Lecture linéaire de Nuit rhénane , Alcools
Publié le 02/05/2022
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L.L: Nuit rhénane, Alcools Apollinaire
1er mouvement: la confrontation du passé et du présent
→ vers 1 à 10
2eme mouvement: le passage à la modernité
→ vers 11 à 24
Intro : Guillaume Apollinaire incarne « l’esprit nouveau » selon l’expression qu’il utilisera lors
d’une conférence en 1917.
Dans son recueil Alcools, initialement nommé Eau-de-vie, ce vent de
modernité est palpable puisqu’il s’affranchie des règles de versification classique tout en
s’inscrivant, néanmoins, dans une certaine tradition poétique.
« Nuit rhénane » s’inscrit dans une
série de 9 poèmes regroupées sous le nom de : « Rhénanes ».
A 21 ans, Apollinaire part en
Allemagne pour être précepteur.
Il rencontre Annie Playden, une jeune gouvernante anglaise dont il
tombe amoureux pourtant cet amour n’est pas partagé.
Ces 9 poèmes rendent compte de cette
déception sentimentale mais aussi de la fascination du poète pour la mythologie et les légendes
germaniques.
Dans « Nuit rhénane », poème composé de trois quatrains et d’un vers isolé,
Apollinaire choisit un vers traditionnel : l’alexandrin mais le libère de toute ponctuation.
Il évoque,
lors d’une nuit d’ivresse, une légende germanique : celle de la Lorelei, une sirène entraînant au fond
des eaux les marins.
Ainsi, nous allons demander en quoi Apollinaire s’inspire-t-il d’une légende germanique
traditionnelle pour mettre au service d’un poème moderne ?
Pour cela, nous étudierons, dans un premier mouvement, une nuit d’ivresse, du vers 1 au vers 3 et à
la tension entre fantastique et réalité du vers 4 au vers 13.
I/ Une nuit d’ivresse :vers 1 à 3
Le titre du recueil Alcools semble prendre tout son sens dans ce poème.
Vers 1 : Effectivement, ce vers fait référence au vin et n’est pas sans rappeler un texte de
Baudelaire nommé : «Enivrez-vous» : «Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une
flamme» Ainsi, le poète est attablé devant un verre de vin du Rhindont le mouvement: «trembleur»
est assez inquiétant.
La comparaison avec la flamme dans la suite du vers, va accentuer ce
vacillement.
Nous pouvons immédiatement remarquer que, contrairement à «Le pont Mirabeau», le
lyrisme est plus affirmé dans ce poème.
Il est vrai que le poème s’ouvre sur le déterminant possessif
«mon».
Peut-être que l’ivresse encourage Apollinaire à se dévoiler et à s’exprimer à la première
personne.
Il n’en demeure pas moins que c’est l’alcool, consommé après le départ d’Annie Playden,
qui va encourager l’évocation de légendes germaniques.
Vers 2 : L’impératif : « Écoutez la chanson lente d’un batelier » somme le lecteur de prêter attention
à une autre voix que celle du poète.
Cette référence au chant renvoie aux origines musicales de la
poésie, au personnage d’Orphée et sa lyre.
Effectivement, cette mystérieuse voix enrichit le quatrain
d’une musicalité évidente évoquant le lied, un poème germanique chanté, comme le montrent
les deux verbes de parole des vers 2 et 3 : « écoutez », « raconte » et l’assonance en an : « chanson
lente » qui ralentit le rythme du poème.
L’adjectif : « lente » met en évidence une forme
d’envoutement comme si le poète et le lecteur ne pouvaient échapper à ce chant..
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