Lecture linéaire Acte I, scène 1 du Malade Imaginaire de Molière
Publié le 06/05/2024
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Objet d'étude n°4 : Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Lecture linéaire n°1 : Acte I, scène 1 du Malade imaginaire de Molière
EXPLICATION LINEAIRE
Introduction
[Phrase d’accroche]
Le début de la pièce de théâtre n’est pas le début du spectacle qui a commencé par un prologue, une églogue,
pastorale, dialogue amoureux.
Molière a écrit le texte, et il interprète le personnage.
Il a écrit cette scène
pour lui.
Cette scène est un tour de force, exercice de virtuosité.
Molière montre qu’il est capable de faire du spectacle
avec rien, ou presque.
Choix volontaire d’un extrême dénuement dans tous les domaines, dramaturgique,
thématique et stylistique :
1.
La dramaturgie :
- monologue
- le corps est immobile, en partie caché
- très peu d’accessoires : des feuilles de papier et
des jetons, une sonnette.
2.
Le thème :
- Ce sont des « parties d’apothicaire », des
factures donc « Partie », signifie aussi, Une
somme d’argent qui est due.
(Dictionnaire de
l’académie française, 1694).
- Evocation aussi des soins apportés, toujours les
mêmes
3.
Le style : répétition des mêmes mots
[Présentation de l’auteur et de l’œuvre]
Petit-fils et fils de maîtres tapissiers du roi, Jean-Baptiste Poquelin naît à Paris le 15 janvier 1622.
Après
avoir étudié chez les jésuites, il suit des études de droit.
Mais sa passion pour le théâtre est plus forte que
tout et, en 1643, il fonde l'Illustre-Théâtre avec la comédienne Madeleine Béjart.
Sous le nom de Molière, et en compagnie de sa troupe de comédiens, il joue tout d'abord à Paris.
Mais,
criblé de dettes, il se produit ensuite en province.
Après treize années à sillonner la France, Molière et ses comédiens regagnent Paris en 1658.
Ils reçoivent
alors la protection de Philippe d'Orléans, le frère du roi, et donnent une représentation devant Louis XIV.
Si L'Etourdi et Le Dépit amoureux plaisent au roi, c'est surtout avec Les Précieuses ridicules, en 1659, que
le talent de comédien et de dramaturge de Molière éclate au grand jour.
Il écrit et joue farces et comédiesballets (notamment avec le musicien Lully), mais il excelle surtout dans l'écriture et la mise en scène de
comédies grinçantes et féroces.
Après avoir joué dans la salle du théâtre du Petit-Bourbon, il s'installe au Palais-Royal.
Il y joue L'Ecole des
maris (1661) et L'Ecole des femmes (1662).
Cependant, malgré son génie et la protection du roi, Le Tartuffe (1664) et Dom Juan (1665) sont interdites
de représentation.
S'il résiste aux cabales, sa santé défaillante a finalement raison de lui.
Le 17 février 1673,
Molière meurt quelques heures après avoir donné sa dernière représentation du Malade imaginaire.
Il avait
51 ans.
Il est enterré de nuit, sans inhumation chrétienne, au cimetière du Père-Lachaise.
En 1673, Molière propose au roi une nouvelle comédie-ballet qui doit divertir la cour en reprenant l’un des
thèmes chers à l’auteur, la satire de la médecine.
Comme dans toute comédie, l’intrigue repose sur les
amours contrariées de deux jeunes premiers, Cléante et Angélique, face à la volonté tyrannique d’un barbon,
le père de la jeune fille, Argan.
Ce n’est pas pour des raisons d’argent qu’Argan veut marier sa fille à un
homme qu’elle n’aime pas, mais pour soulager ses angoisses.
En effet, Argan, hypocondriaque notoire, veut
un gendre médecin.
Remarque méthodologique : dans l’introduction, il convient de rappeler que l’exposition vise à
présenter les personnages et l’intrigue.
La première scène du Malade Imaginaire commence par
nous présenter, conformément à ce que programme le titre de la pièce, le personnage du malade
imaginaire, Argan, ce qui identifie bien entendu la pièce comme une comédie de caractère.
Mais le
Objet d'étude n°4 : Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Lecture linéaire n°1 : Acte I, scène 1 du Malade imaginaire de Molière
titre de la pièce nous parle aussi de malade, donc de la médecine.
Enfin, l’exposition concerne
également le domaine esthétique, en nous faisant entrer dans un style et un univers comique propre
à l’auteur et à la pièce, qu’il nous faut également éclaircir.
[Passage]
Le Malade imaginaire débute par ce monologue.
Il sert de scène d’exposition, présentant le personnage
principal et ses préoccupations.
Argan achève l’examen de la facture que son apothicaire Monsieur Fleurant,
lui a dressée pour le mois écoulé.
[Problématique]
Comment Molière, en ouvrant sa pièce par un monologue magistralement écrit, expose-t-il le caractère
d'Argan et commence sa critique de la médecine, tout en nous faisant entrer dans son univers comique
particulier ?
