Les attentats du 11 septembre 2001 obligent à repenser la puissance
Publié le 09/09/2020
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Les attentats du 11 septembre 2001 obligent à repenser la puissance
Les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center de New York et
contre le Pentagone américain ont-ils marqué une rupture ou ont-ils été de
simples révélateurs de tendances lourdes apparues dans le sillage de la
mondialisation ou de l’échec du multilatéralisme que le système international
avait jusqu’alors réussi à maquiller ? Dans l’un et l’autre cas, c’est l’idée
même de puissance qui est en jeu : peut-être avait-on prêté trop d’attention à
l’accumulation impressionnante de ressources de puissance par les États, et
surtout les plus forts, sans s’interroger suffisamment sur la capacité de cette
puissance, ce qu’elle peut faire ou empêcher ?
À partir de novembre 1989 (chute du Mur de Berlin) ou de décembre 1991
(disparition de l’Union soviétique), les États-Unis sont restés seule
superpuissance, devenant de ce fait une « hyperpuissance » n’ayant plus
d’interlocuteur ni de réel challenger acceptant de la défier.
Pendant dix ans,
Washington a rejeté Saddam Hussein ou l’islamiste saoudien Oussama Ben Laden
(perçu comme l’instigateur des attentats) au rang, non d’ennemis, mais de «
déviants », voire de « voyous » (rogue).
L’adversaire n’en était pas un, et le «
voyou » se voyait incité à « gérer » son énorme déficit de puissance sur un
autre registre, le jeu du coup d’épingle, la stratégie du désordre,
l’accomplissement terroriste, celui-là même qui désarçonne la puissance
classique.
Le géant et le brigand
Il n’était pas sûr que cette stratégie nouvelle de « puissance régulatrice » fût
vraiment tenable.
Sur la question piégée du Proche-Orient, elle fut choisie
jusqu’à l’entêtement par le président Bill Clinton (1993-2001).
Son échec, tout
comme le demi-échec des accords de Dayton (1995) relatifs au conflit en
Bosnie-Herzégovine, a révélé que le nouvel ordre était çà et là perçu comme trop
injuste pour que la puissance américaine fût acceptée comme un régulateur
crédible.
De ce rôle manqué, les États-Unis sont sortis plus gladiateurs qu’arbitres dans
la manière dont ils furent perçus, notamment dans le monde arabe et musulman.
La
même remarque vaudrait à propos de la politique somalienne de Washington, mais
aussi pour son attitude face à l’Irak : de la guerre du Golfe (1991) aux
bombardements routiniers, cette dernière transforma peu à peu le justicier en
adversaire.
Ces transmutations ne sont pas innocentes : elles ont brisé l’élan
créé autour de l’idée de « nouvel ordre mondial » pour lui substituer celle de
pax americana ; elles ont donc dévoyé l’idée d’une puissance rénovée, tout en
cristallisant dangereusement sur les États-Unis toutes les frustrations
ressenties devant les désordres mondiaux.
La défaite dans la guerre du Vietnam avait convaincu toute une partie de
l’intelligentsia américaine, puis l’administration Carter (1977-1981), que le
soft power américain (toute forme de pouvoir ne recourant pas à la force)
permettrait de surmonter les impasses de la puissance militaire.
L’idée était
judicieuse et s’est vérifiée à travers la construction d’une incontestable
hégémonie culturelle, financière et technologique.
Cependant, la mondialisation
a mis à la disposition de tous les contestataires des instruments modernes et
sophistiqués de communication et de production de violence qu’un État,
prisonnier de sa propre logique institutionnelle, ne pouvait pas concurrencer,
sinon à la marge.
La réponse étatique aux attentats
Les États-Unis ont dû, pour donner un minimum ou une apparence d’efficacité à
leur riposte, gérer cette crise transnationale selon les vieilles recettes d’une
Guerre froide qu’ils avaient largement gagnée.
Le réseau international
terroriste, pour être ciblé, reçut un contour territorial privilégié, celui de.
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