Lecture analytique Traité sur la tolérance de Voltaire
Publié le 02/12/2021
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Sommaire
- Introduction
- Termes du texte difficiles
- Interprétation et analyse
- Conclusion
Analyse
- Introduction :
Traité sur la tolérance est un essai polémique écrit en 1763 par Voltaire pour réhabiliter le protestant Jean Calas, torturé et mis à mort parce qu’il était soupçonné d’avoir tué son fils pour l’empêcher de se convertir au catholicisme. Dans l’extrait suivant, Voltaire réexamine les circonstances du « meurtre « du fils Calas et les conditions du procès de Jean Calas. Il effectue une démonstration implacable, qu’il met au service d’une dénonciation de la justice du XVIII° siècle.
- Termes du texte difficiles : l.12-13 « Lavaisse « : jeune ami de la victime, invité à souper chez les Calas le soir du drame.
l.17 « zélée « : qui manifeste une vive ardeur à servir la cause de Dieu et de la religion.
l.21 « conversion « : fait de se convertir, de changer.
l.27 « parricide « : meurtre du père ou de la mère (ici Voltaire étend le sens à : « meurtre du fils «).
l.35 « tourments « : supplice, torture.
l.36 « confondus « : troublés, stupéfaits.
l.40 « élargir « : innocenter.
l.46 « bannir « : condamner quelqu’un à quitter un pays, avec interdiction d’y rentrer.
- Interprétation et analyse
Ce qu’on relève | Ce qu’on interprète | Outils d’analyse/ Procédés/Figures de style |
1) Tournures impersonnelles : « il paraissait « l.1, « il fallait « l.9, « il était évident « l.27 Désignation collective des juges : ILS l.32-55 | C’est le ton neutre, impersonnel de l’enquête objective, de la démonstration judiciaire prise à parti des juges : Voltaire accuse les juges d’être incompétents | Enonciation |
2) Le paratexte indique le lieu de l’histoire : « Toulouse « ; l.20 « de Bordeaux « ; l.25 « tout le voisinage « ; l.31 et 37 « sur la roue « | Distance importante (Bordeaux-Toulouse) qui montre que Lavaisse n’a pas pu faire ce long déplacement pour un motif aussi absurde que le meurtre de son ami ; « tout le voisinage « n’a rien entendu du soi-disant « meurtre « ; la roue est un instrument de torture qui inflige une mort lente au supplicié (cf. article « Torture « de L’Encyclopédie) : cruauté des juges | Repères spatiaux |
3) Temps du récit (mode indicatif) + modes de l’incertitude : subjonctif l.5-6, 10, 18 et conditionnel l.17, 20, 22, 23, 25, 34, 35. Il faut y ajouter : les subordonnées de condition introduites par SI : l.27, 50, 51
Le paratexte indique les dates de la condamnation de Jean Calas (1762), de la publication du Traité sur la tolérance (1763) et de la réhabilitation du défunt (1765) ; l.3 « soixante-huit ans «, l.4 « depuis longtemps «, l.6-7 « âgé de vingt-huit ans « ; l.14-15 « ne s’étaient pas quittés un seul moment le soir « ; l.24 « long «, l.25-26 “coups réitérés”
| L’imparfait décrit, le passé simple raconte les circonstances du « crime « et le déroulement chronologique du procès Calas Succession de questions mises en parallèle par COMMENT : l.16-26 : à la façon d’un détective qui accumule indices et preuves, ou d’un procureur qui fait un réquisitoire, il condamne la justice elle-même et montre le poids du hasard dans la conduite du procès : l.15 « supposition «, l.44 « supposait «, l.46 « prirent alors le parti de « : Voltaire remet en question la notion de « parricide « ; pour lui, il n’y a pas eu de crime
La mention des âges oppose (antithèse) la faiblesse d’un vieillard et la robustesse d’un jeune homme (cf. hyperbole l.23-24)
Voltaire insiste sur la culpabilité potentielle de toute la famille (cf. l.5 « seul «, l.10-11 « assisté par «, l.22-23 « tous ensemble «, l.27-31, l.35-36 « son crime et celui de ses complices «, l.40-41 « d’élargir […] la servante «, l.43-45 « tous les accusés […] survivants «). C’est l’argument principal de Voltaire : il oppose des circonstances d’ensemble à une condamnation unique ; c’est un paradoxe judiciaire l.24 « long «, l.25-26 “coups réitérés” sont des hyperboles montrant l’absurdité de cette hypothèse (meurtre collectif)
| Temps
Questions rhétoriques/oratoires
|
4) L’erreur / la contradiction : l.1 « impossible «, l.9 « absolument «, l.16 « absurde «, l.21 « prétendue « (remet en question la rumeur selon laquelle le fils Calas voulait abjurer le protestantisme pour le catholicisme), l.30-31 (opposition des circonstances et de leur conséquence dans la répétition de « ce père seul «), l.32 « inconcevable «, l.36 « confondus «, l.37-38 (preuve concrète de l’erreur des juges, mais le besoin de justifier l’hypothèse du meurtre les contraint à aller plus loin dans l’absurdité, cf. l.39 « obligés « et « contradictoire « et l.54-55), l.42, l.45-46 (jusqu’à « exécuté «), l.48-49 + nombreuses tournures négatives dans tout le texte
4Bis) Le raisonnement logique : « il fallait « l.9, 50 et 51 ; l.27-30 : répétition de « il était évident que « ; nombreux connecteurs logiques de cause et d’opposition l.15, 16, 30, 41, 48, 52 | Voltaire démonte avec férocité les rouages du procès et montre que l’intérêt de la justice allait à l’encontre de celui des juges, qui se sont révélés incompétents et lâches (par opposition : figure christique de la Passion l.37-38 : cf. « pardonnez-leur, Seigneur, car ils ne savent pas ce qu’ils font « : registre pathétique).
Démonstration très ordonnée. Voltaire nuance parfois ses propos, se montre prudent en les modérant par les verbes SEMBLER et PARAÎTRE l.1 et 47 | Champs lexicaux
Registres satirique et polémique
Rythme ternaire |
5) Quatre § irréguliers : § 1 et 4 plus longs : 1°§ : - 1° temps l.1-15 : examen des « forces en présence « - 2° temps l.15-26 : examen des motivations de chacun et reconstitution de la scène 2°§ : conséquence : - ils ne se sont pas séparés le soir du meurtre (alibi commun qui fait qu’ils sont tous coupables ou tous innocents) - Jean Calas était physiquement incapable de tuer son fils 3°§ : la motivation des juges résidait dans leur foi en la torture. Or : mort innocente de Jean Calas, sublimée par sa clémence envers ses bourreaux
4°§ : contradiction du 2° jugement : le bannissement du second fils n’implique pas clairement sa responsabilité et ne rétablit pas non plus l’innocence du père | Opposition physique entre l’accusé et sa « victime «. Déduction : si Jean Calas est le meurtrier, il a été aidé Chacun aimait le défunt et le meurtre collectif est hautement improbable
Double absurdité du jugement qui condamne un des membres de la famille
Justification implicite (explicitée par Voltaire) : les juges ont voulu préserver leur réputation…de juges ! | Plan / Composition
|
Axes de lecture possibles :
Une démonstration implacable……
Au service d’une dénonciation de la justice
- Conclusion :
A la manière d’un procureur, Voltaire non seulement accumule avec logique les preuves de l’innocence de Calas, mais il dresse aussi une véritable satire de l’appareil judiciaire à son époque. Ce texte est représentatif de l’esprit des Lumières par le recours constant à la rationalité face à l’arbitraire et au fanatisme.
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