[Mouvements]
Pour mener cette analyse linéaire de cette scène d’exposition du Malade imaginaire de Molière, nous
suivrons le mouvement naturel du texte malgré la coupure dans ce monologue.
Dans un premier temps, nous allons étudier une entrée en matière comique à travers un vieillard qui fait ses
comptes.
Puis, nous allons voir un sujet comique : la surenchère de prescriptions et de frais médicaux pour
enfin, analyser le caractère comique d’un vieillard acariâtre.
On peut placer ici la lecture à haute voix du texte (qui aménage une coupure importante dans le monologue
pour faire entrer le texte dans le format de l’exercice)
Remarque méthodologique : comment lire un texte de théâtre ? Comme un metteur en scène : il
faut se demander ce que fait le personnage en disant cela (acte de paroles), et qu'est-ce qu'il fait
également en le disant (quels gestes) ? Puis, en tenant compte du fait que le théâtre repose sur une
double énonciation, on se demande ce que l’auteur veut montrer au public, ce que fait l’auteur.
Développement
.
Mouvement 1 : Une entrée en matière comique : un vieillard qui fait ses comptes
Dans cette première partie, Argan accomplit plusieurs actions : il compte d’abord les jetons dans les deux
premières phrases.
Puis il lit à haute voix la facture de M.
Fleurant, qu’il présente comme son apothicaire
(tout cela n’est pas invraisemblable : la lecture silencieuse, telle que nous la pratiquons, n’était pas habituelle
à l’époque de Molière, où on lisait en chuchotant ou à haute voix).
L’apothicaire était le pharmacien chargé
de préparer les remèdes ordonnés par le médecin (M.
Purgon)
Relevez des citations
« seul », « se parlant à luimême », « Monsieur Fleurant »
Analysez les procédés
Didascalies
Monologue
Discours direct
« trois », « deux », « cinq »,
« dix », « vingt », « vingtquatrième »
Adjectifs numéraux et cardinaux
Clystère », « insinuatif »,
Vocabulaire médical savant
Interprétez les effets
Le personnages principal est placé
au centre et ainsi mis en valeur.
Son hypocondrie apparaît à
travers la petite scène qu’il joue :
seul, il imagine ce que ses
médecins lui diraient.
Il ne peut se
passer d’eux puisque sa santé est
une vraie obsession.
Un des sujets principaux de la
pièce surgit ici : l’argent.
Le
décompte pointilleux souligne le
caractère obsessionnel et ridicule
d’Argan.
Critique des médecins pédants : le
Objet d'étude n°4 : Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Lecture linéaire n°1 : Acte I, scène 1 du Malade imaginaire de Molière
« rémollient », / « entrailles »,
« lavements »
Termes scatologiques
vocabulaire très compliqué
qu’emprunte Argan à ses
médecins renvoie aux excréments.
Molière donne une image
dévalorisante de la médecine en la
réduisant à des soins purement
scatologiques.
« langage d’apothicaire », « fort
Registre ironique
Malgré son obsession pour sa
civiles », « je suis votre
santé, Argan n’est pas dupe de ses
serviteur »
médecins : il est lucide sur leur
âpreté au gain.
Mais son
hypocondrie l’emporte.
ARGAN.
- seul dans sa chambre On observe la sophistication des phrases très structurées de
assis, une table devant lui, compte l’apothicaire, qui reproduit toujours le même patron par un comique
des parties d'apothicaire avec des de répétition : désignation du jour (Argan a commencé ses comptes
jetons; il fait, parlant à lui-même, avant le lever du rideau, et en est à la fin du mois), de la médecine
les dialogues suivants.
Trois et
(clystère) caractérisé ici par une gradation de trois adjectifs qui
deux font cinq, et cinq font dix, et indiquent ses qualités, puis ses vertus à l’aide d’un groupe
dix font vingt.
Trois et deux font
prépositionnel ternaire introduit par « pour », avec des effets d’écho
cinq.
Plus, du vingt-quatrième, un ou de redondance (rémollient/amollir).
petit clystère insinuatif, préparatif, => Il s’agit en effet d’un discours publicitaire destiné à justifier le prix
et rémollient, pour amollir,
élevé de la médecine, annoncé en fin de phrase (« trente sols »)
humecter, et rafraîchir les
entrailles de Monsieur.
Ce qui me Mais le comique, spirituel, tient aussi au décalage entre le langage «
fleuri » de l’apothicaire avec la réalité qu’il évoque, au registre
plaît de Monsieur Fleurant, mon
burlesque par conséquent.
En effet, les médecines doivent donner la
apothicaire, c'est que ses parties
colique à Argan, pour évacuer la bile noire, que l’apothicaire doit
sont toujours fort civiles: les
entrailles de Monsieur, trente sols.
ensuite humer.
Molière ainsi prend soin de motiver avec humour le
nom de ses personnages : FLEURANT renvoie à....
»
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