveusement  »  la  «  tête  appesantie  »  «  vers  les  pavés  ».
Dévisager  le  réel,  signifié par  les  «  pavés  »  urbains,  amène  en  effet  à  s’affronter  à  la  déception  que
la réalité engendre, à la mélancolie qu’elle fait naître.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les aveugles, gardant la tête levée, persistent,
bien  que  la «  divine étincelle  »  (v.
                                                            
                                                                                
                                                                     5)  ait déserté leurs yeux,  à  fouiller  un  ciel  vide  pour  y  trouver  une
raison  de  croire  et  d’espérer.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ils  sont  encore  tendus  vers  une  origine  divine,  ou  vers  un  Idéal  qui
donnerait sens à leur existence.
Le groupe prépositionnel « au ciel » (v.
                                                            
                                                                                
                                                                    7) est en position de rejet, ce qui le met en valeur.
                                                            
                                                                                
                                                                    
!  Suggestion de l’élan, de la tension des aveugles vers le monde céleste.
                                                            
                                                                                
                                                                     
Deuxième mouvement       : la mise en relation entre ces aveugles et les autres hommes (deux tercets)    
Le  premier  tercet  opère  une  rupture  énonciative  :  alors  que,  depuis  le  vers  1,  le  poète  paraissait
s’adresser à  son « âme »,  il apostrophe désormais la ville de  Paris  : « Ô cité ! » (v.
                                                            
                                                                                
                                                                     10) sur  le mode
familier du tutoiement..
                                                                                                                    »
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