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lecture linéaire du portrait d'arrias

Publié le 15/01/2024

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« Jean de La Bruyère, éminent moraliste du XVIIe siècle, inscrit son œuvre dans le cadre du classicisme.

À travers ses "Caractères" publiés en 1688, il esquisse une galerie de portraits satiriques dépeignant des contre-modèles à la société classique, axée sur les valeurs de mesure, de modération, et de civilité (Voir ma fiche de lecture complète des Caractères de La Bruyère).

Le XVIIe siècle voit émerger le modèle de l'honnête homme, représentant l'équilibre et la civilité.

Le portrait d'Arrias, situé dans la section « De la société et de la conversation », se profile en tant que contre-modèle de l'honnête homme, symbolisant une société préférant l'artifice à la vérité. Annonce de plan linéaire : L'analyse adoptera une structure linéaire divisée en deux grandes parties.

La première mettra en lumière comment La Bruyère fait d'Arrias l'antithèse de l'honnête homme du XVIIe siècle (I).

Ensuite, nous explorerons la critique, à travers Arrias, d'une société fondée sur le paraître et l'artifice (II). I - Arrias, l'opposé de l'honnête homme (De « Arrias à tout lu » à « jusqu'à éclater ») : A - Arrias : l'anti-portrait d'un honnête homme : Dès la première ligne, le présent de l'indicatif projette Arrias comme un archétype, détaché de l'énonciation pour revêtir une dimension de vérité générale.

L'hyperbole « Arrias a tout lu, a tout vu » le situe dans l'excès, contraire à l'idéal classique.

La première phrase, gorgée de termes trompeurs comme « persuader », « se donne pour tel », « mentir », et « paraître », révèle le caractère théâtral d'une société façonnée par les apparences.

La phrase « c'est un homme universel » dénonce la démesure d'Arrias, assimilant son être à une dimension divine, disproportionnée pour le lecteur du XVIIe siècle.

La démesure d'Arrias se manifeste dans le comparatif de supériorité « aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose », élevant le vice au détriment de la vertu « se taire ». B - Un portrait en mouvement : À partir de la deuxième phrase, La Bruyère met en scène le portrait d'Arrias.

Invitant le lecteur à « la table d'un grand », cette scène s'inscrit dans la tradition satirique du repas ridicule, déjà raillée par le poète latin Horace et Boileau.

Le thème inhabituel de la « cour du Nord » souligne le décalage avec les préoccupations françaises du XVIIe siècle.

L'allitération en (p) et en (l) accentue le ton péremptoire d'Arrias, monopolisant la conversation avec son flot de paroles : « | prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils en savent ».

L'irréel du passé indique qu'Arrias se livre à un monologue, transgressant les règles de bienséance du XVIIe siècle.

La conversation, relevant du savoir-vivre et de l'urbanité, est un art véritable, méconnaître ces règles éloigne Arrias du portrait idéal de l'honnête homme. C - Arrias monopolise la conversation : La Bruyère persiste dans l'utilisation du registre satirique pour tourner Arrias en dérision.

L'anaphore du pronom personnel « il » inonde la phrase, soulignant le narcissisme d'Arrias qui aspire à être l'acteur principal de ce dîner : « il prend la parole (...) il s'oriente (...) il discourt (...) il récite (...) il les trouve et il en rit ».

Ces répétitions métamorphosent Arrias en pantin, ses actions devenant presque mécaniques.

Le champ lexical de la parole (« parole », « dire », « discourt », « récite », « contredire ») accentue la monopolisation verbale.

Bien qu'Arrias n'ait jamais visité la « cour du Nord », une « région lointaine », il en parle « comme s'il en était originaire », révélant la supercherie à travers la conjonction « comme si ».

L'énumération ironique des « mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes » reproduit la structure des récits de voyage, créant l'illusion d'un récit documenté.

Arrias se présente.... »

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