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Les animaux malades de la peste: analyse linéaire

Publié le 31/05/2021

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« Les animaux malades de la peste Un mal qui rŽpand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom) Capable d'enrichir en un jour l'AchŽron, Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous Žtaient frappŽs : On n'en voyait point d'occupŽs A chercher le soutien d'une mourante vie ; Nul mets n'excitait leur envie ; Ni Loups ni Renards n'Žpiaient La douce et l'innocente proie. Les Tourterelles se fuyaient : Plus d'amour, partant plus de joie. Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos pŽchŽs cette infortune ; Que le plus coupable de nous Se sacri Þe aux traits du cŽleste courroux, Peut-tre il obtiendra la guŽrison commune. L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents On fait de pareils dŽvouements : Ne nous ßattons donc point ; voyons sans indulgence L'Žtat de notre conscience. Pour moi, satisfaisant mes appŽtits gloutons J'ai dŽvorŽ force moutons. Que m'avaient-ils fait ? Nulle o ffense : Mme il m'est arrivŽ quelquefois de manger Le Berger.

Je me dŽvouerai donc, s'il le faut ; mais je pense Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi : Car on doit souhaiter selon toute justice Que le plus coupable pŽrisse. - Sire, dit le Renard, vous tes trop bon Roi ; Vos scrupules font voir trop de dŽlicatesse ; Et bien, manger moutons, canaille, sotte espce, Est-ce un pŽchŽ ? Non, non.

Vous leur f”tes Seigneur En les croquant beaucoup d'honneur. Et quant au Berger l'on peut dire Qu'il Žtait digne de tous maux, Etant de ces gens-lˆ qui sur les animaux Se font un chimŽrique empire. Ainsi dit le Renard, et ßatteurs d'applaudir. On n'osa trop approfondir Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances, Les moins pardonnables o ffenses. Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples m‰tins, Au dire de chacun, Žtaient de petits saints. L'Ane vint ˆ son tour et dit : J'ai souvenance Qu'en un prŽ de Moines passant, La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce prŽ la largeur de ma langue. Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net. A ces mots on cria haro sur le baudet.

Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue Qu'il fallait dŽvouer ce maudit animal, Ce pelŽ, ce galeux, d'o venait tout leur mal.. »

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