L'éruption de la montagne PeléeUn Pompéi moderne.

« 1 / 2 L'éruption de la montagne Pelée Un Pompéi moderne 1902 Le 25 avril 1902, la montagne Pelée, v olcan dominant la ville de Saint-Pierre, à la Martinique, entre brusquement en éruption.

Le phénomène s'est produit une premiè­ re fois en 1727.

En 1767, un tremble­ ment de terre a tué 16 000 personnes ; en 1851 et 1856 , le volcan s'est encore ré­ veillé, sans faire de victimes.

Mais en 1902, au grand étonnement des habi­ tants de Saint-Pierre , l'alerte est extrê­ mement brutale: la montagne expulse des nuages de cendres; peu à peu, J'éruption s'intensifiant, celle-ci arrose Saint-Pierre, distante d'à peine 10 km.

Quelques jours plus tard, l'eau du cratè­ re se met à bouillir, se déverse dans les ruisseaux dévalant la montagne et pro­ voque des nuées de vapeur.

Les habitants commencent à s'alarmer.

Le consul des Etats -Unis déclare que, malgré ses précautions, il ne s'attend pas à quitter l'île vivant.

Le professeur Landes , le seul scientifique universitaire résidant dans l'île, s'est pourtant montré rassurant: «La montagne Pelée, a-t-il dit, ne présente pas plus de danger que le Vésuve.» Mais, le 8 mai, l'énorme pression de la lave et des gaz défonce le flanc de la montagne ; un effrayant torrent de feu dévale vers la ville, déjà envahie d'éma­ nations délétères et bombardée de sable et de pierres; en trois minutes, Saint­ Pierre et les localités voisines sont en flammes; 30000 à 36000 personnes pé­ rissent; il n'y aura, à Saint-Pierre, que 2 survivants, dont un condamné à mort.

L'onde de choc fera le tour de la terre et on entendra Je vacarme jusqu'à 500 km à la ronde .

La vitesse des matières érup­ tives sera estimée à quelque 450 km/h, et la température dégagée, à plusieurs centaines de degrés.

Seize bâtiments, ancrés dans le port de Saint-Pierre, som­ brent avec tout leur équipage; 4600 ha de terrain sont recouverts de cendres.

Les signes avant-coureurs n'ont pour­ tant pas manqué: deux semaines se sont écoulées entre le début de l'éruption et l'explosion fmale; on aurait eu large­ ment le temps d'évacuer la populat ion; mais on était en pleine campagne électo­ rale; le gouverneur de l'île, Louis Mout­ tet, ne voulait pas, en alarmant l'opi­ nion, donner un argument à l'opposition qui réclamait des mesures d'urgence; jusqu'au bout, il refusa de prendre des précautions; il est certainement respon­ sable de l'ampleur terrible prise par le désastre.

Comme si cette leçon n'avait pas été suffisante, on omettra encore de prendre au sérieux, quatre mois plus tard, une nouvelle manifestation du volcan: une nuée mortelle tuera sur le coup 1400 personnes à Morne-Rouge, de l'autre côté de la montagne. 2 / 2. »