Lecture linéaire 11- Acte II, scène 8, Argan et Louison
Publié le 26/01/2022
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Lecture linéaire 11- Acte II, scène 8, Argan et Louison
Introduction
Présentation de l’oeuvre et de l’auteur.
Dans la scène 8 de l’acte II du Malade imaginaire , comédie-ballet et dernière pièce de Molière,
Argan est prévenu par sa femme Béline qu’un jeune homme a secrètement rendu visite à sa fille
Angélique dans sa chambre.
Il interroge alors sa fille cadette, Louison, pour savoir ce qu’il en est.
Chacun tente de manipuler l’autre, en jouant un rôle dans une sorte de surenchère théâtrale, où se
mêlent plaisir enfantin du jeu et art du mensonge.
Pmq : En quoi cette scène peut-elle se lire comme une forme de théâtre dans le théâtre ?
Lecture
Plan :
I.
Un interrogatoire truqué
II.
Punition et simulation
III.
La mise en scène au service de la manipulation
I.
l.1-10 : un interrogatoire truqué (« Argan : Ne vous ai-je...(…) Louison : Assurément ! »)
a) Dans cette scène, les répliques s’enchaînent rapidement, et pourraient être assimilées à des
stichomythies .
Cela donne à cet échange un caractère rythmé et vif, mais aussi artificiel , trop
rapide pour être honnête.
Les deux personnages semblent savoir le rôle qu’ils ont à jouer mais ne
communiquent pas véritablement.
b) En effet, nous pourrions affirmer que les deux personnages jouent un rôle.
D’abord, Argan
semble jouer le rôle de l’interrogateur suspicieux (c’est lui qui pose les questions ), or, il a déjà été
informé par Béline de l’entrevue d’Angélique avec « un homme », dans sa chambre.
Béline a
d’ailleurs précisé à Argan que Louison était présente avec eux.
Il ment donc par omission, et tient à
la faire parler pour vérifier son honnêteté et son obéissance.
Ainsi, il rappelle dans un premier temps les règles qu’il avait fixées, dans une forme interro -
négative qui pourrait paraître menaçante l.
1.
De fait, nous savons que cette forme interro-négative
en appelle à l’acquiescement.
De plus, les règles stipulent que Louison doit rendre compte de
« tout ce qu’elle voit » : ici, le déterminant quantitatif traduit l’exhaustivité des comptes-rendus
attendus par le père, qui agirait en despote ou tyran qui aurait à son service une famille de
délateurs.
Cette demande prouve donc à la fois la volonté de savoir précisément ce qui s’est passé
dans la chambre d’Angélique, mais aussi le caractère excessif et tyrannique d’Argan.
Mensonge et manipulation s’expriment sous le masque du père autoritaire.
Or, n’obtenant rien de
sa fille, il insiste en continuant son interrogatoire (fort orienté, puisqu’il est question de ce qu’elle a
« vu », et qu’encore une fois, les questions attendent des réponses précises qu’il connaît déjà).
Comme au jeu du chat et de la souris, Argan veut piéger sa fille, mais sa défaite première peut
prêter à sourire.
La répétition des phrases interrogatives ou interro-négatives rappellent que
Louison nie la vérité connue de son père (« L’avez-vous fait ? », « N’avez vous rien vu ? », « Non ? »,
« Assurément ? »).
Le rythme s’accélère, et l’étau se resserre à travers l’usage de phrases
nominales (« assurément »), traduisant l’empressement d’Argan.
Nous avons donc ici l’action paradoxale et quelque peu perverse d’un père qui ment à sa fille en
vue d’obtenir d’elle la vérité.
c) Or Louison, elle aussi, joue le rôle de la petite fille obéissante, tout en désobéissant de manière
éhontée.
Ici, le jeu de la double-énonciation rend cette scène comique, puisqu’en tant que
spectateurs, nous avons appris, avec Argan, ce qu’il en était.
De plus, grâce à ce même procédé,.
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