L'Empereur Mauricerégna de 582 à 602L'Empereur Justinien Ier (527-565) léguait

« L'Empereur Maurice régna de 582 à 602 L'Empereur Justinien Ier (527-565) léguait à ses successeurs le grand rêve d'un Empire universel restauré dans les frontières de la romanité, mais aussi la preuve que ce rêve ne pouvait plus devenir réalité et qu'à trop s'y laisser séduire, Constantinople s'épuisait. Ambitions intactes, conscience d'une faiblesse endémique : telle est désormais — et pour longtemps — l'ambivalence fondamentale de l'État byzantin ; Maurice est le premier souverain à en avoir tiré une politique. Et cet héritage équivoque, qui se soldait par des conquêtes mal assurées dans l'Occident lointain et par de graves incertitudes à la frontière perse, s'était trouvé aggravé par le règne d'un fou (Justin II, 565-578) ; Tibère II, qui lui succède, a juste le temps et le mérite de transmettre l'Empire, sans crise, à un ancien “ notaire ” devenu brillant général, comte des “ excubiteurs ” (gardes du Palais) et commandant en chef de l'armée d'Orient : Maurice. C'est ce dernier, en fait, qui reçoit l'Empire du grand Justinien et qui, par-delà huit années d'anarchie, le transmet à Héraclius, en assez bonne voie de rénovation pour ne pas succomber à la conquête arabe. Maurice est “ arménien ”, si l'on entend par là qu'il est né en Arménie IV dans la ville d'Arabissos ; “ grec ” puisque Cappadocien ; “ latin ”, nous dit l'historien Evagre, par l'origine de sa famille : c'est un vrai Byzantin.

Ses monnaies lui donnent arbitrairement les traits de Justinien ; de sa formation nous ne savons presque rien, car l' œ uvre de son historien, Théophylacte Simokattès, commence au jour de son avènement : “ notaire ”, il a connu l'administration civile et saura la remanier ; général de Tibère II, il réforme l'armée et compose sans doute alors un traité d'art militaire (le Stratégikon), conventionnel par son inspiration antique et novateur par quelques détails comme la place faite à la cavalerie. C'est la marque d'un caractère : l'héritage reçu, Maurice ne le trahit pas, il le transforme et l'adapte aux nécessités de sa tâche. On le dit cultivé et ami du savoir ; quelques lois et quelques récits le montrent humain, tolérant, peu soucieux de persécuter les hérétiques au lendemain de la crise monophysite qui a rompu l'unité de l'Empire.

On lui reproche de favoriser des parents incapables au détriment de collaborateurs de valeur : entendons qu'il voulut créer une dynastie et que l'opinion résista.

On l'accuse surtout d'“ avarice ” : il rogne sur les rations, sur les soldes, et l'armée plusieurs fois se révolte ; la dernière fois, elle le renverse avec l'appui de la capitale.

Les caisses sont vides ? Peu importe ; Constantinople n'a que faire d'un empereur pauvre.

Au total, ce merveilleux politique est sans visage ; et il n'est pas vraiment grand. Tout commence dans les fêtes du Palais (mariage avec la fille de Tibère II, couronnement le 13 août 582) et s'achève par un massacre, résultat du soulèvement populaire de 602.

Mais ces vingt ans de règne sont presque entièrement occupés par des guerres, par un plan concerté de guerres que Maurice ne conduit plus en personne depuis qu'il est empereur, mais qu'il dirige de sa capitale, “ œ il du monde ”, sur tous les fronts où Byzance est menacée : l'Orient où reprend la guerre perse, l'Italie où les Lombards compromettent la reconquête de Justinien, le Danube où ne sont plus contenus les nouveaux envahisseurs avars et slaves.

Le succès des armées serait vain, et leurs défaites irrémédiables, si Maurice. »