Lecture linéaire : la princesse de Clèves, la scène de l'aveu
Publié le 05/03/2021
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Lecture linéaire 7
La princesse de Clèves, p129-130
La scène de l’aveu
- Eh bien, Monsieur, lui répondit-elle en se jetant à ses genoux, je vais vous faire un aveu
que l'on n'a jamais fait à son mari, mais l'innocence de ma conduite et de mes intentions
m'en donne la force.
Il est vrai que j'ai des raisons de m'éloigner de la cour, et que je
veux éviter les périls où se trouvent quelquefois les personnes de mon âge.
Je n'ai jamais
donné nulle marque de faiblesse, et je ne craindrais pas d'en laisser paraître, si vous me
laissiez la liberté de me retirer de la cour, ou si j'avais encore madame de Chartres pour
aider à me conduire.
Quelque dangereux que soit le parti que je prends, je le prends avec
joie pour me conserver digne d'être à vous.
Je vous demande mille pardons, si j'ai des
sentiments qui vous déplaisent, du moins je ne vous déplairai jamais par mes actions.
Songez que pour faire ce que je fais, il faut avoir plus d'amitié et plus d'estime pour un
mari que l'on en a jamais eu ; conduisez-moi, ayez pitié de moi, et aimez-moi encore, si
vous pouvez.
Monsieur de Clèves était demeuré pendant tout ce discours, la tête appuyée sur ses
mains, hors de lui-même, et il n'avait pas songé à faire relever sa femme.
Quand elle eut
cessé de parler, qu'il jeta les yeux sur elle qu'il la vit à ses genoux le visage couvert de
larmes, et d'une beauté si admirable, il pensa mourir de douleur, et l'embrassant en la
relevant :
- Ayez pitié de moi, vous-même, Madame, lui dit-il, j'en suis digne ; et pardonnez si dans
les premiers moments d'une affliction aussi violente qu'est la mienne, je ne réponds pas,
comme je dois, à un procédé comme le vôtre.
Vous me paraissez plus digne d'estime et
d'admiration que tout ce qu'il y a jamais eu de femmes au monde ; mais aussi je me
trouve le plus malheureux homme qui ait jamais été.
Vous m'avez donné de la passion
dès le premier moment que je vous ai vue, vos rigueurs et votre possession n'ont pu
l'éteindre : elle dure encore ; je n'ai jamais pu vous donner de l'amour, et je vois que vous
craignez d'en avoir pour un autre.
Et qui est-il, Madame, cet homme heureux qui vous
donne cette crainte ? Depuis quand vous plaît-il ? Qu'a-t-il fait pour vous plaire ? Quel
chemin a-t-il trouvé pour aller à votre cœur ? Je m'étais consolé en quelque sorte de ne
l'avoir pas touché par la pensée qu'il était incapable de l'être.
Mouvement 1 L.
1 à 10 : l’aveu de la princesse
Phrase 1 :
- prise de parole au discourt direct « lui répondit-elle » aspect vivant,
réaliste
- phrase longue et morcelée avec interjection « eh bien » suivi de
l’apostrophe « monsieur » difficulté qui est pour elle d’avouer son amour
pour M.
de Nemours, semble s’y resigner, hésiter.
- Le geste accompagne la parole, p osture pathétique «en se jetant à ses
genoux» elle implore M de Clèves, humilité, scène théâtrale
- Futur proche « vais », hyperbole « un aveu que l’on n’a jamais fait à son
mari » s’apprête à révéler un aveu, geste exceptionnel, remarquable poussé par
l’éducation vertueuse et dans l’honnêteté qu’elle a suivi.
- « l'innocence de ma conduite et de mes intentions » rythme binaire Elle tente de légitimer
son aveu, elle ne se considère pas coupable.
- Champ lexical de l’héroïsme dans l’ensemble du mouv 1 « force » l.2,
«périls » l.3, « nulle marque de faiblesse » l.4, « dangereux » l.6 .
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