Lecture analytique : Un barrage contre le Pacifique-Marguerite Durras / Incipit
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
Lecture analytique : Un barrage contre le Pacifique-Marguerite Durras / Incipit
Le début d'un barrage contre le Pacifique est un début in medias res, qui nous plonge directement
dans la fiction, mais avec des éléments lacunaires.
L'incipit raconte un espoir déçu, un échec (la
mort du cheval), ce qui amène les personnages à prendre une décision qui va changer leur vie.
C'est
la narratrice qui donne les infos, le discours est prédominant.
I Un Incipit énigmatique
1) Un début in medias res
La première phrase est très courte et évoque 3 personnages de façon impersonnelle : « il leur avait
semblé à tous les trois », le narrateur est hors de l'histoire.
C'est écrit au plus que parfait, ce qui
marque l'antériorité, cela donne l'illusion de rentrer dans un mode qui est réel, comme si ce n'était
pas le début du roman.
Il les évoque comme si le lecteur les connaissait, et parle du cheval comme
si il en avait déjà parlé avant : « ce cheval ».
Le résultat est donc une impression d'entrée
immédiate, ce qui est étrange car nous ne connaissons pas les personnages.
2)Voix de la narratrice et celle des personnages
Le discours de la narratrice (qui adopte un point de vue omniscient avec des anticipations, le temps,
la connaissance des sentiments des personnages et de durée) commence dès le premier paragraphe à
la deuxième phrase.
On a du mal à distinguer la voix de la narratrice de celle des personnages,
notamment lorsque sont évoquées les cigarettes de Joseph.
Il y a une ambiguïté car on a une syntaxe
orale et pas de recherche lexical : il y a de nombreuses répétitions, des reprises de termes et ça
ressemble à une improvisation.
La narratrice raconte, il y a même un mécanisme d'auto persuasion
(le cheval semblait être une bonne idée, or....
nannn pas du tout du tout).
Elle insiste sur les idées, la
voix de la narratrice et celle du personnage se confondent : «Il creva» (terme familier et dur), «d'en
extraire quelque chose de ce monde».
De plus elle utilise à plusieurs reprises le pronom «on» qui
est indéfini, cela crée une superposition.
3) Les informations
Les informations sont très lacunaires, on connait trois personnages qui forment une unité : «tous les
trois »x2, «Ils»...
Ce qui montre qu'ils ont un destin collectif («changer leur destin à tous»).
«Joseph» et «la mère» sont des termes génériques, ce sont des rôles qui ont une fonction
symbolique.
On connait l'âge de la mère qui est comparé avec celui du cheval.
Le troisième
personnage reste mystérieux, dans l'ombre.
Il n'y a aucun portrait et les explications sont partielles.
II Un univers hostile
1)L'isolement et la misère
On a une géographie double : le monde du trio et le monde réel.
Le trio semble coupé de celui ci «
relié au monde extérieur », «de ce monde», «ceux qui vivent ailleurs» (= les autres dont ils ne font
pas parti).
Deux espaces se dessinent (d'où l'importance des transports).
Le début insiste sur la
solitude et l'isolement des personnages : «solitude de toujours» «ils se sentaient moins seuls»
«emmener jusqu'à», ils veulent échapper à cet isolement d'où leur décision de partir pour Ram
«pour essayer de se consoler en voyant du monde».
Ce monde est marqué par la pauvreté et la
stérilité : «un désert où rien ne pousse», «coin de plaine», «stérilité» et «saturé en sel».
Les
premières actions des personnages sont liées à l'argent, acheter et payer.
Ils luttent pour la survie, ils
vont se battre dans ce monde, c'est pour cela qu'ils avaient acheté le cheval..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Écrivez une lettre de réponse à un critique qui reproche à Marguerite Duras son penchant à redire plusieurs fois la même histoire (comme dans : L'Amant - Un barrage contre le Pacifique - L'Amant de la Chine du Nord ainsi que la biographies sur Marguerite Duras de Laure Adler). Surpris et choqué par son point de vue, vous devez lui faire part de votre profond désaccord et vous devez défendre l'intérêt que peut avoir la démarche de Duras.
- Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique.
- Lecture analytique n°13 : L'incipit Candide
- Lecture analytique de l'incipit de Madame Bovary de Flaubert, du début jusqu'à « Toute la classe se mit à rire ».
- Lecture analytique : Mémoires d’Hadrien - « Animula vagula blandula » (INCIPIT)