Lecture analytique de l’éloge de l’hypocrisie, Dom Juan, acte V, scène 2.
Publié le 16/05/2020
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«
Lecture analytique de l’éloge de l’hypocrisie, Dom Juan, acte V, scène 2.
Compilation de questions.
En quoi Don Juan apparaît-il comme un virtuose du langage ?
Par quels procédés Molière dénonce-t-il les faux dévots ?
Quel rôle la tirade de l’hypocrisie joue-t-elle dans l’ensemble de l’oeuvre ?
Quelle(s) réaction(s) ce texte peut-il susciter chez le spectateur ou le lecteur ?
Situation du texte.
Au fil de la pièce, Dom Juan reçoit plusieurs avertissements surnaturels (III, 5 ; IV, 8) qui
s’ajoutent aux remontrances de son entourage.
On pourrait donc s’attendre à ce que le libertin
se repente et c’est ce qu’il fait croire à son père au début de l’acte V mais la didascalie le
montre « faisant l’hypocrite ».
Dès la suite suivante, Dom Juan détrompe Sganarelle qui se
réjouissait de cette brutale conversion : son brillant et ironique éloge de la fausse dévotion
permet à Molière de régler ses comptes avec la cabale des dévots, responsables de
l’interdiction de Tartuffe.
Si le mensonge et la tromperie sont inhérents au personnage
mythique de Don Juan, sa conversion à la tartufferie fait l’originalité de la pièce de Molière.
Symétrique de la tirade sur l’inconstance (L.A.
n°2, I, 2), cet éloge paradoxal du « comble des
abominations » (selon Sganarelle) va précipiter le héros vers son châtiment divin.
Mouvement du texte.
Dom Juan vante d’abord de façon générale les avantages de la fausse dévotion avant
d’exposer le profit qu’il entend personnellement en tirer.
I Un éloge ironique de l’hypocrisie.
Nouvel éloge paradoxal de la pièce, cette tirade loue les « merveilleux avantages » de la
fausse dévotion, vice contemporain que Molière s’est acharné à dénoncer.
L’ironie satirique
du dramaturge est manifeste à travers le discours de son personnage multipliant les allusions à
son actualité.
Dans la première partie de la tirade, l’éloquence est soutenue par des procédés de
généralisation et des figures de style frappantes, tels que :
- L’énonciation à la troisième personne et le présent à valeur d’actualité ou de vérité
générale ;
- L’emploi ironique de maximes et d’une sorte de syllogisme inversé (majeure : « tous
les vices à la mode passent pour vertus / mineure : or, « l’hypocrisie est un vice à la
mode » / conclusion : donc, « il n’y a plus de honte maintenant à cela ») : un tel tour
de passe-passe rhétorique, ainsi que l’antithèse entre « vice » et « vertu », souligne la
supercherie des faux dévots et la corruption généralisée des m œurs ;
- La métaphore filée du théâtre, conforme au sens étymologique du mot « hypocrite »
(en grec, hypokritês = « acteur ») dénonce l’imposture : « personnages », « jouer »,
« art », « grimaces », « grimaciers », « singes », etc.
jusqu’à la caricature des gestes
dévots rappelant les singeries de Tartuffe « quelques baissements de tête, un soupir
mortifié, et deux roulements d’yeux »..
»
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