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L'ennui

Publié le 15/05/2020

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« L'ennui Quand un homme n'a plus rien à construire ou à détruire, il est très malheureux.

Les femmes, j'entends celles quisont occupées à chiffonner et à pouponner, ne comprendront sans doute jamais bien pourquoi les hommes vont aucafé et jouent aux cartes.

Vivre avec soi et méditer sur soi, cela ne vaut rien.Dans l'admirable Wilhelm Meister de Goethe, il y a une « Société de Renoncement » dont les membres ne doiventjamais penser ni à l'avenir ni au passé.

Cette règle, autant qu'on peut la suivre est très bonne.

Mais, pour qu'onpuisse la suivre, il faut que les mains et les yeux soient occupés.

Percevoir et agir, voilà les vrais remèdes.

Aucontraire, si l'on tourne ses pouces, on tombera bientôt dans la crainte et dans le regret.

La pensée est une espècede jeu qui n'est pas toujours très sain.

Communément on tourne sans avancer.

C'est pourquoi le grand Jean-Jacquesa écrit : « L'homme qui médite est un animal dépravé.

»La nécessité nous tire de là, presque toujours.

Nous avons presque tous un métier à faire, et c'est très bon.

Ce quinous manque, ce sont de petits métiers qui nous reposent de l'autre.

J'ai souvent envié les femmes, parce qu'ellesfont du tricot ou de la broderie.

Leurs yeux ont quelque chose de réel à suivre ; cela fait que les images du passé etde l'avenir n'apparaissent vivement que par éclairs Mais, dans ces réunions où l'on use le temps, les hommes n'ontrien à faire, et bourdonnent comme des mouches dans une bouteille.Les heures d'insomnie, lorsque l'on n'est pas malade, ne sont si redoutées, je crois, que parce que l'imagination estalors trop libre, et n'a point d'objets réels à considérer.

Un homme se couche à 10 heures et jusqu'à minuit, il sautecomme une carpe en invoquant le dieu du sommeil Le même homme, à la même heure, s'il était au théâtre, oublieraittout à fait sa propre existence.Ces réflexions aident à comprendre les occupations qui remplissent la vie des riches.

Ils se donnent mille devoirs etmille travaux et y courent comme au feu.

Ils font dix visites par jour et vont du concert au théâtre.

Ceux qui ont unsang plus vif se jettent dans la chasse, la guerre ou les voyages périlleux.

D'autres roulent en auto et attendentimpatiemment l'occasion de se rompre les os en aéroplane.

Il leur faut des actions nouvelles et des perceptionsnouvelles.

Ils veulent vivre dans le monde, et non en eux-mêmes.

Comme les grands mastodontes broutaient desforêts, ils broutent le monde par les yeux.

Les plus simples jouent à recevoir de grands coups de poing dans le nezet dans l'estomac ; cela les ramène aux choses présentes, et ils sont très heureux.

Les guerres sont peut-êtrepremièrement un remède à l'ennui ; on expliquerait ainsi que ceux qui sont les plus disposés à accepter la guerre,sinon à la vouloir, sont souvent ceux qui ont le plus à perdre.

La crainte de mourir est une pensée d'oisif, aussitôteffacée par une action pressante, si dangereuse qu'elle soit.

Une bataille est sans doute une des circonstances oùl'on pense le moins à la mort.

D'où ce paradoxe : mieux on remplit sa vie, moins on craint de la perdre.

ALAIN, Propos sur le Bonheur (29 janvier 1909). Le pire des maux est de n'avoir rien à faire, rien, c'est-à-dire de n'avoir à s'occuper que de soi.

Cette contemplationde soi, les mains inoccupées, est malsaine et contraire à la nature de l'homme.Il est bon d'avoir, à côté de son métier, une ou plusieurs autres occupations, même futiles comme en ont lesfemmes, et que la conversation ne remplace pas.

D'où la crainte de l'insomnie.C'est pour se préserver de ce danger que les riches se donnent mille obligations, qui occupent leurs sens, fatiguentleurs nerfs ou leur apportent des sensations violentes.

L'ennui est peut-être la source de bien des guerres : on yoccupe sa vie et l'on ne pense plus à la perdre. Alain étudie ici les causes de l'ennui et ses remèdes. Pour lui, l'origine en est dans la rêverie ou la méditation : l'esprit seul y est occupé.

Or, il faut que l'homme senteses doigts en activité, et qu'il perçoive autre chose que des phantasmes.

Si les femmes s'ennuient moins que leshommes, c'est peut-être qu'elles sont sans cesse occupées à des travaux d'aiguille ou de maison. Le vrai remède serait dans quelque occupation secondaire, à côté du métier.

Mais on la choisit bien mal le plussouvent.

Les riches s'occupent comme ils peuvent, entre les spectacles ou la chasse, ou les courses en voiture ouen avion.

Se battre est une occupation plus commune, et l'auteur en vient à se demander si la guerre est autrechose qu'un remède contre l'ennui.

Dans le danger, en effet, on ne pense pas à la perte de sa vie.

S'occuper detoutes les façons, y compris les plus périlleuses, c'est le bon moyen de ne pas songer au danger et à la mort.. »

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