Lecture et étude linéaire 1 : Les obsèques de la Lionne (v 1 à 23)
Publié le 06/04/2021
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Lecture et étude linéaire 1 : Les obsèques de la Lionne (v 1 à 23)
(2min) Introduction : Le second recueil des Fables composés des livres VII à XI et paru en 1678 ,
marque un renouvellement du genre de la Fable par La Fontaine .
Souvent plus longues que celles du 1 er
recueil, elles abordent des sujets plus grave tout en conservant cet air de gaieté caractéristique du style
de l’auteur.
« Les obsèques de la Lionne », fable 14 du livre VIII, inspirée du fabuliste italien
Abstémius, illustre la comédie du pouvoir à travers une satire de la cour et du pouvoir absolu.
Elle invite
également à réfléchir sur les pouvoirs de la fable et de l’imagination .
Cette petite comédie en 3 actes raconte la ruse d’un Cerf qui, pour échapper à la malveillance des
courtisans et à la cruauté du pouvoir royal, a recours au pouvoir de la fiction.
Nous nous intéressons ici
au 1 er
acte constitué de la cérémonie des obsèques suivi du discours du fabuliste de la cour.
Nous allons
voir : Comment par sa variété, la fable permet l’efficacité de la critique de la cour et du pouvoir ?
+( lecture expressive de la fable )
(8min) Explication linéaire : Titre : associe mode humain et animal avec la figure allégorique du
pouvoir royal (la Lionne) ; installe le thème tragique de la mort et une cérémonie fastueuses (obsèques :
cérémonie funèbre).
I/ Vers 1 à 16 → acte d’exposition qui donne à voir la cérémonie des obsèques et la comédie du
deuil
V1et2 → Exposition très rapide (in medias res) : rythme alerte de l’octosyllabe et du passé simple ; jeu
sur la variété des tonalités : tragique de la mort « mourut » et humour des animaux anthropomorphes
« la femme du Lion » et la diérèse du Li/on qui mime la majesté du pouvoir.
Le v2 lié au v2 par la rime
du passé simple (« accourut ») laisse imaginer avec l’adverbe de temps « aussitôt » un élan du cœur, un
empressement sincère à dire sa peine.
V3 à 5 → mais l’ ironie du narrateur déjoue l’attente du lecteur en décrivant dans un long complément
circonstanciel de but l’ empressement servile et obséquieux des courtisans qui accomplissent un devoir
comme le connote le verbe « s’acquitter ».
L’expression « le Prince » (terme employé par les humanistes
du XVIème siècle pour désigner le monarque) mise en valeur en fin de vers indique comment l’autorité
royale commande la conduite de tous ; le passage à l’alexandrin du v4, la diérèse « consolati/on » ainsi
que la périphrase « certains compliments de consolation » (=condoléances) miment le caractère verbeux
et affecté du discours des courtisans et donnent ainsi à voir leur hypocrisie.
La proposition subordonnée
relative du v5 fait entendre le commentaire dépréciatif du fabuliste sur cet usage des condoléances qui
ne peuvent que raviver la douleur.
V6 à 10 → La d imension satirique du texte s’élargit au Prince lui-même, qui, loin d’être absorbé par le
chagrin, se consacre d’abord à l’organisation de la cérémonie des obsèques.
Le déterminant possessif
« sa » et la rime de « Province » avec « Prince » soulignent la démonstration de puissance du monarque
absolu .
Le discours rapporté au style direct (V7-8) et au style indirect libre (2nd hémistiche v 8 à 10)
donne à entendre le discours de l’administration royale dans son caractère officiel et protocolaire.
La
mention des « prévôts » (officiers royaux) exprime implicitement la menace d’un pouvoir policier qui
contrôle le bon déroulement de la cérémonie ; le parallélisme des deux compléments circonstanciels de
but « pour régler », « pour placer » donne à voir le poids de l’étiquette dans une société de cour
totalement sous contrôle.
V11 → L’ironie du fabuliste se fait entendre une nouvelle fois dans l’impératif « jugez » interpellant
avec complicité le lecteur qui sait qu’il a obligation pour les courtisans à paraître à la cour et que
personne ne peut s’y soustraire.
V 12 à 16 → assister à la cérémonie du deuil
V12-13 → spectacle ostentatoire du chagrin du Lion ; « s’abandonna » suggère le jeu démonstratif d’un
comédien qui se donne en spectacle ; les notations auditives « cris », « résonna » et l’hyperbole « tout
son antre » font entendre un vacarme effrayants + ridicule au lieu de pleurs sincères.
V14-→ La Fontaine fait un retour à la fiction animalière qu’il semblait avoir oubliée avec les thermes
« antre » (v13) et le pluriel généralisant « Lions ».
On peut y voir une précaution prudente signifiant « je
ne suis pas entrain de parler, pas du roi », mais aussi un nouveau coup de griffe de JDLF, assimilant les
Princes à des bêtes fauves..
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